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MARCHILDON, THOMAS, cultivateur, constructeur de navires et homme politique, né le 27 février 1805 à Batiscan, Bas-Canada, fils de Louis Marchildon, cultivateur, et de Victoire Alexandre ; le 17 janvier 1837, il y épousa Marie-Philie Lefaivre, dit Despins ; décédé le 17 mai 1858 au même endroit.
Après avoir fait de très courtes études, Thomas Marchildon exerce toute sa vie le métier de cultivateur à Batiscan. Il s’occupe également, en société avec un de ses frères, d’un chantier de construction de navires, qui leur aurait fait réaliser, semble-t-il, de bonnes affaires. C’est cependant sa carrière politique qui le fait connaître à l’échelle de la province.
Se présentant pour la première fois en 1851, sous la bannière libérale, Marchildon défait ses deux adversaires, Louis Guillet* et Jean-Baptiste-Éric Dorion*. Il représente la circonscription de Champlain à l’Assemblée législative de la province du Canada jusqu’au 23 juin 1854. Lors des élections qui se déroulent cet été-là, il est réélu, mais cette fois du côté des « rouges ». Il conserve son siège jusqu’au 28 novembre 1857. Aux élections de 1857–1858, ses électeurs lui préfèrent son cousin germain, Joseph-Édouard Turcotte*, ancien député de Saint-Maurice et de Maskinongé, qui l’emporte par une majorité de 890 voix.
Marchildon se révèle, comme beaucoup de rouges d’ailleurs, fortement opposé à la construction des chemins de fer et, en particulier, à la construction du chemin de fer de la rive nord. En avril 1853, l’Ère nouvelle, journal de Trois-Rivières, rapporte certains de ses propos tenus à l’Assemblée. Selon lui, « les chemins de fer sont une punition de Dieu », qui « décimeront [les] laiteries » et qui « sont bons seulement à faire galoper les animaux dans les champs, [alors que] l’on a pas de clôture à l’épreuve des bœufs ».
Il semble bien que le député Marchildon ait été, par la teneur de ses propos, un objet de risée. En fait, ses détracteurs, au nombre desquels figurent des journalistes de l’Ère nouvelle [V. Aimé Désilets], parlent de son manque d’équilibre, de son cerveau malade, de ses élucubrations et de ses inepties, et qualifient ses discours de galimatias. On l’accuse d’utiliser des phrases apprises par cœur ou de donner dans l’imitation. On affirme même que c’est le député de Joliette, Joseph-Hilarion Jobin, « qui rédige les résolutions et les projets de loi que M. Marchildon fait imprimer sous son nom ». On reproche aux électeurs de la circonscription de Champlain de se couvrir de honte et on implore les Canadiens français de cesser d’élire des personnages comme Noël Darche, député de Chambly, ou Marchildon, s’ils désirent « se faire respecter des autres origines ». D’autres, cependant, donnent crédit à Marchildon pour s’être employé à tenir ses promesses électorales, pour avoir obtenu des ponts et des routes.
Le 17 mai 1858, on trouva Thomas Marchildon noyé dans son puits. Les rumeurs de suicide allèrent bon train, mais le coroner, Valère Guillet, conclut à une mort accidentelle. Les rubriques nécrologiques de certains journaux de l’époque parlèrent d’une attaque d’apoplexie dont aurait été victime Marchildon et qui l’aurait fait tomber dans son puits au moment où il était à abreuver ses bestiaux. Marchildon laissait dans le deuil sa femme et neuf enfants.
ANQ-MBF, CE1-2, 28 févr. 1805, 17 janv. 1837, 19 mai 1858.— APC, MG 30, D1, 20 : 320–334.— ASTR, 0368, dossier Thomas Marchildon.— Canada, prov. du, Assemblée législative, Journaux, 1852–1855.— Le Courrier du Canada, 19, 21 mai 1858.— L’Écho du Saint-Maurice (Trois-Rivières, Québec), 21 mai 1858.— L’Ère nouvelle, 17, 20 mai 1858.— Le Journal de Québec, 16 déc. 1851, 13, 25, 29 juill., 5 août 1854, 10, 17, 26 déc. 1857, 5, 9, 12 janv., 20, 22 mai 1858.— Morning Chronicle, 22 mai 1858.— F.-J. Audet, les Députés de la région des Trois-Rivières (1841–1867) (Trois-Rivières, 1934).— [Prosper Cloutier], Histoire de la paroisse de Champlain (2 vol., Trois-Rivières, 1915–1917), 2 : 453–454.— Cornell, Alignment of political groups.— Labarrère-Paulé, les Instituteurs laïques, 190 : 193.
Mireille Dubé, « MARCHILDON, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/marchildon_thomas_8F.html.
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Auteur de l'article: | Mireille Dubé |
Titre de l'article: | MARCHILDON, THOMAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |