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MAIRS, JOSEPH, mineur et syndicaliste, né le 4 février 1892 à Airdrie, Écosse, fils de Joseph Mairs ; décédé célibataire le 20 janvier 1914 à l’Oakalla Prison Farm près de Burnaby, Colombie-Britannique.
Joseph Mairs, qui immigra au Canada fort probablement avec ses parents entre 1908 et 1912, était mineur à la houillère Extension de Ladysmith, dans l’île de Vancouver. Il prit part à la rude grève déclenchée à la mi-septembre 1912 aux mines Extension et Union contre la Canadian Collieries (Dunsmuir) Limited, dont le président était sir William Mackenzie*. Par suite du congédiement de deux militants de la United Mine Workers of America, les mineurs déclarèrent un « congé » d’une journée et exigèrent que la Canadian Collieries reconnaisse le syndicat. Au lieu de cela, la compagnie décréta un lock-out. Les mineurs mettraient fin à leur grève seulement le 19 août 1914, donc au lendemain de l’éclatement de la Première Guerre mondiale et deux mois après que la United Mine Workers of America leur eut retiré son soutien financier.
En mai 1913, le conflit avait gagné les autres mines de l’île ; la Canadian Collieries évinça de ses maisons les mineurs et leur famille et fit venir des briseurs de grève. Les mineurs du syndicat ripostèrent en mettant en place de solides piquets de grève. La province dépêcha des policiers et, en août, des échauffourées commencèrent à se produire. Le 13 août, deux jours après une émeute à Nanaimo, des mineurs de Ladysmith, alarmés par des rumeurs selon lesquelles les policiers étaient armés, descendirent dans les rues et se rendirent aux puits, brisèrent des vitres, allumèrent des incendies et s’en prirent aux briseurs de grève. Le gouvernement fit appel à la milice. Plus de 200 mineurs de Ladysmith et d’ailleurs furent inculpés d’attentat à l’ordre public et de délits connexes, et furent détenus sans admission à caution.
Un des prévenus était Joseph Mairs, alors âgé de 21 ans. Il choisit la procédure la plus rapide, une comparution devant juge seulement, et plaida coupable dans l’espoir d’avoir une courte sentence. Pourtant, le 23 octobre, le juge provincial Frederic William Howay le condamna à 16 mois de prison. Emmené à l’Oakalla Prison Farm, Mairs fut affecté à des travaux de défrichement. Selon le directeur de la prison, c’était un « bon prisonnier tranquille ». Il fut transféré à la cuisine de l’établissement le 12 janvier 1914.
Deux jours après, Mairs se plaignit de graves crampes d’estomac. Un détenu qui faisait office de médecin lui donna des comprimés de moutarde forte, de l’huile de foie de morue et des sels, mais son état empira. Le 18, le médecin de la prison diagnostiqua une indigestion aiguë, même si on lui avait dit que Mairs avait été opéré pour une occlusion intestinale en 1907 ou en 1908 à Glasgow. Il lui prescrivit un « remède pour l’estomac » et, le lendemain, lui administra un lavement. Le 20, Mairs mourut. L’autopsie révéla une tuberculose de l’intestin. Obstrués par des adhérences et sans doute affaiblis par le traitement, ses intestins s’étaient rompus, et il avait succombé à une péritonite. Ironie du sort, il avait plaidé coupable par crainte de ne pas survivre à une longue sentence. Son père, arrêté lui aussi, plaida non coupable et fut acquitté par un jury.
La mort de Mairs consterna le mouvement ouvrier. Dans un éloquent discours à l’Assemblée législative, le député socialiste Parker Williams en attribua la faute au premier ministre provincial sir Richard McBride, au juge Howay et au système pénitentiaire de la province. Plusieurs centaines de personnes – des mineurs, des parents et des amis – assistèrent aux obsèques à Ladysmith ; elles formaient un cortège d’un mille de longueur. Le président du syndicat local fit une lecture au service et plusieurs couronnes furent déposées sur la tombe, dont une provenant d’une « amie de Vancouver ». Une grande pierre tombale, payée avec le produit de la vente de cartes imprimées où figurait une photographie de Mairs, évoque le souvenir du défunt et porte la mention suivante : « Martyr d’une noble cause / L’émancipation de son frère humain ».
La brève existence de Joseph Mairs et sa fin tragique rappellent que, dans les années antérieures à la Première Guerre mondiale, les ouvriers de la Colombie-Britannique rencontrèrent une opposition féroce dans leur lutte pour la syndicalisation. Pour les mineurs, peu protégés par les lois qui favorisaient les milieux d’affaires de l’époque, la vie pouvait être dure et courte.
BCARS, GR 1327, no 52/14 (mfm).— Ladysmith cemetery (Ladysmith, C.-B.), épitaphe.— British Columbia Federationist (Vancouver), 23 janv. 1914.— Daily News-Advertiser (Vancouver), 21 janv. 1914.— Ladysmith Chronicle, 27 janv. 1914.— Vancouver Daily Province, 21 janv. 1914.— Vancouver Daily Sun, 21 janv. 1914.— Lynne Bowen, Boss whistle : the coal miners of Vancouver Island remember (Lantzville, C.-B., 1982).— Canadian annual rev. (Hopkins), 1913 : 681s.— C.-B., Legislative Assembly, Sessional papers, 1912, no K : 231.— Gazette du travail (Ottawa), 13 (1912–1913) : 400 ; 15 (1914–1915) : 379–381.— P. A. Phillips, No power greater : a century of labour in British Columbia (Vancouver, 1967).— A. J. Wargo, « The great coal strike : the Vancouver Island coal miners’ strike, 1912–1914 » (mémoire de b.a., Univ. of B.C., Vancouver, 1962).
Mark Leier, « MAIRS, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mairs_joseph_14F.html.
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Auteur de l'article: | Mark Leier |
Titre de l'article: | MAIRS, JOSEPH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |