McINERNEY, GEORGE VALENTINE, avocat, homme politique, rédacteur en chef et auteur, né le 14 février 1857 à Kingston (Rexton, Nouveau-Brunswick), fils d’Owen McInerney, futur conseiller législatif du Nouveau-Brunswick, et de Mary McAuley ; le 12 septembre 1882, il épousa à Richibucto, Nouveau-Brunswick, Christina O’Leary, fille de Henry O’Leary*, et ils eurent dix enfants ; décédé le 12 janvier 1908 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick.

Au sortir d’une grammar school, George Valentine McInerney entra au collège Saint-Joseph de Memramcook, au Nouveau-Brunswick. Il obtint en 1875 une licence ès arts en littérature française et en latin, puis alla suivre des cours de droit romain et de philosophie à l’université Laval de Québec en 1875–1876. Il termina ses études à l’école de droit de la Boston University, où il obtint une licence avec grande distinction en 1878, et à la Harvard University. Le collège Saint-Joseph accordait beaucoup d’importance à la rhétorique ; de plus, McInerney fréquenta à un moment donné l’école d’art oratoire de Charles Wesley Emerson à Boston. Tout au long de sa carrière, on soulignerait ses talents d’orateur.

Admis comme attorney à la Cour suprême du Nouveau-Brunswick le 23 juin 1879, McInerney fut reçu au barreau le 24 juin 1880. Il s’établit comme criminaliste à Richibucto et, selon un contemporain, en vint à se constituer une nombreuse clientèle dans les causes de première instance. En 1894, il serait nommé conseiller de la reine. De 1880 à 1900, il fut secrétaire-trésorier du comté de Kent. Installé à Saint-Jean en 1901, il trouva le temps de donner des leçons sur le droit romain et l’immobilier à la Saint John Law School (maintenant la faculté de droit de la University of New Brunswick) tout en s’occupant de ses nombreux clients.

McInerney s’était présenté comme candidat indépendant dans la circonscription de Kent aux élections fédérales de 1878. Défait par Gilbert-Anselme Girouard*, il le fut également en 1882. Ensuite, il fut battu deux fois par Pierre-Amand Landry*. Défait de nouveau en 1890, il remporta finalement une élection complémentaire en 1892 à titre de conservateur indépendant. Ses documents de mise en candidature montrent qu’il avait fini par se constituer de larges appuis tant chez les francophones que chez les anglophones. Deux Acadiens lui faisaient la lutte ; l’un d’eux exhorta ses compatriotes à ne voter pour nul autre qu’un Acadien, mais McInerney contra « cette tentative de mobilisation raciale ». « Bien que les hommes puissent parler dans des langues différentes autour du feu ou s’agenouiller dans des lieux de culte différents [...], fit-il valoir, nous sommes tous un, de cœur comme de nom. » La presse commenta abondamment les résultats du scrutin, car, à la suite de l’appui que les Acadiens de la circonscription de Kent avaient donné à McInerney, la province se retrouvait sans représentant acadien au Parlement. Dans Kent, conclut le St. John Daily Sun, « le sentiment racial compte moins que d’autres considérations ».

Grand orateur, McInerney impressionnait ses collègues de la Chambre des communes par la clarté de ses arguments, ses images attrayantes et son langage élégant et net. Il remporta à nouveau la victoire en 1896, année où il fut également élu au conseil consultatif de l’Association libérale-conservatrice du Canada, mais il subit la défaite en 1900 et en 1904. Par ailleurs, il brigua deux fois, sans succès, un siège à l’Assemblée, en 1890 et en 1903.

McInerney se signalait par son attachement à la foi catholique et à ses racines irlandaises. Il travailla sans relâche à créer et à maintenir des organisations catholiques et irlandaises à Saint-Jean. Membre important de la Holy Name Society, fondée en 1901, il devint chancelier des Chevaliers de Colomb de Saint-Jean dès la création de cette branche en 1904. En 1905 et en 1906, il accepta la présidence de l’Irish Literary and Benevolent Society. Il fut aussi administrateur principal de l’Association catholique de bienfaisance mutuelle. En 1902–1903, il avait été corédacteur en chef d’un journal catholique encore modeste, le Freeman ; il en serait l’un des administrateurs jusqu’à sa mort. Pour en augmenter le tirage, il accepta de composer une série de portraits d’hommes politiques canadiens. Pour des raisons de santé, il ne put en terminer que deux, celui de sir John Alexander Macdonald* (4 mars 1905) et celui de sir Wilfrid Laurier* (18 mars 1905). Dans ces portraits comme dans ses discours, il mettait l’accent sur les vertus du patriotisme et prônait la notion de fédération impériale.

George Valentine McInerney était un conférencier très en demande. Il était doué de qualités qui se marient rarement chez un même être : un esprit philosophique et un tempérament d’orateur cultivé par la fréquentation des classiques. Ses discours, de style académique, étaient souvent rehaussés d’exemples tirés de l’histoire et de la littérature. Bien qu’il ait été malade la dernière fois qu’il prit la parole en public – c’était à Montréal en 1907 –, il sut calmer une foule impatiente et laissa une vive impression à ses auditeurs. Ses dons littéraires, poétiques surtout, s’étaient manifestés tôt. Son poème le plus connu est Sweet bells of Aldouane ; il le composa à Rexton en 1907, pendant qu’il luttait contre la maladie. Il mourut à Saint-Jean l’année suivante.

Kathryn Wilson

Certains détails concernant la vie de George Valentine McInerney ont été obtenus au moment de notre entrevue avec H. J. McInerney, de Saint-Jean, N.-B., un de ses petits-fils, avocat et juge. On peut lire le poème de McInerney intitulé « Sweet bells of Aldouane » dans le New Freeman (Saint-Jean), 1er févr. 1908, et dans une notice biographique d’un autre de ses petits-fils, [Owen McInerney], My Canadian diary ([Montréal, 1948]), 126s. On trouve aussi le texte de ce poème au Musée du N.-B., McInerney family cb.  [k. w.]

APNB, MC 1156, II : 153s. ; RS71, 1908, G. V. McInerney.— Musée du N.-B., McInerney family cb, H. O. McInerney, « One of the noted sons of Kent Co. – George Valentine McInerney » (1915).— Freeman, 6 janv. 1900–27 déc. 1902.— Le Moniteur acadien, 2–13 déc. 1892.— New Freeman (Saint-Jean), 3 janv. 1903–18 janv. 1908.— Review (Richibucto, N.-B.), 1er, 15 déc. 1892, 12 janv. 1893.— St. John Daily Sun, 7 déc. 1892, 13 janv. 1908.— Saint John Globe, 14 janv. 1908.— Canada, Chambre des communes, Débats, 1893–1898.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— New Brunswick Reports (Fredericton et Saint-Jean), 36 (1902–1904).— A. E. O’Leary, Rambles thro’ memory lane with characters I knew ([Richibucto], 1937).— SCR, 35.

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Kathryn Wilson, « McINERNEY, GEORGE VALENTINE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcinerney_george_valentine_13F.html.

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Auteur de l'article:    Kathryn Wilson
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    28 novembre 2024