McKECHNIE, ROBERT, manufacturier, homme politique et fonctionnaire, né le 16 juin 1835 à Glasgow, unique enfant survivant de Robert McKechnie (originaire d’Irlande) et de Margaret Waters ; le 27 janvier 1859, il épousa Isabella Ross, de Dundas, Haut-Canada, et ils eurent dix enfants, dont huit survécurent, puis le 5 juin 1883, Elizabeth King, de Fintry, Stirlingshire, Écosse, et de ce second mariage naquit une fille ; décédé le 16 octobre 1909 à Dundas.

En 1842, Robert McKechnie quitta Glasgow avec ses parents pour s’établir à Dundas, et durant plusieurs années il fréquenta l’école publique où enseignait Robert Spence*. À l’âge de 12 ans, il entra en apprentissage dans une entreprise locale, la John Gartshore and Company, qui fabriquait des chaudières, des moteurs et d’autres types de machinerie et de pièces en fonte coulée et où il allait par la suite devenir compagnon modeleur. En 1859, avec un associé du nom de John McDonald, il ouvrit à Dundas son propre atelier de constructions mécaniques et de fabrication de gabarits, la Canada Tool Works, dont la production en vint à inclure des outils pour chemins de fer, des tours à bois et à métal ainsi que de l’équipement d’alésage et de forage. Deux ans plus tard, un autre Écossais et ancien apprenti de Gartshore, John Bertram, racheta les intérêts de McDonald.

Bien que la Canada Tool Works ait subi de graves incendies en 1861 et en 1865, et qu’elle n’ait pas été assurée contre le feu, elle prit de l’expansion, en partie grâce à la demande de machinerie de forage engendrée par l’activité pétrolière intense en cours dans le sud-ouest de la province. Cependant, la crise économique des années 1870 la frappa si durement que, en 1878, ses usines ne tournaient pour ainsi dire plus. Les tarifs protecteurs adoptés l’année suivante par le gouvernement fédéral dans le cadre de la Politique nationale [V. sir Samuel Leonard Tilley*] durent lui donner un bon coup de pouce, et elle se remit à recevoir des commandes, les plus grosses venant du Grand Tronc et du chemin de fer canadien du Pacifique. On sait que, par ailleurs, McKechnie était l’un des promoteurs de la Wentworth Land Company Limited, constituée juridiquement en 1882 pour acquérir à des fins de spéculation des terres dans l’Ouest canadien, mais il existe peu de documents qui fassent état de sa participation à quelque autre entreprise.

Comme il réussissait en affaires, McKechnie s’engagea dans la politique et les affaires régionales. Il fut président du conseil municipal de Dundas de 1869 à 1871 et de 1877 à 1882. Membre à ce titre du conseil du comté de Wentworth, il s’allia avec les représentants d’autres petites localités et cantons ruraux pour s’opposer au contrôle des dépenses et au monopole des installations du comté que la ville de Hamilton exerçait. L’antagonisme atteignit son point culminant en 1871 : cette année-là, une offensive vaine, appuyée par McKechnie, visa à exclure Hamilton du comté. Des années 1860 aux années 1880, il fut administrateur d’école à plusieurs reprises, et maire en 1872–1873, en 1884 et en 1893. La croissance économique de Dundas lui tenait à cœur : en 1869, il avait réclamé une exemption de taxes partielle pour les manufacturiers qui y installaient des usines, et en 1871 il prôna l’installation d’un marché central dans la localité.

Sur le plan local, l’Institut des artisans fut la cause à laquelle McKechnie se dévoua le plus. S’étant hissé à la force du poignet, il tenait à cet établissement qui offrait aux ouvriers la possibilité de se perfectionner par eux-mêmes. Il avait participé à la société de débats de l’institut, où on le surnommait « Young Canada ». Président de l’institut de 1865 à 1870, il dirigea les efforts qui visaient à lui insuffler une vie nouvelle après des années de stagnation. Grâce à une campagne de recrutement au cours de laquelle les femmes furent acceptées pour la première fois, et grâce au parrainage d’activités communautaires, l’institut reprit de la vigueur.

La notoriété qu’il avait acquise en tant que manufacturier prospère amena McKechnie à collaborer à l’organisation des industriels et à leur défense à l’échelle nationale. Il participa en 1874 à la fondation de l’Ontario Manufacturers’ Association (ancêtre de l’Association des manufacturiers canadiens) et en fut président de 1882 à 1884. En 1877 et en 1879, il représenta l’organisme aux assemblées annuelles de la Chambre de commerce de la Puissance, dont il fut élu vice-président en 1879. Au cours de ces assemblées, il fit valoir que les manufacturiers étaient les hommes d’affaires les plus essentiels à l’économie canadienne et réclama des protections tarifaires pour les encourager. Il condamnait les commerçants, pour la plupart opposés au protectionnisme, parce qu’il les trouvait immoraux en affaires et indifférents au bien du pays. Selon lui, ceux qui importaient des marchandises en quantité excessive, les sous-évaluaient pour éviter de payer des droits de douane et acceptaient trop facilement de déclarer faillite pour se sortir d’un mauvais pas minaient l’économie.

McKechnie fit de la politique fédérale dans sa circonscription, Wentworth North. En 1872, il fut candidat conservateur indépendant, mais subit la défaite au profit du libéral Thomas Bain. Bien que dans l’ensemble, il ait accepté le programme du Parti conservateur et ait été satisfait de sa feuille de route, il s’était engagé dans la cause protectionniste à un moment où ni le parti ni les manufacturiers ontariens n’avaient encore pris de position claire sur cette question. La protection fut donc le grand enjeu du scrutin dans Wentworth North. Mis en nomination en prévision des élections de 1874, il refusa de se présenter parce qu’il n’avait nulle envie de porter les couleurs du Parti conservateur à la suite du scandale du Pacifique [V. sir John Alexander Macdonald*]. En conséquence, Bain fut élu sans opposition.

Pendant la campagne de 1878, McKechnie ne fut pas candidat, mais il défendit la cause protectionniste et, par le fait même, aida les conservateurs. Il prononça des discours sous les auspices de la Dominion National League, groupe de pression protectionniste fondé par l’Ontario Manufacturers’ Association et la Workingmen’s Liberal Conservative Union. Quatre ans plus tard, il fut candidat conservateur contre son vieux rival, Bain. Le gouvernement conservateur avait redéfini à son avantage les limites de Wentworth North, et la manœuvre faillit réussir : McKechnie ne perdit que par deux voix.

En 1886, Robert McKechnie se retira des affaires. Dès lors, il coula des jours paisibles et voyagea beaucoup, en Amérique du Nord et en Europe. Élevé dans la foi presbytérienne, il était devenu anglican par la suite. C’était un franc-maçon actif et un membre de la St Andrew’s Society de Dundas. Revenu sur la scène publique à titre de maire en 1893, il fut sous-receveur des douanes à Dundas de 1896 à sa mort en 1909.

David G. Burley

HPL, Clipping file, John Bertram and Sons.— Globe, 19 janv. 1877, 14 août 1878, 23, 24 janv. 1879.— Mail (Toronto), 14 août 1878, 15 janv. 1880.— Star (Dundas, Ontario), 23 janv. 1908, 21 oct. 1909.— Toronto Daily Mail, 13 janv. 1882.— True Banner (Dundas), 18651872, 18 déc. 1879, 11 mai 1882.— T. W. Acheson, « The social origins of the Canadian industrial elite, 18801885 », Canadian business history ; selected studies, 1497–1971, D. S. Macmillan, édit. (Toronto, 1972), 144–174.— D. G. Burley, « The politics of business : Frederic Nicholls and the National Policy, 1874–1895 » (thèse de m.a., Trent Univ., Peterborough, Ontario, 1974).— Canada Gazette, 12 août 1882 : 259 ; 9 mai 1896 : 2091.— Canadian biog. dict.

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David G. Burley, « McKECHNIE, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mckechnie_robert_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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