MARCOT, MARGUERITE-MAGDELAINE (La Framboise), trafiquante de fourrures, née en février 1780, fille de Jean-Baptiste Marcot et de Marie Neskech ; décédée le 4 avril 1846 à l’île Mackinac, Michigan.
Le père de Marguerite-Magdelaine Marcot faisait la traite des fourrures dans la région des lacs Supérieur, Michigan et Huron depuis les années 1740, et sa mère était la fille d’un chef outaouais. Le lieu de naissance de Marguerite-Magdelaine est incertain mais, en juin 1780, les Marcot habitaient au fort Saint-Joseph (Niles, Michigan). La Révolution américaine les força à s’installer dans l’île Mackinac, que tenaient les Britanniques. La jeune métisse n’avait que trois ans lorsqu’on tua son père ; sa mère retourna alors dans son village natal, près de l’embouchure de la rivière Grand (Michigan). Sa famille était profondément catholique et la fit baptiser le 1er août 1786 à Michillimakinac (Mackinac Island) par un prêtre en tournée. Vers l’âge de 14 ans, elle épousa à la façon du pays le trafiquant Joseph La Framboise. Le 11 juillet 1804, un missionnaire bénit leur union à Michillimakinac.
Grâce au réseau familial de Marguerite-Magdelaine et à la collaboration qu’elle apportait à son mari, le couple devint prospère. La rivière Grand était le centre de leurs activités, mais apparemment Joseph avait aussi des liens avec Montréal et Milwaukee, au Wisconsin. À l’automne de 1806, Marguerite-Magdelaine, désormais connue sous le nom de Mme La Framboise, était avec lui à leur campement du lac Michigan quand un Indien pris de rage en le voyant agenouillé pour prier le tua. Plus tard, on amena le meurtrier devant elle mais, au lieu de se venger, elle lui pardonna. Après avoir amassé les fourrures de l’hiver, elle retourna, intrépide, à Michillimakinac, puis poursuivit sa route jusqu’à Montréal, où elle régla la succession de son mari avec les proches de celui-ci. Par la suite, elle figura parmi les principaux trafiquants de fourrures des lacs Supérieur, Michigan et Huron.
Mme La Framboise était très en vue à Michillimakinac. Comme elle était absente lorsque sa fille Josette, qui avait fait ses études à Montréal, épousa civilement en 1816 Benjamin Kendrick Pierce, capitaine de l’armée américaine et commandant du fort Michillimakinac, on tint à son retour une deuxième cérémonie grandiose et une réception chez sa bonne amie Elizabeth Mitchell, Outaouaise et trafiquante comme elle, et femme de David Mitchell*. En cette occasion, selon son habitude, elle portait le costume indien. Pierce, dont le frère devint plus tard président des États-Unis, construisit pour sa belle-mère et sa famille une belle maison qui existe encore.
À ce moment, Mme La Framboise envisageait d’abandonner la traite avec les Indiens. Malgré l’accroissement des pouvoirs de l’American Fur Company, elle avait tenu bon comme trafiquante indépendante. En 1818, par son refus d’imiter la compagnie et de restreindre les ventes d’alcool aux Indiens, elle suscita des plaintes acerbes de la part d’un des représentants de celle-ci, Ramsay Crooks*. Finalement, elle joignit les rangs de la compagnie plus tard en 1818, ce qui étendit son territoire jusqu’à la rivière Big Sioux, vu la concurrence que livraient la Columbia Fur Company et d’autres trafiquants. En 1822, elle se retira des affaires et vendit son poste de traite de la rivière Grand. L’année suivante, les Indiens de la région lui manifestèrent leur attachement en lui donnant une portion de terre.
Mme La Framboise, alors riche et retraitée, se consacra à l’éducation des jeunes et à son Église. En 1823, lorsque le révérend William Ferry vint à Michillimakinac dans le but d’ouvrir une école pour les petits Indiens, elle l’accueillit sous son toit même s’il était protestant. Par la suite, elle tint chez elle une école catholique qui fit concurrence à la précédente. Ses élèves étaient nombreux, et elle embaucha des instituteurs pour les former et leur enseigner le catéchisme. En même temps, elle apprit à lire et à écrire tant le français que l’anglais. En 1827, elle donna le terrain où l’on transporta l’église Ste Anne.
Pendant les années 1830 et 1840, Marguerite-Magdelaine La Framboise reçut souvent des personnalités de passage. Ainsi Alexis de Tocqueville et Sarah Margaret Fuller, femme de lettres américaine, s’arrêtèrent chez elle et furent éblouis par ses qualités remarquables. Juliette Augusta Kinzie l’a décrite comme « une femme pleine d’énergie et d’initiative – grande, imposante et d’une allure très digne ». Malgré des faiblesses dues à l’âge, elle se rendait encore fréquemment à Montréal pour voir son fils Joseph, devenu marchand. L’île Mackinac demeurait cependant son foyer, et c’est là qu’elle mourut le 4 avril 1846.
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David Arthur Armour, « MARCOT, MARGUERITE-MAGDELAINE (La Framboise) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/marcot_marguerite_magdelaine_7F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |