McCURDY, ARTHUR WILLIAMS, homme d’affaires, rédacteur en chef, secrétaire particulier, photographe, inventeur et astronome, né le 13 avril 1856 à Truro, Nouvelle-Écosse, septième enfant de David McCurdy et de Mary Archibald ; le 20 septembre 1881, il épousa à Windsor, Nouvelle-Écosse, Lucy O’Brien, et ils eurent trois fils et une fille, puis le 2 octobre 1902, à Montréal, Hattie Maria Mace, et de ce mariage naquirent deux filles et un fils ; décédé en 1923 à Washington.

Arthur Williams McCurdy naquit dans une famille néo-écossaise bien en vue qui descendait d’un fils de Daniel McCurdy de Ballykelly (Irlande du Nord). Ce fils (l’arrière-grand-père d’Arthur Williams), Alexander « le Pionnier », immigra en 1765 à Windsor, en Nouvelle-Écosse, après avoir épousé Jennet Guthrie. Le couple vécut ensuite à Londonderry avant d’acquérir une ferme à Onslow. Tout comme cet Alexander, qui fut 20 ans conseiller presbytéral, McCurdy appartenait à l’Église presbytérienne. Son grand-père paternel, James, épousa une fille de la famille Archibald de Truro, et son père fit de même.

McCurdy avait neuf ans lorsque son père vendit la ferme d’Onslow et s’installa à Baddeck pour reprendre le magasin ouvert par son défunt gendre Angus Tupper. Au sortir de l’école publique, McCurdy alla au collegiate institute à Whitby, en Ontario. Stagiaire durant quatre ans à titre de commis juridique au cabinet W. H. and A. Blanchard de Windsor, qui appartenait à un parent à lui, il ne se présenta toutefois pas aux examens du barreau. Il retourna plutôt à Baddeck pour se joindre à l’entreprise familiale, la D. McCurdy and Son, à laquelle son père, élu à l’Assemblée provinciale en 1873, ne pouvait consacrer toute son attention. Marié en 1881, McCurdy se porta acquéreur de la part de son père un an plus tard et, avec son frère William Fraser, il donna de l’expansion à l’entreprise en construisant un nouveau quai, en ouvrant une salaison et en lançant l’Island Reporter, où il assuma la fonction de rédacteur en chef.

Vers la fin de l’été de 1885 survint un événement qui allait changer le cours de la vie de McCurdy : sa rencontre avec Alexander Graham Bell et la femme de celui-ci, Mabel Gardiner Hubbard, alors en visite à Baddeck. Chez les McCurdy, on utilisait déjà l’invention de Bell : William Fraser avait acheté des téléphones pour relier le magasin à sa maison et à celle de son père. Un jour où, d’après la tradition familiale, Arthur Williams avait des problèmes avec l’appareil du magasin, un étranger entra et le répara. « Comment avez-vous su quoi faire ? », demanda McCurdy. « Je m’appelle Alexander Graham Bell », répondit le visiteur. Bell fut tellement séduit par Baddeck que, de retour chez lui à Washington, il écrivit à Mme Kate M. Dunlop, de l’hôtel Telegraph House, où il avait séjourné, pour lui dire que lui-même et sa femme souhaitaient y retourner l’année suivante et acheter un cottage. Mme Dunlop lui recommanda de prendre McCurdy comme agent. Le premier achat des Bell était une maison de ferme située sur Crescent Grove, à côté de la demeure des parents de McCurdy. Une solide amitié naquit entre Bell et McCurdy. Ils jouaient aux échecs ensemble. Ils avaient en commun une insatiable curiosité et l’amour de l’invention.

Pendant ce temps, la famille de McCurdy s’agrandissait. Son troisième enfant, John Alexander Douglas*, vit le jour en 1886. Cependant, l’économie du Cap-Breton commençait à décliner, et l’entreprise familiale fit faillite en 1887. Par bonheur, McCurdy se vit offrir par Bell d’être son secrétaire particulier. Pendant 15 ans, il vivrait tantôt à Baddeck, tantôt à Washington. Bell et Mabel établirent une relation toute spéciale avec le jeune homme. L’enthousiaste et infatigable McCurdy avait une allure imposante : de grande taille, il arborait une grosse moustache et une barbe à la Van Dyck. Ce passionné de plein air emmenait les Bell en camping ; il leur apprit à marcher avec des raquettes et à tirer au fusil. À l’occasion d’une visite dans un village micmac, il les photographia à côté de deux tipis près desquels venaient d’être installés des poteaux téléphoniques. Daisy Bell rappellerait qu’il offrait à ses parents « une sorte d’amitié juvénile qu’ils n’eurent jamais avec personne d’autre […] ils faisaient avec lui des choses qu’ils n’auraient jamais pu faire sans lui ».

Bientôt, les Bell furent à l’étroit dans leur première maison. Tombé amoureux de la grande pointe de Red Head, dans la baie de Baddeck, Bell confia à McCurdy la tâche d’acheter cette propriété avec 50 acres adjacents. Ensemble, ils conçurent les plans de la maison rustique des Bell – The Lodge – qui allait s’élever sur la pointe. Leur relation s’affermit après le décès de Lucy McCurdy, survenu le 25 mars 1888, une semaine après la naissance d’un autre fils. Les enfants de McCurdy, bien qu’élevés par sa sœur Georgina, s’intégrèrent au clan des Bell. En plus, les McCurdy étaient apparentés à la mère de Mabel, Gertrude Mercer McCurdy.

À compter de 1889, McCurdy eut des fonctions plus diversifiées puisque Bell rouvrit son laboratoire de Washington et le prit comme assistant, avec un autre. Tout en travaillant à des expériences, McCurdy consignait quotidiennement dans des carnets les réflexions que Bell lui dictait. Ces carnets portaient un titre correspondant à l’endroit où ils étaient gardés : « Lab Notes » et « Home Notes ». « Vous êtes mon secrétaire particulier et [mon] alter ego dans le monde », lui dit Bell dans une lettre de décembre 1896. Le même échange révèle que la façon dont Bell travaillait dans un bureau avait de quoi irriter. « Vraiment, écrivait-il, la pagaille règne dans nos affaires […] C’est entièrement ma faute, et je vous plains d’avoir à travailler avec quelqu’un d’aussi désorganisé que moi. » Le 28 janvier, McCurdy répondit en mettant les points sur les i : « 1. Vous [devez] venir au bureau au moment opportun et ne pas reporter le travail jusqu’à trois ou quatre heures et à l’après-midi. 2. [Si vous] prenez des lettres dans les dossiers du bureau, ne vous attendez pas que je les trouve lorsque vous en avez besoin. 3. [Si vous] partez avec des lettres en attente, ne vous attendez pas que j’y réponde. » Non seulement McCurdy exécutait-il des tâches administratives, mais il fut le premier employé à produire des documents visuels sur les expériences et les activités de l’inventeur. Comme lui, il pratiquait l’art et la science de la photographie. On lui doit l’une des plus célèbres images de Bell et de Mabel – main dans la main au cours d’une visite à l’île de Sable, en Nouvelle-Écosse, en 1898.

De l’amour de McCurdy pour la photographie résulta en 1899 une de ses inventions : une petite cuve portative pour développement en plein jour, l’Ebedec (nom amérindien de Baddeck). Des générations de photographes utiliseraient ce dispositif. Avec l’aide financière de Bell, McCurdy passa trois ans à le commercialiser. Après l’obtention d’un brevet américain en 1902, il vendit les droits à Eastman Kodak. Le prototype, qu’il présenta à Mabel, se trouve maintenant au Musée Bell à Baddeck. Il laissa son emploi chez Bell en 1902 afin de consacrer tout son temps à ses inventions. Par exemple, il mit au point une méthode qui permettait d’imprimer des cartes statistiques au moyen de « caractères cartographiques » interchangeables. Quelques mois après avoir quitté Bell, il épousa une nièce de la belle-mère de celui-ci, Hattie Maria Mace, de Sydenham, en Ontario, et s’installa avec elle à Toronto, où leur premier enfant naquit en 1903. La même année, il reçut la prime et la médaille John Scott du Franklin Institute de Philadelphie pour ses succès d’inventeur. Un deuxième enfant vit le jour en 1905 à Baddeck où, pendant l’été de 1906, John Alexander Douglas, fils de McCurdy, étudiant en génie à la University of Toronto, commença à aider Bell à concevoir et à faire voler des aéronefs. Les Bell adoraient Douglas et avaient offert de l’adopter après la mort de sa mère.

En 1906, McCurdy vivait en Colombie-Britannique avec sa famille. Il avait aménagé un laboratoire dans sa maison de campagne, à l’extérieur de Victoria. Il continuait de faire de la photographie et prenait part à la vie communautaire. Il devint le premier président de la section locale du Canadian Club en 1907. La nature le passionnait toujours. Par exemple, il écrivit sur le climat de Victoria dans le National Geographic Magazine de Washington en cette même année 1907. À la présidence de la Natural History Society of British Columbia, il promut la création d’un observatoire et d’une station de recherche sismologique et météorologique. Bâti en 1913 sur le mont Gonzales, au nord de la ville, cet établissement fédéral fut placé sous la direction de Francis Napier Denison*. Le 6 mars 1914, McCurdy présida une assemblée et une conférence de l’astronome fédéral John Stanley Plaskett*. C’est à cette occasion que fut mis sur pied, sous la présidence de Denison et la vice-présidence de McCurdy, le centre de la Société royale d’astronomie du Canada à Victoria. Par l’entremise de Denison, McCurdy exerça des pressions sur Ottawa en faveur de la construction d’une grande installation d’astronomie dans l’île de Vancouver [V. William Frederick King*]. Les travaux commencèrent au milieu de 1915 sur le mont Little Saanich près de Victoria. Deux ans plus tard, sous la direction de Plaskett, s’ouvrit l’Observatoire fédéral d’astrophysique, qui allait abriter un télescope équipé d’un miroir de 72 pouces de diamètre. Ce télescope, installé en mai 1918, était alors le plus grand au monde ; quelques mois plus tard, il fut déclassé par celui du mont Wilson, en Californie, dont le miroir mesurait 100 pouces.

En 1916, McCurdy avait brigué un siège à l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique en se présentant sous la bannière libérale dans la circonscription d’Esquimalt. Déclaré élu le 21 novembre par une majorité de deux voix sur le candidat conservateur Robert Henry Pooley, il démissionna par suite d’allégations selon lesquelles l’organisation du vote des soldats avait été marquée par des irrégularités. Après recomptage, Pooley l’emporta par deux voix.

Arthur Williams McCurdy mourut d’une défaillance cardiaque en 1923 à son domicile de Washington. « Il s’intéressait aux choses qui comptent dans la vie », nota une nécrologie, et avait eu une « vie bien employée ».

Lawrence Surtees

La correspondance entre Arthur Williams McCurdy et Alexander Graham Bell se trouve dans les papiers de famille A. G. Bell (0330M) à la Library of Congress, Manuscript Div., à Washington. Les instruments de recherche pour cette énorme collection, ainsi qu’une grande partie de la correspondance de Bell, dont celle avec McCurdy entre 1899 et 1903, peuvent être consultés sur Internet. Un grand nombre des photographies prises par McCurdy pour Bell sont conservées dans la collection G. H. Grosvenor, à la Library of Congress, Prints and Photographs Div. Le musée Bell, au Lieu historique national du Canada Alexander-Graham-Bell, à Baddeck en Nouvelle-Écosse, conserve les comptes rendus connus sous le nom de « Home Notes », 1–135, et de « Lab Notes », 1–75. McCurdy est l’auteur de « Factors which modify the climate of Victoria », National Geographic Magazine (Washington), 18 (1907) : 345–348. Le moment de son décès a été établi d’après une coupure de presse d’une notice nécrologique tirée du Daily Colonist, de Victoria, où seule l’année 1923 a été inscrite.

BCM-G, RBMS, église anglicane St George (Montréal), 2 oct. 1902.— R. P. Broughton, Looking up : a history of the Royal Astronomical Society of Canada (Toronto, 1994).— R. V. Bruce, Bell : Alexander Graham Bell and the conquest of solitude (Boston, 1973).— Genealogical record & biographical sketches of the McCurdys of Nova Scotia, H. P. Blanchard, compil. (Londres, 1930).— E. S. Grosvenor et Morgan Wesson, Alexander Graham Bell : the life and times of the man who invented the telephone (New York, 1997).— Dorothy Harley Eber, Genius at work : images of Alexander Graham Bell (New York, 1982).— J. H. Parkin, Bell and Baldwin : their development of aerodromes and hydrodromes at Baddeck, Nova Scotia (Toronto, 1964).— A. D. Watson, « Astronomy in Canada », Soc. royale d’astronomie du Canada, Journal (Toronto), 11 (1917) : [47]–78.

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Lawrence Surtees, « McCURDY, ARTHUR WILLIAMS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mccurdy_arthur_williams_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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