McINNES, HECTOR, professeur, avocat, homme d’affaires et homme politique, né le 10 septembre 1862 (1860 d’après certaines sources) à Brule, comté de Colchester, Nouvelle-Écosse, fils de Lauchlin McInnes et d’Ann Fraser, fermiers ; le 7 septembre 1892, il épousa à Charlottetown Charlotte Mary McNeill (décédée le 11 août 1958), et ils eurent trois filles et un fils ; décédé le 19 juin 1937 à Halifax.
Hector McInnes grandit à la ferme familiale dans le comté de Pictou. Diplômé et médaillé d’or de la Pictou Academy en 1878, il fut engagé comme professeur de mathématiques par le directeur Alexander Howard MacKay*. Avant de choisir une carrière différente, il enseigna également à la Sydney Academy. En 1885, il entreprit une formation en droit chez John Urquhart Ross, de Pictou. Il entra la même année à la Dalhousie University de Halifax ; il y reçut une licence en droit en 1888. Après son admission au barreau de la Nouvelle-Écosse, le 22 octobre 1888, il resta au cabinet Meagher, Drysdale, and Newcombe, où il avait transféré son contrat d’apprentissage, sous la supervision d’Arthur Drysdale. Il était bien établi à Halifax quand, en 1892, il épousa la fille d’un ministre presbytérien, Charlotte Mary McNeill, licenciée en anglais et en histoire de la Dalhousie University. Cofondatrice de la Woman’s Suffrage Association en 1895, elle serait une pionnière en matière de bénévolat communautaire.
Au fil de ses 49 ans de carrière, McInnes acquit des compétences dans plusieurs domaines du droit, dont le transport maritime, les pêches, les expropriations, l’assurance, la banque, la fiducie et les sociétés. En 1907, il reçut le titre de conseiller du roi et devint associé principal dans son cabinet, alors appelé McInnes, Mellish, Fulton, and Kenny. Avocat plaidant réputé, il soutint des causes devant la Cour suprême du Canada et le comité judiciaire du Conseil privé en Grande-Bretagne.
Bon nombre des procès auxquels prit part McInnes furent complexes et notoires. Après l’explosion qui dévasta Halifax, le 6 décembre 1917, à la suite de la collision du Mont blanc et de l’Imo, McInnes et son cabinet représentèrent en justice les propriétaires du Mont blanc. En 1918, il dirigea avec succès la défense de la Dominion Coal Company Limited, accusée d’homicide involontaire après qu’une explosion minière à New Waterford eut tué 65 personnes. Cette affaire constituerait un sombre épisode dans l’histoire de la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse, mais ce ne fut pas la faute de McInnes. En effet, même s’il avait contribué à préparer la défense avant d’être nommé magistrat, le président du tribunal, Humphrey Pickard Wolfgang Mellish, ex-associé de McInnes, ne se récusa pas et ordonna qu’un verdict d’acquittement soit rendu . En 1921, dans le cadre du transfert de la Compagnie du chemin de fer du Grand Tronc à la Canadian National Railway Company, McInnes fit partie de ceux qui représentèrent la couronne fédérale dans des procédures d’arbitrage ayant pour but de décider la valeur des actions du Grand Tronc. En 1928, devant la Cour suprême du Canada, il plaida au nom de l’Église unie du Canada pour qu’y soit incluse la congrégation presbytérienne de St Luke à Salt Springs, dans le comté de Pictou. Cette affaire – un exercice d’interprétation de la loi qui visait à déterminer lequel des scrutins à résultats contradictoires tenus par les membres de cette congrégation sur leur adhésion à l’Église unie était valide – fut le seul litige relatif à la fusion des Églises à aller jusqu’au comité judiciaire du Conseil privé, en 1930. Le comité judiciaire fut d’accord avec la décision rendue antérieurement en faveur des presbytériens opposés à l’adhésion à l’Église unie.
McInnes, donc, plaidait devant les tribunaux, mais il incarnait aussi l’avocat d’entreprise, comme son contemporain Robert Edward Harris. Les conseillers de ce genre, qui formèrent un nouveau type d’élite juridique au début du xxe siècle, étaient engagés pour rédiger des contrats, négocier et promouvoir les intérêts de leurs clients. McInnes représenta d’importantes sociétés des secteurs du transport, de l’industrie et de la finance, notamment la Cumberland Railway and Coal Company, l’Eastern Trust Company et la Dominion Iron and Steel Company Limited. Le génial homme d’affaires lord Beaverbrook [Aitken*], entre autres, retint ses services à titre individuel. Grâce à cette expérience, McInnes était un candidat recherché aux postes de conseils d’administration d’entreprise. Ainsi, il fut vice-président de la Banque de la Nouvelle-Écosse, président de l’Eastern Trust Company et administrateur de la British Empire Steel Corporation Limited, de la papetière Hollingsworth and Whitney et de la Compagnie d’assurance de l’Amérique du Nord, sur la vie.
Tout en exerçant le droit, McInnes joua un rôle de premier plan dans sa profession. De 1894 jusqu’à 1914 au moins, il fut, à temps partiel, instructeur de procédure civile à la Dalhousie University ; il était le premier diplômé en droit de cette université à y retourner pour enseigner. Il contribua à la création de l’Association du barreau canadien en 1914, continua de s’intéresser activement à l’association et fut membre de ses comités permanents. Déjà, en 1896, il avait tenté, notamment avec John Thomas Bulmer*, de fonder un tel organisme. De 1915 à 1917, il fut président de la Nova Scotia Barristers’ Society.
Malgré les exigences liées à la pratique du droit et à l’administration des entreprises, McInnes trouvait le temps de faire de l’action politique, en l’occurrence pour le Parti conservateur. Dans ce domaine aussi, il préférait se faire un nom en tant que conseiller. Deux premiers ministres du Canada – sir Robert Laird Borden et Arthur Meighen* – le consultèrent sur la politique, la stratégie électorale et les nominations par favoritisme en Nouvelle-Écosse. À l’occasion des élections de 1911, qui portaient sur la réciprocité et que Borden remporta, McInnes organisa la campagne dans sa province. Pour que lui soit consacré un reportage favorable, il fit appel à l’éditeur du Halifax Herald, William Dennis, avec qui il avait de bonnes relations. De 1916 à 1920, il fut député provincial de la circonscription de Halifax County. À l’Assemblée, il défendit les intérêts des possédants et des entreprises. Par exemple, en 1919, il dénonça comme étant du « vol légalisé » un projet de loi gouvernemental qui permettait à la province de contrôler les cours d’eau et qualifia de menace « despotique » contre la propriété privée un autre projet de loi dont le but était de mettre fin aux querelles des entreprises au sujet des réserves de charbon du Cap-Breton.
En 1921, par loyauté envers les conservateurs, McInnes accepta enfin de se présenter comme député fédéral dans Halifax. Le parti avait du mal à recruter des candidats, car, en 1917, le gouvernement d’union de Borden l’avait « mis en pièces ». Narquois, McInnes écrivit à lord Beaverbrook que les conservateurs l’avaient sélectionné « faute d’aspirants ». Malgré une campagne qui coûta environ 20 000 $, il perdit le scrutin. Sa défaite, selon lui, était attribuable, entre autres, à la colère qui subsistait au sujet de la conscription, au chômage, à la cherté de la vie et au vote unanime des catholiques.
Surtout à cause de ses « grosses factures de campagne électorale », McInnes tenait à assurer son bien-être financier. Il avait décliné le poste de solliciteur général du fédéral en 1911 et refusa celui de lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse pour continuer la pratique du droit, plus lucrative. Jouer de ses relations dans le milieu politique pour obtenir un poste de juge n’était pas son genre. « Faire de la magistrature une récompense pour services [rendus] en politique » était, disait-il, « tout à fait étranger » à ses opinions. Pourtant, en 1931, après le décès du sénateur néo-écossais Nathaniel Curry, il exprima son intérêt pour ce siège, en récompense de ses années de dévouement à la cause conservatrice. Borden appuya sa candidature, mais le premier ministre du pays, Richard Bedford Bennett*, nomma plutôt un médecin du Cap-Breton, John Alexander Macdonald.
McInnes consacra également une grande part de son énergie apparemment inépuisable à des œuvres sociales. Pendant la Première Guerre mondiale, il appartint à la Commission des hôpitaux militaires nationale. Bienfaiteur de la Dalhousie University et de ses étudiants, il exerça diverses fonctions au conseil d’administration de l’université pendant plus de quatre décennies. En 1932, il remplacerait à la présidence George Frederick Pearson, qui avait démissionné à la suite d’une tentative avortée de déloger le recteur Carleton Wellesley Stanley. Par ailleurs, McInnes fut membre du conseil d’administration de la Halifax School for the Blind [V. sir Charles Frederick Fraser*] et, en 1901–1902, il fut président d’une autre œuvre de bienfaisance, la North British Society. Amateur de jardinage, il fut commissaire et secrétaire du parc de Point Pleasant vers 1912. D’abord presbytérien, il fut un leader régional dans la création de l’Église unie [V. Clarence Dunlop Mackinnon], dont il conseilla la Maritime Conference en matière juridique. Beaucoup de gens bénéficièrent de sa générosité, mais il restait discret sur sa participation à des œuvres caritatives.
Hector McInnes était connu pour son assiduité au travail et poursuivit ses activités jusqu’à l’âge de 74 ans. La veille de son décès, en 1937, il resta à son bureau de la rue Bedford jusqu’à six heures du soir. Étant donné sa réussite professionnelle et ses contributions au droit, à l’éducation et à la société, il méritait le titre que lui décerna la North British Society : « doyen du barreau de Halifax et citoyen extraordinaire ». Sa fille Caroline, diplômée en droit de la Dalhousie University en 1919, fut associée de son cabinet durant une vingtaine d’années. Son fils Donald en devint associé principal en 1946 ; il avait été admis au barreau de la Nouvelle-Écosse en 1926. Deux de ses petits-fils, Hector et Stewart Donald, devinrent aussi des associés au cabinet de McInnes.
Nous avons répertorié les causes de Hector McInnes qui ont été publiées ; la liste se trouve dans le dossier de McInnes conservé au DCB.
BAC, R6113-0-X ; R11336-0-7 ; R14423-0-6.— DUA, MS-2-446 (Hector McInnes fonds).— NSA, MG 1, vol. 1190 (Hector McInnes papers) ; RG 39, M, 15 (bar admission case files), no 7.— Halifax Chronicle, 21 juin 1937.— Halifax Daily Star, 21 juin 1937.— Halifax Herald, 21 juin 1937.— Halifax Mail, 19 juin 1937.— Barry Cahill, The thousandth man : a biography of James McGregor Stewart (Toronto, 2000).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— CPG, 1918.— [Harry Flemming], A century plus : McInnes Cooper and Robertson ([Halifax], 1989).— The Legislative Assembly of Nova Scotia (Elliott ; 1984).— B. E. P[aterson], « Hector McInnes, k.c. », N.S. Hist. Soc., Coll. (Halifax), 24 (1938) : xiii–xv.— L. G. (Bud) White, Pictou Academy gold medallists, including biographical sketches of one hundred eleven recipients and other brief notes (Pictou, N.-É., 1985).
William H. Laurence, « McINNES, HECTOR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcinnes_hector_16F.html.
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Auteur de l'article: | William H. Laurence |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2014 |
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