MATURIN, EDMUND, ministre de l’Église d’Angleterre et auteur, né en 1818 ou 1819 dans le comté de Donegal (république d’Irlande), fils de Henry Maturin, ministre de l’Église d’Angleterre ; décédé le 23 novembre 1891 à Newbliss (république d’Irlande).

Edmund Maturin, qui obtint une licence ès arts du Trinity College de Dublin en 1838, fut ordonné diacre de l’Église d’Angleterre en 1843 et prêtre deux ans plus tard. Il servit dans trois paroisses irlandaises avant d’accepter la charge de vicaire à l’église St Paul de Halifax, où il arriva le 27 novembre 1850. Huit ans plus tard, il était non seulement aimé et respecté de ses paroissiens, mais réputé pour son éloquence et son attachement au rôle missionnaire de l’Église. Depuis son arrivée à Halifax, il avait continué de s’intéresser au mouvement d’Oxford, ou tractarien, au sein du clergé de l’Église d’Angleterre, dont les sympathisants prônaient l’adoption de principes et rites de la Haute Église. L’évêque Hibbert Binney*, son supérieur à l’église St Paul, était l’un des plus éminents tractariens de la colonie.

Comme tous les membres du mouvement d’Oxford, Maturin manifestait un intérêt constant pour le catholicisme. Vers 1842, il avait subi l’influence des écrits de Nicholas Patrick Stephen Wiseman, futur archevêque de Westminster. Ensuite, l’étude de l’histoire ecclésiastique, puis de l’Église catholique elle-même, avait progressivement accru son attrait pour le catholicisme. Bien que des aspects de cette religion, inexistants dans l’Église primitive, n’aient cessé de le troubler, il avait conclu dès les années 1840 que « toute l’œuvre de la Réforme était un acte schismatique ». Son penchant pour le catholicisme se renforça encore à la lecture d’auteurs tractariens comme Henry Edward Manning et John Henry Newman, deux ministres anglicans qui, dans les années 1850, avaient opté pour la religion catholique. En octobre 1858, Maturin les imita : il annonça qu’il quittait St Paul et l’Église d’Angleterre « pour retourner dans la Communion de la Sainte Église catholique ». Au début de 1859, après son admission dans l’Église catholique au cours d’une visite en Angleterre, il publia à Halifax une brochure intitulée The claims of the Catholic Church : a letter to the parishioners of Saint Paul’s, Halifax, Nova Scotia, dans laquelle il racontait sa conversion et défendait l’Église catholique d’une manière apte à provoquer des réactions.

Les querelles interconfessionnelles régnaient déjà dans la province. Joseph Howe*, en tentant en 1855 de recruter des Irlandais aux États-Unis pour l’armée britannique de Crimée, avait provoqué l’ire des catholiques irlandais de la Nouvelle-Écosse. L’affaire avait dégénéré en une sale petite guerre de religion entre ces derniers et les partisans protestants de Howe. La nouvelle de la conversion de Maturin déclencha une vigoureuse campagne : dans des journaux, des brochures et sur des tribunes, on critiqua ses agissements et les arguments qu’il invoquait pour défendre le catholicisme. Parmi les journaux religieux, le Church Record de Halifax menait le combat ; parmi les journaux laïques, c’était l’Acadian Recorder. De plus, la Protestant Alliance tint des conférences pour réfuter les arguments de Maturin. Ce dernier admettait avoir éprouvé une vive sympathie pour le catholicisme dès 1840, mais il n’en avait pas moins continué à œuvrer comme un vicaire réputé pour sa prise de position ferme contre cette religion, et c’est ce qui agaçait particulièrement ses détracteurs.

Pendant la querelle que déclencha son écrit, Maturin fut élu président du Halifax Catholic Institute, société organisée peu de temps auparavant pour promouvoir la formation de la jeunesse masculine catholique de Halifax. Il donna aussi plusieurs conférences publiques sur le christianisme et se rendit jusqu’à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, pour tenter de faire des conversions. Cependant, dès l’automne de 1861, il avait quitté l’Église catholique, abjuré publiquement à St Paul et réintégré l’Église d’Angleterre ; toutefois, à ce moment, il n’eut pas le droit d’« exercer les fonctions de sa charge ». Dans une brochure intitulée Thoughts on the infallibility of the church : with especial reference to the creed of Pope Pius IV, publiée à Halifax en 1861, il critiqua ses convictions passées et expliqua ses conversions. Les séduisantes prétentions du catholicisme l’avaient trompé, déclarait-il ; la doctrine catholique de l’infaillibilité était « une illusion d’invention humaine » dont on était en train de faire « le fondement des corruptions les plus dangereuses de l’Évangile du Christ, en doctrine et en pratique ».

Cette publication mit fin à l’affaire Maturin. Le Church Record commenta en résumé : « Il n’emmena aucun perverti, il ne ramènera aucun converti – la perte et le gain sont siens, dans l’un et l’autre cas. » Pourtant, la conversion et la reconversion de cet homme d’Église dans une période de grande tension religieuse avaient provoqué un vaste débat public et envenimé le fanatisme religieux qui régnait en Nouvelle-Écosse.

En 1863, Edmund Maturin se trouvait de nouveau en sol irlandais. Après avoir desservi diverses paroisses d’Angleterre et d’Irlande, il devint rector de Newbliss en 1887, où il mourut quatre ans plus tard. En évoquant la controverse qui avait sévi plus de 30 ans auparavant, l’Acadian Recorder déclara dans une notice nécrologique : « Bien des citoyens de notre ville se souviendront de lui. »

Neil MacKinnon

Outre les publications mentionnées dans le texte, Edmund Maturin est l’auteur de : A defence of the claims of the Catholic Church, in reply to several recent publications (Halifax, 1859).

St Paul’s Anglican Church (Halifax), Parish records, Maturin à l’archevêque, 22 oct. 1858 ; parish meeting, 18 déc. 1858.— J. M. Cramp, Scripture and tradition ; a reply to Mr. Maturin’s letter on The claims of the Catholic Church [...] (Halifax, 1859).— [J.] W. D. Gray, A letter to members of the Church of England, by I. W. D. Gray, D.D., rector of the parish of St. John, N.B., in reply to a letter from Edmund Maturin [...] (Saint-Jean, N.-B., 1859).— John Hunter, Review of E. Maturin’s letter ; sixth lecture, delivered before the Protestant Alliance, of Halifax, Nova Scotia [...] (Halifax, 1859).— J. G. Marshall, Errors reviewed and fallacies exposed ; being a Protestant’s answer to E. Maturin’s « Catholic claims » (Halifax, 1859).— Read and lend (s.l.n.d. ; copie aux PANS).— SPG Report (Londres), 1840–1858.— Acadian Recorder, 5 févr. 1859, 8 déc. 1891.— Church Record (Halifax), 3 févr.–31 mars 1859.— Church Times (Halifax), 7 juin, 29 nov. 1850, 10, 24 janv. 1851.— Halifax Morning Sun, 12 janv., 11, 14, 18 févr., 24–25 juin, 25 juill., 10 août, 31 oct. 1859, 17 janv. 1862.— Novascotian, 21 mars 1859.— Alumni dublinenses [...], G. D. Burtchaell et T. U. Sadleir, édit. (nouv. éd., Dublin, 1935).— Morgan, Bibliotheca canadensis.

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Neil MacKinnon, « MATURIN, EDMUND », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/maturin_edmund_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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