MACLURE, SARA ANNE (McLagan), télégraphiste, maîtresse de maison, éditrice de journaux, journaliste et réformatrice sociale, née vers 1856 à Belfast (Irlande du Nord), fille de John Cunningham Maclure et de Martha McIntyre ; le 11 décembre 1884, elle épousa à Victoria John Campbell McLagan, veuf, et ils eurent trois filles et un fils ; décédée le 20 mars 1924 à Vancouver.

Sara Anne Maclure n’avait pas tout à fait trois ans lorsqu’elle arriva en Colombie-Britannique en avril 1859 avec sa sœur en bas âge, Susan Elizabeth, et sa mère, Martha. Le trio avait fait voile depuis Belfast pour aller rejoindre le père des enfants, envoyé dans la colonie l’année précédente en tant qu’arpenteur avec le génie royal. Lorsque son service prit fin, ce dernier se fit embaucher en tant qu’arpenteur pour la Collins Overland Telegraph Company, qui devait construire une ligne allant de la Colombie-Britannique à la Sibérie afin de relier l’Amérique du Nord à l’Europe. Quand ce projet fut abandonné en 1866 après l’installation du câble transatlantique [V. Frederic Newton Gisborne*], il acquit une concession foncière située dans la prairie Matsqui dans la vallée du Fraser. Dans l’espoir d’améliorer la situation financière de sa famille qui s’agrandissait, il choisit un emplacement à la jonction de deux lignes de la Western Union Telegraph Company et il fit du salon de la demeure familiale une station relais. Sara Anne montra énormément d’aptitudes et devint rapidement une télégraphiste accomplie. À l’âge de 15 ans, elle fut inscrite sur la liste de paie de la compagnie en tant que télégraphiste permanente au bureau de Matsqui ; elle avait la responsabilité d’envoyer et de recevoir des messages, dont toutes les dépêches de la presse en provenance des États-Unis. L’année suivante, elle écrivit dans son journal qu’on l’avait nommée « contrôleure et chef des réparations entre New Westminster et Yale » ; elle envoyait les hommes entretenir les lignes. En 1875, en tant que télégraphiste morse de premier ordre, elle fut promue au bureau de Victoria. Pendant plusieurs années avant sa démission en octobre 1884, elle fut chef de bureau, poste atypique pour une femme.

La démission de Sara Anne reflétait une pratique courante à cette époque et selon laquelle les femmes renonçaient à leur emploi salarié en se mariant. Son mari, John Campbell McLagan, était un imprimeur qui avait participé à la création du Victoria Daily Times plus tôt la même année. En 1888, McLagan fonda le Vancouver Daily World grâce à de l’argent que sa femme avait emprunté à James Dunsmuir*, industriel bien en vue. Le couple s’installa à Vancouver. Le degré de participation de Sara Anne à la direction du journal quand son mari était en vie n’est pas clair. Elle avait sans aucun doute eu de l’influence pour le persuader de choisir son frère Samuel Maclure pour concevoir de nouveaux locaux pour l’entreprise en 1892. Occasionnellement, elle « s’occupait du câble » pour le journal, particulièrement au cours d’événements importants comme des élections. Son degré d’engagement changea avec la maladie de son mari et sa mort en avril 1901. Mme McLagan prit la direction et agit en tant qu’éditrice, directrice administrative, éditorialiste et, parfois, reporter. L’apparition d’une page des femmes comme rubrique régulière coïncida avec le moment où elle devint propriétaire du journal. Ces pages du samedi présentaient des commentaires vivants et bien rédigés sur la santé, le soin des enfants, la nutrition, les clubs de femmes, la politique locale et d’autres sujets. Sa détermination à veiller directement au succès ininterrompu du plus grand quotidien à l’ouest de Winnipeg souleva parfois l’opposition du personnel qui n’appréciait pas du tout son ingérence. Un jour, elle fut impliquée dans une bataille juridique avec la section locale de l’International Typographical Union pour faire valoir son droit en tant qu’éditrice de relire les textes du journal. Malgré cette agitation, le journal prospéra sous sa direction et, en 1905, elle le vendit à un groupe dirigé par un homme d’affaires de Vancouver, Louis Denison Taylor*, pour 65 000 $. Elle continua d’écrire des articles de temps en temps et elle fut rédactrice en chef, sur invitation, pour des éditions spéciales de journaux de Vancouver destinées aux femmes. Elle demeura membre du Canadian Women’s Press Club, qu’elle avait fondé avec d’autres femmes journalistes qui couvraient l’Exposition universelle de Saint Louis en 1904 et elle fut l’un des membres fondateurs du British Columbia Institute of Journalists.

Comme de nombreuses femmes de la classe moyenne de son époque, Mme McLagan s’impliqua dans des organismes créés pour améliorer la qualité de vie. L’élément principal de son travail fut le Local Council of Women de Vancouver. Membre fondateur en 1894, elle occupa le poste de trésorière de 1895 à 1897 et de présidente de 1898 à 1900. Au cours de son mandat de présidente, elle inaugura une nouvelle section à New Westminster pour aider les familles de la ville dont l’existence avait été dévastée par l’incendie de 1898. En tant que vice-présidente provinciale du National Council of Women of Canada de 1903 à 1907, elle plaida en faveur de l’extension des droits des femmes, dont le droit de vote, et de l’amélioration des conditions de vie des femmes et des enfants de la Colombie-Britannique. Son désir d’améliorer les chances des femmes sur le marché du travail la mena à œuvrer au sein du service des professions et des carrières du National Council of Women of Canada.

Lorsque Mme McLagan était présidente du conseil local, elle avait travaillé avec lady Aberdeen [Marjoribanks*] pour appuyer le Victorian Order of Nurses. Pendant son mandat, le conseil créa dans la ville un centre de formation pour les infirmières et fonda un chapitre du Victorian Order of Nurses. Mme McLagan occupa la fonction de secrétaire du chapitre de 1898 à 1901 et de présidente de 1902 à 1906. Elle fut aussi un des membres fondateurs du Vancouver General Hospital Women’s Auxiliary en 1902 et elle encouragea la construction d’un hôpital pour les femmes âgées et infirmes.

Une partie du travail bénévole de Mme McLagan reflétait d’autres champs d’intérêt. En 1894, en reconnaissance de ses efforts pour fonder la première société culturelle de la ville, l’Art, Historical and Scientific Association of Vancouver, et de son travail en tant que présidente en 1903, elle fut nommée membre honoraire à vie. Elle avait servi dans les comités qui mirent sur pied les sections de Vancouver de la Young Men’s Christian Association en 1886 et de la Young Women’s Christian Association en 1897–1898 ; elle participa à la fondation d’un club, l’Athenæum, et du chapitre de Vancouver de l’Imperial Order Daughters of the Empire. En 1911, peu après sa fondation, elle adhéra au Georgian Club, cercle de femmes de Vancouver.

Bien que la vie publique de Mme McLagan ait occupé une grande place, sa vie privée retenait aussi son attention, étant donné qu’elle était mère de quatre enfants et belle-mère du fils du premier mariage de son mari. En 1908, elle était retournée à la maison de ses parents, Hazelbrae, dans la vallée du Fraser, pour aider sa mère, devenue veuve récemment, à veiller à la gestion de la ferme familiale et pour soutenir financièrement son frère John Charles dans sa briqueterie de Clayburn. Les faux pas qu’il fit au début réduisirent considérablement ses finances à elle. Comme elle n’était pas de ces gens qui acceptent les mésaventures sans réagir, elle profita du manque de main-d’œuvre créé par la guerre pour retourner à la télégraphie en 1916 tandis qu’elle habitait avec l’une de ses filles en Californie. La guerre lui fit payer un lourd tribut ; son seul fils, Patrick Douglas Maclure, mourut à l’étranger en 1917, ainsi que l’un de ses gendres le jour de l’Armistice. Après la Première Guerre mondiale, elle s’arrangea par l’intermédiaire d’une amie journaliste, Julia Wilmotte Henshaw [Henderson*], pour être nommée à la Croix-Rouge britannique afin d’aller aider les blessés et les malades en France. Par la suite, elle retourna à Vancouver, où elle demeura jusqu’à son décès en 1924.

Nombreux sont les actes de Sara Anne Maclure McLagan qui étaient empreints d’un esprit « fonceur » et innovateur. Malgré l’accent mis à l’époque sur la séparation des rôles, elle s’attaqua à des tâches habituellement réalisées par des hommes et elle y réussit. Dans la sphère à laquelle la société l’aurait normalement confinée, elle s’acquitta de ses tâches de fille, d’épouse, de mère et de féministe axée sur des valeurs maternelles. Des générations de Vancouvérois ont bénéficié des nombreux projets qu’elle a accomplis pour la collectivité.

Linda L. Hale

BAC, MG 28, I 232, 1.— BCA, GR-2951, no 1924-09-332253 (mfm) ; GR-2962, no 1884-09-002716 (mfm).— City of Vancouver Arch., Add. mss 54 (J. S. Matthews coll.), .02939 ; Add. mss 396 (Canadian Women’s Press Club fonds).— New Westminster Museum Arch. (New Westminster, C.-B.), Sara Anne Maclure fonds.— Univ. of B.C. Library, Rare Books and Special Coll. (Vancouver), Vancouver Council of Women records, box 3, files 1, 3 ; Vancouver Young Women’s Christian Assoc. fonds.— Vancouver Daily Province, 21 mars 1924.— Vancouver Daily World, 1888–1905.— Vancouver Evening Sun, 21 mars 1924.— J. D. Adams, « Clayburn : a study of its brick industry, its architecture, and its preservation » (thèse de m.muséol., Univ. of Toronto, 1976).— Art, Hist. and Scientific Assoc. of Vancouver, Museum Notes, 1 (juin 1926), no 2 : 9.— Marjory Lang et Linda Hale, « Women of The World and other dailies : the lives and times of Vancouver newspaperwomen in the first quarter of the twentieth century », BC Studies (Vancouver), no 85 (printemps 1990) : 3–23.— D. A. McGregor, « Adventures of Vancouver newspapers : 1892–1926 », British Columbia Hist. Quarterly (Victoria), 10 (1946) : 89–142.— National Council of Women of Canada, les Femmes du Canada ; leur vie et leurs œuvres ; ouvrage colligé [...] pour être distribué à l’Exposition universelle de Paris, 1900 ([Montréal ?, 1900]).— E. O. S. Scholefield et F. W. Howay, British Columbia from the earliest times to the present (4 vol., Vancouver, 1914), 4 : 1191.— Who’s who in western Canada [...] (Vancouver), 1912.

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Linda L. Hale, « MACLURE, SARA ANNE (McLagan) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/maclure_sara_anne_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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