McDONALD, JOHN (connu aussi sous le nom de McDonald le Borgne), trafiquant de fourrures, né en 1770 à Munial Farm, sur le loch Hourn, Écosse, fils d’Angus Ban McDonald et de Nelly McDonell ; il épousa à la façon du pays Marie Poitras, une Métisse, et ils eurent au moins six enfants ; décédé le 27 février 1828 près de la baie Kempenfeldt, Haut-Canada.

La famille de John McDonald immigra en 1786 dans la région qui allait devenir plus tard le comté de Glengarry (Ontario). Dès 1791, il était commis à Lachine, dans le Bas-Canada, et en 1798 il devint associé hivernant de la New North West Company (appelée parfois la XY Company), qui avait été formée pour concurrencer la North West Company. Vers 1802, il fut affecté dans la région de la rivière Rouge, où il allait rivaliser avec son cousin, le Nor’Wester John MacDonell*. Quand les deux compagnies fusionnèrent à Montréal en novembre 1804, McDonald se trouva au nombre des six associés hivernants de la XY Company, représentés par sir Alexander MacKenzie*, qui signèrent la nouvelle entente. Au printemps de 1805, après avoir hiverné à proximité de la source de la rivière Rouge, il passa plusieurs jours de « grandes réjouissances » à l’embouchure de la rivière avec George Nelson* et d’autres collègues de la XY Company et de la North West Company.

Il est malaisé de retracer les activités de McDonald entre 1805 et 1810 parce que lui-même et le Nor’Wester John McDonald* of Garth se trouvaient parfois dans les mêmes régions, au delà du lac Winnipeg (Manitoba), et que les sources les mentionnent sans les distinguer. En 1806, tous deux travaillaient dans le département du fort des Prairies. Selon toute évidence, McDonald le Borgne dirigea le département du fort Dauphin de 1808 à 1810. Pendant les trois années qui suivirent, il administra le département de la rivière du Cygne ; c’est à cette époque que son homologue de la Hudson’s Bay Company, Alexander Kennedy, le décrivit comme un adversaire violent et une « canaille notoire ».

En août 1816, McDonald, Simon Fraser*, Alexander McKenzie et John McLoughlin* se trouvèrent au nombre des associés de la North West Company que lord Selkirk [Douglas*] arrêta au fort William (Thunder Bay, Ontario). Ils furent accusés d’avoir commis des « crimes de trahison et de conspiration et [d’avoir] participé au meurtre de Robert Semple [Robert Semple*], esquire, et à divers autres meurtres, vols et crimes perpétrés au cours des mois de mai et juin [1816] » dans la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba). On les conduisit d’abord à Montréal mais, en février 1818, on décida que le procès aurait plutôt lieu dans le Haut-Canada, les témoins de la défense se trouvant tous dans cette province ou dans le Nord-Ouest. Par la suite, McDonald fut acquitté à York (Toronto).

Au moment de la fusion de la North West Company et de sa vieille rivale en 1821, McDonald devint agent principal de la Hudson’s Bay Company. En 1821–1822, il dirigea le district du haut de la rivière Rouge et, de 1823 à 1827, il administra le district de la rivière Winnipeg à partir du fort Alexander (Manitoba). En mars 1827, des « rumeurs alarmantes » se mirent à circuler, selon lesquelles McDonald était « à l’article de la mort » ; le 25 juillet, le gouverneur de la Hudson’s Bay Company, George Simpson*, rapporta au comité de Londres que McDonald avait obtenu un congé pour cause de « maladie très grave ». McDonald, sa femme et leurs enfants s’établirent dans le Haut-Canada sur une concession foncière de la North West Company qui lui fut assignée par William McGillivray ; cette terre était située sur la route Penetanguishene, près de l’endroit où se trouve aujourd’hui Barrie, dans la baie Kempenfeldt. McDonald continua de s’intéresser à la traite des fourrures ; il fit part de sa satisfaction en ce qui concernait les recettes du district de la rivière Winnipeg pour l’année 1827, s’enquit du rendement des grands champs de blé, d’orge, d’avoine, de pois et de pommes de terre qu’il avait ensemencés au fort Alexander et dit espérer reprendre du service.

Cependant, au début de février 1828,. son « indisposition » était grave, et ce d’autant plus qu’il pleurait sa femme, morte des suites d’une fausse couche en janvier. Le 2 mars, un de ses voisins, John Spencer, trafiquant de fourrures à la retraite, rapporta que McDonald était décédé le 27 février. « [Voilà], notait-il, qui nous prive d’un gentleman que nombre de personnes considéraient comme un modèle d’énergie et de dépassement [...] dans ce tout nouveau village ; il était presque vu comme un père. » Par la suite, lady Franklin [Griffin*] fit élever un monument dans le cimetière de l’Église d’Angleterre à Newmarket (Ontario) pour honorer la mémoire de celui qui avait aidé son mari, l’explorateur sir John Franklin*, lors de son expédition de 1825.

John McDonald mourut intestat, et le partage de sa succession donna lieu à des négociations devant les tribunaux pendant plus de 20 ans. Ces différends mettaient en cause ses frères, James et Finan, et portaient sur leurs dépenses et réclamations relatives non seulement à ses terres mais aussi à la garde de ses enfants, qu’ils avaient assumée pendant qu’il faisait la traite des fourrures et, dans le cas de Catherine, sa benjamine, après sa mort. On retrouve là des tensions semblables à celles qui divisèrent les parents de nombreux Nor’Westers britanniques, notamment Samuel Black* et John Stuart*, pendant que les héritiers et les tribunaux tentaient de limiter et de définir les droits des familles fondées par les trafiquants avec des autochtones.

Jennifer H. S. Brown

AO, MU 2197, instruments transmitting cases from Lower to Upper Canada, 7 févr. 1818 ; MU 2201, no 2 ; RG 22, sér. 155.— MTL, George Nelson papers and journals.— PAM, HBCA, A.36/9 : fos 6–37 ; A.44/2 : fo 43 ; B.134/c/4 : fos 313, 325 ; D.4/15 : fo 114 ; D.5/2 : fos 353–354 ; D.5/3 : fos 97, 128–129, 395.— Les Bourgeois de la Compagnie du Nord-Ouest (Masson).— Docs. relating to NWC (Wallace).— J. S. H. Brown, Strangers in blood : fur trade company families in Indian country (Vancouver et Londres, 1980).— A. F. Hunter, A history of Simcoe County (2 vol., Barrie, Ontario, 1900 ; réimpr., 1948), 1.— W. S. Wallace, « Namesakes in the fur-trade », CHR, 13 (1932) : 285–290.

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Jennifer H. S. Brown, « McDONALD, JOHN (1770-1828) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcdonald_john_1770_1828_6F.html.

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Auteur de l'article:    Jennifer H. S. Brown
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    28 novembre 2024