McDOUALL, ROBERT, officier, né en mars 1774 à Stranraer, Écosse, deuxième fils de John McDouall, un magistrat de la ville ; décédé célibataire le 15 novembre 1848 au même endroit.
Robert McDouall reçut une instruction convenable en Écosse et en Angleterre avant d’être placé dans un établissement commercial à Londres. Son père et son oncle espéraient qu’il devienne marchand, mais le jeune homme aspirait à une carrière militaire. Avec l’approbation peu enthousiaste de son père, il acheta un grade d’enseigne dans le 49th Foot le 29 octobre 1797, et celui de lieutenant dans le 8th Foot trois jours plus tard. McDouall prit part à l’expédition britannique en Égypte, en 1801, et il fut promu capitaine le 24 octobre 1804. Il servit en 1807 pendant l’expédition de Copenhague, puis en 1809 à la Martinique, avant de se rendre au Bas-Canada avec son bataillon en mai 1810. Peu après le début de la guerre avec les États-Unis, à l’été de 1812, McDouall fut nommé aide de camp du gouverneur sir George Prévost*. En mai 1813, il accompagna celui-ci à l’attaque de Sackets Harbor, dans l’état de New York ; on l’envoya alors dans la presqu’île du Niagara avec mission de transmettre des instructions au général de brigade John Vincent. McDouall prétendit plus tard avoir suggéré l’attaque de Stoney Creek le 6 juin, à laquelle il prit part. Promu major dans les Glengarry Light Infantry Fencibles le 24 juin, il alla porter des dépêches dans son pays ; on le nomma lieutenant-colonel honoraire le 29 juillet. Il revint au Canada avant la fin de la même année.
Si McDouall fut nommé commandant de Michillimakinac (Mackinac Island, Michigan), à la fin de 1813, il le doit certainement à ses liens avec Prévost. Cet établissement, depuis sa prise aux mains des Américains en juillet 1812 [V. Charles Roberts*], constituait le poste clé des Britanniques dans le Nord-Ouest, tant au point de vue militaire que pour la traite des fourrures. Comme McDouall était « pleinement conscient des risques d’attaque ennemie », il discuta plusieurs fois avec Prévost du renforcement du poste et il entretint une correspondance avec William McGillivray*, de la North West Company, pour obtenir son avis sur la situation. Le 18 mai 1814, une expédition placée sous sa direction amena à Michillimakinac les renforts et les approvisionnements tant attendus, après un difficile trajet par York (Toronto), le lac Simcoe et la baie Nottawasaga.
À la fin du mois suivant, McDouall apprit que les Américains s’étaient emparés de Prairie du Chien (Wisconsin), un poste stratégique du haut Mississippi. Il comprit tout de suite que, faute d’en chasser l’ennemi, « c’en serait fini des relations [des Britanniques] avec les Indiens [...] lesquels seraient gagnés ou assujettis tribu après tribu, ce qui anéantirait le dernier rempart qui protégeait les grands établissements de la North West et de la Hudson’s Bay Company ». Il envoya donc des troupes commandées par William McKay* « pour déloger le général américain de sa nouvelle conquête », et Prairie du Chien fut repris le 20 juillet.
L’expédition de McKay partie, Michillimakinac n’avait plus qu’une garnison réduite, laquelle devint un sujet d’inquiétude lorsqu’on apprit que les Américains dressaient des plans pour reprendre l’île. On renforça les ouvrages de défense au cours de l’été, mais l’effectif à la disposition de McDouall restait très inférieur aux 1 000 hommes massés dans les quatre vaisseaux de guerre qui apparurent au large le 26 juillet. Lorsque l’ennemi débarqua, le 4 août, McDouall marcha à sa rencontre avec 140 soldats et plusieurs centaines d’Indiens. Au moment où les forces adverses s’engageaient dans une escarmouche, McDouall reçut un faux rapport qui l’informait que des troupes américaines se trouvaient derrière lui ; il entreprit alors de battre en retraite, imité par la plupart des Indiens. Cependant une bande de Folles-Avoines, restés derrière les autres, « lancèrent une attaque fougueuse » contre l’ennemi. Les Américains, après avoir perdu en peu de temps « leur commandant en second [et] plusieurs autres officiers », se replièrent jusqu’à leurs navires « en toute hâte et dans la plus grande confusion », nota McDouall.
Au cours de la guerre, les Américains détruisirent la base britannique de la baie Nottawasaga mais n’attaquèrent pas Michillimakinac : ils postèrent plutôt deux navires dans les parages pour couper tout approvisionnement de la garnison. Lorsque le lieutenant Miller Worsley* de la marine royale arriva avec des provisions le 30 août, les défenseurs manquaient de vivres. Avec l’approbation de McDouall, Worsley attaqua et captura les navires américains, ce qui assurait aux Britanniques la maîtrise du Nord-Ouest pendant le conflit.
Au printemps de 1815, McDouall apprit qu’on avait signé un accord de paix et ordonné « la restitution mutuelle de tous les forts ». « Profondément peiné de la décision de rendre cette belle île, forteresse que la nature s’était édifiée », il déplora l’entente : « nos négociateurs comme d’habitude ont été grossièrement dupés [...] ils se sont révélés profondément ignorants des affaires de cette partie de l’Empire ». Avant de restituer Michillimakinac, le 18 juillet 1815, les Britanniques avaient établi une base dans l’île Drummond (Michigan), située tout près. McDouall en fut le commandant jusqu’à la réduction des effectifs de la, garnison en juin 1816. Avant de repartir pour l’Écosse la même année, il demanda à McKay de poser pour un portrait, car il désirait « agrémenter [sa] retraite » de tableaux de ses amis du temps de guerre.
Robert McDouall passa le reste de sa vie à Stranraer. Il souhaitait ardemment revenir au service actif, mais les choses tournèrent autrement. On le promut colonel en juillet 1830 et major général en novembre 1841. En février 1817, en récompense de son action à Michillimakinac, on l’avait nommé compagnon de l’ordre du gain. Vers la fin de sa vie, McDouall fut très influencé par les enseignements de l’Église libre d’Écosse. Il consacra généreusement de son temps et de son argent aux œuvres de cette Église et il apporta son soutien aux bibliothèques de ses collèges d’Édimbourg et de Toronto. Officier solide, dévoué et perspicace, McDouall fut le type des officiers de l’armée et de la marine britanniques qui servirent avec courage, distinction et modestie en Amérique du Nord britannique au cours de la guerre de 1812, pendant que leurs confrères se couvraient de gloire aux batailles napoléoniennes de Salamanque et de Vitoria.
AO, MS 35.— APC, MG 19, E5 ; RG 8, I (C sér.), 685, 688, 1219.— DPL, Burton Hist. Coll., Robert McDouall, orderly book, Drummond Island, 1815.— Andrew Bulger, An autobiographical sketch of the services of the late Captain Andrew Bulger of the Royal Newfoundland Fencible Regiment (Bangalore, Inde, 1865).— «Major-General McDouall, C.B. », Free Church of Scotland, Pub. Committee, Monthly-Ser. of Tracts (Édimbourg), no 58 (juill. 1849).— G.-B., WO, Army list, 1798–1848/1849.— Officers of British forces in Canada (Irving).— B. L. Dunnigan, « The British army at Mackinac, 1812–1815 », Mackinac Island State Park Commission, Reports in Mackinac Hist. and Archaeology (Mackinac Island, Mich.), no 7 (1980).— A. R. Gilpin, The War of 1812 in the old northwest (Toronto et East Lansing, Mich., 1958).— R. S. Allen, « The British Indian Department and the frontier in North America, 1755–1830 », Lieux hist. canadiens, no 14 (1975) : 5–125.— B. L. Dunnigan, « The battle of Mackinac Island », Mich. Hist. (Lansing), 59 (1975) : 239–254.
Robert S. Allen, « McDOUALL, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcdouall_robert_7F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
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