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MALASPINA, ALEJANDRO, officier de marine et explorateur, né le 5 novembre 1754 à Mulazzo, dans le duché de Parme (Italie), troisième fils de Carlo Morello, marquis de Malaspina, et de Catalina Melilupi ; décédé célibataire le 9 avril 1810 à Pontremoli (Italie).
De nationalité espagnole, Alejandro Malaspina entra dans la marine espagnole comme aspirant en 1774 et, en mars de l’année suivante, il accéda au grade de lieutenant. Deux mois plus tôt, il avait été créé chevalier de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem. À l’âge de 30 ans, il avait déjà fait le tour du monde et, grâce aux qualités de marin et à la capacité de faire de la recherche scientifique qu’il avait démontrées durant ce voyage, il réussit, peu après son retour, à persuader la marine espagnole d’envoyer une mission d’exploration et d’études scientifiques autour du monde, sur le modèle des voyages de James Cook*.
Devenu capitaine, Malaspina reçut le commandement de l’expédition, qui comprenait deux navires, le Descubierta et l’Atrevida, tous deux dotés d’un bon équipage et des meilleurs instruments scientifiques. Parmi les participants qui quittèrent le port de Cadix, en Espagne, le 30 juillet 1789 se trouvaient les lieutenants Dionisio Alcalá-Galiano et Cayetano Valdés Flores y Bazán, et Manuel José Antonio Cardero, membre de l’équipage qui devait par la suite démontrer ses talents artistiques. Tadeo Haenke, qui devait devenir le plus célèbre des hommes de science ayant pris part à ce voyage, ne rejoignit l’expédition qu’après qu’elle eut atteint la côte ouest de l’Amérique du Sud. L’itinéraire établi par Malaspina comprenait Montevideo (Uruguay), la Patagonie (Argentine), les îles Malouines (îles Falkland) ainsi que de nombreux ports le long de la côte ouest de l’Amérique du Sud et de l’Amérique Centrale. L’idée de départ était de se rendre aux îles Sandwich (Hawaï). Toutefois, la possibilité d’un passage septentrional à travers l’Amérique du Nord avait été réévoquée dans les cercles scientifiques [V. Philip Turnor*], et, à son arrivée à Acapulco (Mexique), Malaspina découvrit que ses instructions avaient été changées : il devait rechercher le détroit d’Aman, comme le nommaient les Espagnols, que le navigateur Lorenzo Ferrer* Maldonado avait, supposait-on, emprunté en 1588. L’exploration des îles Sandwich fut confiée à un officier subalterne. De son côté, Malaspina, qui avait l’ordre d’explorer la côte vers le nord, jusqu’au 60e parallèle, à la recherche de ce détroit imaginaire, mena le gros de l’expédition vers le nord. Il devait aussi se rendre à l’avant-poste espagnol de Santa Cruz de Nutka, à l’anse Friendly (île Nootka, Colombie-Britannique), où un affrontement entre son compatriote Esteban José Martinez* et un Anglais, James Colnett, avait abouti à un différend international touchant la souveraineté sur cette région.
Après avoir appareillé à Acapulco, Malaspina prit la mer le 2 mai 1791. Il navigua loin vers le nord, faisant sa première escale à la fin de juin à l’anse Mulgrave (baie Yakutat, Alaska), où un glacier porte encore le nom de Malaspina. Il longea ensuite la côte vers l’ouest, jusqu’au détroit du Prince-Guillaume. À partir de là, les explorateurs firent demi-tour et longèrent la côte, effectuant des profils du rivage et cherchant en vain le passage du Nord-Ouest. Le 12 août, les navires entrèrent dans la baie de Nootka et jetèrent l’ancre près de l’établissement espagnol commandé par Pedro de Alberni. Les journaux de voyage tenus par plusieurs membres de l’expédition indiquent que leur séjour dans cette baie fut profitable. Malaspina solidifia les liens d’amitié des Espagnols avec Muquinna*, principal chef des Nootkas qui vivaient dans la région, donnant en même temps son accord à l’achat de plusieurs enfants esclaves, dans l’idée qu’ils pourraient mourir de faim ou même être victimes de cannibalisme si on les laissait entre les mains de leurs premiers ravisseurs, les Nootkas. Les scientifiques recueillirent des données d’ordre astronomique et géographique ; des cartes furent établies ; et les Nootkas devinrent des sujets d’étude pour les ethnographes et les artistes, qui ramassèrent quantité d’artefacts indiens et firent de nombreux dessins de la région et de ses habitants.
Les navires quittèrent la baie de Nootka le 28 août. Après une brève escale à Monterey (Californie), ils atteignirent Acapulco à la mi-octobre. Le 20 décembre, Alejandro Malaspina entreprit la traversée du Pacifique, s’arrêtant dans différents ports de l’Orient ainsi qu’à Port Jackson (Sydney, Australie), avant de retourner en Amérique du Sud, à Callao (Pérou), au mois de juillet suivant. Après avoir repassé le cap Horn et retraversé l’Atlantique, l’expédition rentra à Cadix le 21 septembre 1794. Malaspina se mit immédiatement au travail pour préparer la publication de la grande quantité de matériel accumulé durant le voyage. Promu brigadier de l’armada le 24 mars 1795, il ne tarda pas cependant à s’embourber dans les intrigues de la cour, en partie à cause de son insistance à exprimer la conviction que l’attitude réactionnaire de l’Espagne vis-à-vis du développement économique et social de ses colonies devait être sérieusement révisée. Ayant été emprisonné en novembre et déclaré coupable de trahison, il fut déchu de son grade et de son poste au mois d’avril suivant. Après avoir passé environ six ans en prison, Malaspina fut finalement libéré, à la condition de ne plus jamais remettre les pieds en Espagne. Il se retira dans son duché natal de Parme, où il occupa diverses fonctions publiques mineures avant de mourir à Pontremoli au printemps de 1810.
Presque toute la documentation, assez volumineuse, concernant l’expédition d’Alejandro Malaspina se trouve au Museo Naval (Madrid). Un catalogue de cette documentation est présentement en préparation.
Archivo Museo Dan Alvaro de Bazân (Viso del Marqués, Espagne), Alejandro Malaspina, hoja de servicios, expediente personal.— Viaje político-científico alrededor del mundo por las corbetas Descubierta y Atrevida al mando de los capitanes de navío D. Alejandro Malaspina y Don José de Bustamante y Guerra desde 1789 á 1794, Pedro de Novo y Colson, édit. (Madrid, 1885).— Emma Bona, Adessandro Malaspina, sue navigazioni ed esplorazioni (Rome, 1935).— D. C. Cutter, Malaspina in California ([San Francisco], 1960) ; « Malaspina at Yakutat Bay », Alaska Journal (Junau), 2 (1972), no 4 : 42–49.
Donald C. Cutter, « MALASPINA, ALEJANDRO », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/malaspina_alejandro_5F.html.
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Auteur de l'article: | Donald C. Cutter |
Titre de l'article: | MALASPINA, ALEJANDRO |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |