McGIBBON, ALEXANDER, marchand et inspecteur au département des Affaires indiennes, né le 13 février 1829 à Petite-Côte (Montréal), un des fils jumeaux de John McGibbon et d’Isabella Mackison, fermiers ; le 7 juin 1855, il épousa à Montréal Harriet Davidson (décédée en 1879), et ils eurent trois fils et deux filles ; décédé le 24 février 1904 à Calgary.
Les premières années d’Alexander McGibbon s’écoulèrent à la ferme familiale, mais il était encore jeune garçon lorsqu’il entra au service d’un marchand de Montréal, Neil McIntosh. En 1856, il se lança dans le commerce des « thés, cafés, vins, liqueurs et produits d’épicerie fine ». Actif dans les milieux écossais de la ville, il fut président des sociétés Saint-André et calédonienne de Montréal ainsi que membre du conseil d’administration du Montreal General Hospital et de la House of Refuge. De 1863 à 1866, il fit partie du conseil municipal.
Chaud partisan des conservateurs, McGibbon était particulièrement proche de Thomas White*, l’un des plus éminents tories de Montréal dans les années 1870. Il était aussi en bons termes avec sir John Alexander Macdonald* et applaudit aussi bien l’achat de Rupert’s Land par le gouvernement que l’adoption du tarif protectionniste. Au printemps de 1885, ses liens avec le pouvoir conservateur lui rapportèrent. La rébellion venait d’éclater dans le Nord-Ouest, et on le nomma quartier-maître général et officier principal des transports auprès des troupes du major général Thomas Bland Strange*. De Calgary, il organisa l’expédition et la distribution des approvisionnements destinés à l’Alberta Field Force. Les hostilités se terminèrent en mai, mais McGibbon resta encore quelques mois dans l’Ouest.
Cet été-là, son ami White devint ministre de l’Intérieur et entreprit de réorganiser les diverses composantes de son portefeuille, dont le département des Affaires indiennes. Depuis la rébellion, le gouvernement jugeait nécessaire d’accroître l’effectif de ce département dans l’Ouest : il voulait prévenir d’autres désordres parmi la population autochtone, accélérer l’assimilation culturelle et ouvrir la voie au peuplement. En 1886, le commissaire aux Affaires indiennes Edgar Dewdney*, en poste à Regina, n’avait encore, pour superviser le travail des agents départementaux dans les Territoires du Nord-Ouest, qu’un seul inspecteur itinérant. Il en fallait absolument un autre. McGibbon fut nommé en mai et se remit en route pour l’Ouest.
Les inspecteurs devaient veiller à ce que les agents remplissent leurs fonctions avec une efficacité d’hommes d’affaires, et notamment à ce qu’ils tiennent un compte précis de tous les approvisionnements reçus et distribués. Pour que les portions allouées ne dépassent pas ce qui avait été approuvé, on les encourageait à surveiller la distribution des rations. En outre, ils devaient noter dans quelle mesure la population autochtone progressait vers l’autosuffisance économique et vers un « comportement civilisé ». Au début, McGibbon collabora avec T. P. Wadsworth. Puis, en 1897, une réorganisation générale du service des Affaires indiennes eut pour effet de subdiviser les Territoires du Nord-Ouest en trois inspectorats : Battleford, Calgary et Qu’Appelle. On affecta alors McGibbon à celui de Qu’Appelle, territoire correspondant à ce qui est aujourd’hui le sud de la Saskatchewan. Lorsque Wadsworth prit sa retraite, en 1902, on muta McGibbon à Calgary.
Au fil des ans, McGibbon rédigea près d’une centaine de rapports d’inspection. Ils constituent une documentation précieuse, non seulement sur la gestion des agences mais aussi sur la santé, le logement, les biens, les fermes et l’éducation des autochtones. Bien sûr, ils portent la marque des objectifs et méthodes du département, que McGibbon ne remit jamais en question. Ainsi, il était prompt à dénoncer la survivance de coutumes telles que la danse lorsqu’il en était témoin, et il n’hésitait pas à louer la propreté, l’ardeur au travail et l’attachement au christianisme. Si la conduite des Indiens le satisfaisait, il les gratifiait de thé et de tabac. Les agents dont il devait superviser le travail avaient du respect pour lui, mais de temps à autre, ils se plaignaient de sa minutie excessive. C’était précisément à cause de ce trait de caractère que ses supérieurs lui faisaient confiance.
McGibbon gagnait un bon salaire – 2 200 $ par an à compter de 1887 – mais le fait qu’il devait se déplacer constamment, par tous les temps et souvent à cheval sur des terrains accidentés, finit par miner sa santé. En novembre 1903, son médecin lui ordonna deux mois de repos complet. Il obtint un congé et se rendit à Montréal pour retrouver de vieux amis. Bientôt, il se sentit mieux et repartit pour Calgary, mais une appendicite se déclara et il mourut peu de temps après, le 24 février 1904. Selon la notice nécrologique du Calgary Herald, c’était « un homme aimable et généreux, qui ne perdit jamais un ami et ne se fit jamais d’ennemi ».
AN, MG 17, B2, G, C.1/O, McGibbon à Pinkham, 6 oct. 1894 (mfm) ; MG 29, E106, 13 ; RG 10, 3739. file 28227 ; 3781, file 40153 ; 3782, file 40468, part. 3 ; 3878, file 91829, part. 25.— ANQ-M, CE1-120, 7 juin 1855 ; CE1-126, 28 sept. 1829.— AVM, D016.643.— GA, M740, McGibbon à Van Horne, 23 sept. 1885.— Calgary Herald, 24 févr. 1904.— Gazette (Montréal), 25 févr. 1904.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— [E.] B. Titley, « Transition to settlement : the Peace Hills Indian agency, 1884–1890 », Canadian papers in rural history, D. H. Akenson (8 vol. parus, Gananoque, Ontario, 1978– ), 8 : 175–194.
Brian Titley, « McGIBBON, ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcgibbon_alexander_13F.html.
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Auteur de l'article: | Brian Titley |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |