McKAY, WILLIAM JAMES, ministre baptiste et rédacteur en chef, né le 27 octobre 1858 à Beamsville, Haut-Canada, fils d’Alexander John McKay et de Susan McCordick ; frère d’Alexander Charles* ; le 9 novembre 1888, il épousa à Toronto Mary Emily Evans, et ils eurent deux filles et un fils qui survécurent a leur père ; décédé le 12 avril 1922 dans cette ville.
William James McKay étudia d’abord dans les écoles publique et secondaire de Grimsby et au Canadian Literary Institute de Woodstock. Après avoir reçu en 1884 une licence ès arts et le prix de langues orientales (bibliques) à la University of Toronto, il s’inscrivit au Toronto Baptist College. En 1887, il y termina le cours de théologie et obtint une bourse d’études en histoire ecclésiastique à l’issue d’un concours ouvert aux élèves de tous les collèges baptistes d’Amérique du Nord. Cinq ans plus tard, il serait le premier licencié en théologie de la McMaster University. Ordonné en 1888, McKay exerça son ministère à London, à Toronto et à Stratford. Ses talents de prédicateur et ses brillantes études le firent accéder pour l’année 1903–1904 à la présidence de la Baptist Convention of Ontario and Quebec. Dès la fin de son mandat, il fut nommé rédacteur en chef du journal de la confession, le Canadian Baptist, publié à Toronto.
De 1882 à 1888, Ebenezer William Dadson* s’était servi de ce périodique pour diffuser les principes réformistes du mouvement Social Gospel, que les progressistes tiraient du Sermon sur la montagne. Son successeur, James Edward Wells*, avait suivi ses traces. Il avait soutenu si ouvertement la cause syndicale contre le capitalisme industriel que, à compter de sa mort en 1898 jusqu’en 1904, le journal eut des comités de rédaction, avec George R. Roberts comme directeur commercial et aussi, plus tard, directeur de la rédaction. Toutefois, ce mode de fonctionnement se révéla insatisfaisant, de sorte que McKay reçut pleine autorité sur la rédaction du Baptist en mai 1904. Il deviendrait également directeur commercial en 1916.
Dans ses premiers mois à la tête de la rédaction, McKay prôna la purification des mœurs politiques, déplora l’existence de la pauvreté au milieu de l’abondance et demanda aux baptistes de ne pas faire preuve de « trop de discrimination » dans la pratique de la charité. Bientôt cependant, ses éditoriaux ressemblèrent beaucoup à ceux de Roberts, qui avait défendu le capitalisme industriel en affirmant que les ententes salariales protégeaient les incompétents. Dès 1905, le journal n’abordait plus de questions sociales. Puis, à compter des dernières semaines de 1909, l’éditorial préconisa à maintes reprises le « christianisme pratique » en réclamant la création de missions intérieures et l’évangélisation des immigrants arrivés depuis peu dans les régions urbaines, celle de Toronto par exemple, où il se parlait alors 45 langues. McKay appelait même les diverses confessions religieuses à collaborer pour affronter cette prétendue menace « néo-canadienne » au mode de vie des Canadiens.
Les années de McKay à la direction du journal coïncidèrent avec une intensification des conflits théologiques parmi les baptistes de la province. Les deux courants adverses étaient le fondamentalisme évangélique orthodoxe, représenté par des hommes tel Elmore Harris, et la théologie libérale, censément enseignée à la McMaster University. Conservateur en théologie, quoique moins rigide que Harris, McKay était convaincu que les baptistes étaient fermés à la « nouvelle théologie ». Dans les premiers mois de 1910, il publia, sous le titre « Another Gospel ? », un éditorial dans lequel il affirmait que l’évangile du salut individuel était tout ce dont le monde avait besoin. Tout de suite après, pourtant, il reconnut que le Baptist avait ses critiques, Harris étant l’un des principaux. Un peu plus tard, l’arrivée à Toronto d’un nouveau pasteur aussi autodidacte en théologie que Harris, soit Thomas Todhunter Shields*, révéla que les fondamentalistes gagnaient du terrain. Le Baptist n’indiqua pas la source de ces tensions, mais la crise mineure de McKay se produisit au moment même où paraissaient aux États-Unis les premiers volumes d’une série de 12 opuscules écrits par des leaders évangéliques, The fundamentals : a testimony to the truth, et où culminaient les attaques de Harris contre la McMaster University à cause des enseignements modernistes du professeur Isaac George Matthews.
Pendant le reste de l’année 1910, où l’affaire Matthews faisait rage, puis en 1911 et en 1912, le Baptist évita tout commentaire susceptible d’être assimilé à du libéralisme théologique. Cependant, au début de 1913, un peu plus d’un an après la mort de Harris, le journal montra un regain d’intérêt pour le Social Gospel, « à la fois évangile du salut social et évangile du salut individuel ». À en juger par les divers projets que le Baptist soutenait – par exemple la création de comités d’assistance sociale dans chaque assemblée de fidèles –, le christianisme pratique était désormais populaire. Le 30 juillet de l’année suivante, McKay réimprima un article du British Weekly de Londres qui affirmait que le chrétien se devait de prêcher l’évangile de l’amour et de la miséricorde en même temps que l’évangile des jours meilleurs. Cet évangile complet, soutenait le Weekly, devait « rassasier les affamés de droiture et ceux [qui espéraient] l’avènement si longtemps attendu de la justice divine ». L’éditorial, notait McKay, « exprim[ait] en gros [la] vision [du Baptist] sur le problème de l’assistance sociale ».
Deux jours avant la parution de ce credo en faveur du Social Gospel, le premier coup de feu de la Première Guerre mondiale avait retenti à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine). McKay s’empressa d’annoncer que cette guerre était aussi bien celle du Canada que de la Grande-Bretagne et que l’enjeu en était la défense de la civilisation. Il suggérerait par la suite la formation d’un bataillon combattant de prédicateurs canadiens. Toute allusion à la justice sociale et à l’édification du royaume de Dieu ici et maintenant fut bientôt noyée dans le conflit mondial, mais les différends théologiques entre fondamentalistes conservateurs et partisans modernistes de la critique biblique réapparurent quand la paix revint. En 1919, comme un éditorial anonyme du Baptist avait contesté la doctrine de l’infaillibilité de la Bible, Shields présenta une vigoureuse motion de condamnation à la rencontre annuelle de la Baptist Convention of Ontario and Quebec. Bien que McKay n’ait pas été l’auteur de l’éditorial incriminé, il en accepta la responsabilité. La motion de Shields fut adoptée, mais l’assemblée générale exprima aussi toute sa confiance en la manière dont McKay dirigeait le journal. Grâce à sa réputation de piété et de jugement, McKay avait surmonté les controverses sur la critique biblique et le modernisme. En fait, disait-il, il ne s’agissait pas de choisir entre le salut individuel et le salut collectif, mais de viser à la fois les deux, ce que résumait l’expression « évangile complet ». Après sa mort, le Christian Guardian de Toronto rappellerait son aptitude « à concilier les éléments rivaux de sa circonscription de manière à éviter l’affrontement ».
Sous la direction commerciale de William James McKay, de 1916 à 1921, le Baptist accrut son tirage de plus du tiers, la publicité augmenta encore plus, le total des recettes fut multiplié par deux et le bénéfice tiré des travaux de ville fit plus que doubler. Parallèlement à ses fonctions au journal, McKay appartint à un certain nombre de comités de la Baptist Convention, dont celui de l’union des Églises, à laquelle lui-même et cette assemblée générale s’opposaient. Il fit aussi partie du conseil universitaire de McMaster. Il avait soutenu l’université dans les premières années de celle-ci, à la fois en tant qu’enseignant et administrateur, et elle lui avait conféré un doctorat honorifique en droit en 1907. Il fut aussi membre du conseil d’administration du Moral and Social Reform Council of Canada et de la section ontarienne de la Dominion Alliance for the Total Suppression of the Liquor Traffic. McKay était encore rédacteur en chef du Baptist lorsqu’il mourut d’urémie à Toronto le 12 avril 1922.
Aucun papier personnel de William James McKay ne semble subsister ; la seule source primaire d’information se trouve dans les dossiers du Canadian Baptist (Toronto), 1882–1922.
AO, RG 80-5-0-165, nº 14539.— UTA, A1973-0026/277(11).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— G. G. Harrop, « The era of the “great preacher” among Canadian Baptists : a comparative study of W. A. Cameron, John J. MacNeill and T. T. Shields as preachers », Foundations : a Baptist Journal of History, Theology, and Ministry ([Rochester, N.Y.]), 23 (1980) : 57–70.— C. M. Johnston, McMaster University (2 vol., Toronto, 1976–1981), 1.— J. S. Moir, « The Canadian Baptist and the Social Gospel movement, 1879–1914 », dans Baptists in Canada : search for identity amidst diversity, J. K. Zeman, édit. (Burlington, Ontario, 1980), 147–159.— L. K. Tarr, Shields of Canada : T. T. Shields (1873–1955) (Grand Rapids, Mich., 1967).— H. U. Trinier, A century of service : story of « The Canadian Baptist », 1854–1954 ([Toronto, 1958]).
John S. Moir, « McKAY, WILLIAM JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mckay_william_james_15F.html.
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Auteur de l'article: | John S. Moir |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2013 |
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