McLEAN, ARCHIBALD, juge de paix, homme politique et officier de milice, né vers 1753 dans l’île de Mull, Écosse, quatrième fils de Hector McLean of Torren (ou Torranbeg) et de Julia McLean ; il épousa Prudence French, fille du capitaine James French, de la De Lancey’s Brigade, puis en secondes noces Susan Drummond, fille de Donald Drummond, de Poughkeepsie, New York, frère du laird du domaine McGregor de Balhaldie, situé près de Stirling, Écosse ; décédé le 18 février 1830 à Nashwaak (Durham Bridge, Nouveau-Brunswick).
On ignore à quel moment Archibald McLean immigra en Amérique du Nord. Le 1er octobre 1777, il fut nommé enseigne dans les New York Volunteers, un des premiers régiments de loyalistes formés pendant la Révolution américaine. Promu lieutenant en 1779 et capitaine en 1781, il se distingua au cours de plusieurs engagements, notamment à la bataille qui eut lieu à Eutaw Springs, en Caroline du Sud. Placé à la demi-solde en 1783, McLean vint au Nouveau-Brunswick avec des membres de son régiment démobilisé. Il s’installa alors sur une terre le long de la rivière Nashwaak, non loin de l’endroit où vivait son beau-père, le capitaine French, et tout près d’un certain nombre d’Écossais des Highlands, dont la plupart étaient des soldats licenciés du 42nd Foot. Patrick Campbell, qui fit la connaissance de McLean en 1791, parla de l’empressement avec lequel les membres de sa belle-famille travaillaient tous ensemble pour défricher la terre et exploiter leur ferme, le plus souvent sans l’aide d’employés. McLean déploya sûrement la même activité au cours des premières années ; toutefois, lui et ses amis s’efforçèrent d’adopter le mode de vie et les coutumes de la gentry britannique, en dépit des pénibles conditions matérielles qui prévalaient dans cette région éloignée.
En 1793, McLean fut élu député d’York à la chambre d’Assemblée du Nouveau-Brunswick, où il se montra un ardent défenseur du gouvernement lors du long conflit qui opposa le lieutenant-gouverneur Thomas Carleton* à James Glenie*. En 1802, après que les membres de l’opposition eurent quitté Fredericton, il fut parmi les députés qui insistèrent pour faire adopter le projet de loi sur le revenu, même s’il n’y avait pas quorum. Un des amendements apportés au projet de loi consistait à retirer le salaire de greffier que devait toucher Samuel Denny Street, lequel avait été choisi par l’Assemblée afin d’occuper ce poste, pour l’offrir à Dugald Campbell*, candidat du lieutenant-gouverneur et beau-frère de McLean. À l’automne de 1802, McLean fut réélu quand la circonscription d’York renvoya au Parlement quatre partisans de Carleton à la suite des élections générales qui furent parmi les plus pénibles de l’histoire de la province. En octobre, il se joignit à six autres juges de paix et signa une pétition demandant que Caleb Jones* soit rayé de la magistrature pour s’être conduit d’une façon déloyale en manifestant des sentiments proaméricains dans sa campagne auprès des électeurs. La majeure partie des députés élus en 1802 appuyaient le gouvernement. McLean présida plusieurs comités importants et joua un rôle prépondérant dans la conduite des affaires parlementaires pendant les sessions qui se succédèrent de 1803 à 1808. En 1803, Peter Fraser* et Duncan McLeod, deux candidats défaits, présentèrent une demande visant à invalider l’élection dans York, mais elle fut rejetée par la majorité favorable au gouvernement. Toutefois, ces deux candidats furent élus en 1809 au moment où McLean abandonnait la politique. Il semble bien que l’esprit de caste, qui divisait alors marchands et « aristocrates » et qui continuerait à marquer la vie à Fredericton, influençait la politique locale dès le début du siècle.
Déjà actif comme officier de milice, McLean fut nommé, en décembre 1810, adjudant d’état-major du lieutenant-colonel Joseph Gubbins, officier supérieur de visite de la milice du Nouveau-Brunswick. Il accompagna Gubbins au cours de ses longues tournées d’inspection dans la colonie et, lorsque celui-ci quitta le Nouveau-Brunswick en 1816, McLean assura l’intérim. Il servit aussi quelque temps en qualité d’aide de camp du lieutenant-gouverneur. Il est presque certain que MeLean joua un rôle de premier plan dans les affaires de la région à titre de juge de paix, fonction qu’il exerça pendant plusieurs décennies. On sait toutefois peu de chose sur cet aspect de sa carrière, puisque les registres du comté d’York n’existent plus. Enfin, il assuma aussi la tâche de chef laïque dans la paroisse anglicane St Marys.
La carrière politique de MeLean prit fin exactement 25 ans après la création du Nouveau-Brunswick. À l’instar d’Edward Winslow*, aux funérailles duquel il porta un des cordons du poêle, il rêvait d’une société provinciale dirigée par la gentry. Issu d’une famille de petits seigneurs des Highlands, qui avaient été des chefs militaires dans une société de clans et qui étaient devenus des partisans inconditionnels du régime politique et social de la Grande-Bretagne, McLean se fit le défenseur des valeurs traditionnelles de la vie rurale et, dans une certaine mesure, il considérait que le gouvernement devait dispenser des privilèges aux chefs naturels de la société. Comme bon nombre de membres de la gentry, il trouva à exercer ses talents militaires au cours des guerres napoléoniennes et de la guerre de 1812. Par la suite, il fit partie de l’entourage du lieutenant-gouverneur, parmi lequel se trouvaient des membres de l’exécutif qui s’accommodèrent, plutôt de mauvaise grâce, de l’esprit démocratique et mercantile qui marqua l’essor du commerce du bois.
Parmi les nombreux officiers loyalistes de la gentry qui avaient été mis en disponibilité et qui arrivèrent dans la vallée de la Nashwaak au cours des années 1780, Archibald McLean fut le seul qui vint près de réaliser le rêve d’établir une famille terrienne à cet endroit. Ses deux mariages lui donnèrent quatre fils, dont Allen, qui commanda une unité dans la milice du Nouveau-Brunswick, et William, qui occupa le poste de shérif du comté d’York. De ses huit filles, trois ou peut-être quatre s’établirent dans le Haut-Canada, et James Scott Howard*, le mari de Salome, devint maître des Postes de cette colonie. Les autres filles de McLean se marièrent dans la région et vécurent près de leurs parents. Trois des fils exploitèrent des fermes prospères sur des lots qui avaient été concédés à leur père et au capitaine French. Ils continuèrent la tradition de l’aristocratie terrienne en servant à titre d’officiers de milice et de juges de paix. Aidés par des héritages opportuns que leur avaient légués des parents établis aux Antilles et en Écosse, et grâce à leur propre esprit d’entreprise et à une saine gestion, ils conservèrent leur rang social et leur prestige jusque dans la seconde moitié du xixe siècle.
APNB, MC 300, MS2/121 ; MC 315 ; MC 1156 ; RG 1, RS558, A1a, G. S. Smyth au lieut-col. Addison, 26 mars 1816 ; RG 2, RS8, unarranged Executive Council docs., petition of the magistrates of the county of York, 14 oct. 1802 ; RG 4, RS24, S8-M9 ; RG 7, RS75, A, 1832, Archibald MacLean.— Musée du N.-B., A33 (cahier de notes sur le New York Volunteers et le King’s American Regiment, probablement écrit par Jonas Howe) ; Webster ms coll., packet 117, item 1.— P. Campbell, Travels in North America (Langton et Ganong).— Creon [S. D. Street], A statement of facts relative to the proceedings of the House of Assembly on Wednesday the third, and Thursday the fourth of March, 1802, at the close of the last session [...] ([Saint-Jean, N.-B.], 1802).— Gubbins, N.B. journals (Temperley).— N.-B., House of Assembly, Journal, 1793–1808.— Winslow papers (Raymond).— Royal Gazette (Fredericton), 3 janv. 1801, 26 sept. 1808, 24 févr. 1830.— Chadwick, Ontarian familles, 2 : 190–191.— Commemorative biographical record of the county of York, Ontario [...] (Toronto, 1907), 277–278.— Beckwith Maxwell, Hist. of central N.B.— Esther Clark Wright, The loyalists of New Brunswick (Fredericton, [1955] ; réimpr., Moncton, N.-B., [1972], Hantsport, N.-É., 1981).— I. L. Hill, Fredericton, New Brunswick, British North America ([Fredericton, 1968]).— Nashwaak Bicentennial Assoc., And the river rolled on [...] : two hundred years on the Nashwaak (Naswaak Bridge, N.-B., 1984).
D. Murray Young, « McLEAN, ARCHIBALD (mort en 1830) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mclean_archibald_1830_6F.html.
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Auteur de l'article: | D. Murray Young |
Titre de l'article: | McLEAN, ARCHIBALD (mort en 1830) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |