LYON, ROBERT ADAM, homme d’affaires, homme politique et fonctionnaire, baptisé le 4 octobre 1829 à Barony (Glasgow), fils de John Lyon et de Catharine McFarlane ; le 12 novembre 1856, il épousa Sarah Elizabeth Moore du canton d’Esquesing, Haut-Canada, et ils eurent sept enfants, dont deux moururent en bas âge ; décédé le 6 juin 1901 à Montréal.

En 1832, Robert Adam Lyon quitta l’Écosse avec sa famille et immigra dans le canton d’Esquesing, comté de Halton. Il grandit dans une ferme et fréquenta des écoles de la région jusque vers 1845. Puis, avec son frère aîné William Durie, il ouvrit à Milton, localité voisine, un magasin général qu’ils tinrent ensemble durant 17 ans. Robert appartenait à l’Église presbytérienne libre et prenait part aux affaires municipales : il fut membre plusieurs années du conseil de Milton.

En 1866, soit quatre ans à peine après que l’île Manitoulin eut été ouverte aux colons non autochtones [V. Jean-Baptiste Assiginack*], Lyon et un groupe d’associés torontois obtinrent, par l’entremise de la Direction des affaires indiennes du département des Terres de la couronne, une concession forestière de 22 milles carrés dans le canton de Tehkummah. Afin de desservir l’industrie forestière florissante de l’île, Lyon fonda, à l’embouchure de la rivière Manitou, le village de Michael’s Bay qu’il dota de magasins, de scieries et de docks d’où l’on pouvait expédier des marchandises vers les États-Unis et dans le sud de l’Ontario. Lyon régnait en maître sur Michael’s Bay (les rues portaient les prénoms de ses enfants), et il allait y habiter jusqu’en 1890.

Bien qu’elle ait été plus modeste que les autres sociétés forestières de l’île Manitoulin, l’entreprise de Lyon exportait annuellement environ deux millions de pieds de bois de pin dès 1870. Sa première concession forestière ayant rapidement été épuisée, il chercha constamment, dans les années 1870, à acquérir de nouvelles pinèdes. Comme la plupart des entrepreneurs forestiers de son époque, il était âpre en affaires ; ainsi, il omit à maintes reprises de payer ses redevances et abattait du bois là où il n’était pas autorisé à le faire. Mais les fonctionnaires du gouvernement fermaient souvent les yeux, car il donnait du travail aux insulaires et leur permettait d’arrondir leur revenu.

En 1878, Lyon, partisan réformiste d’Oliver Mowat, devint député provincial de la circonscription d’Algoma, qui englobait tout le nord de l’Ontario. Sa morale politique était, semble-t-il, aussi lâche que son éthique commerciale. D’abord élu sans opposition au scrutin complémentaire qui visait à trouver un remplaçant à Simon James Dawson, il remporta la victoire de justesse aux élections générales de juin 1879. Au scrutin suivant, en septembre 1883, sa majorité fut encore faible. Une enquête judiciaire instituée par suite d’accusations portées par son adversaire conservateur William Henry Plummer conclut que ses délits (ne pas avoir installé de bureaux de vote dans les sections de la circonscription qui lui étaient hostiles et avoir acheté l’appui d’un journaliste) n’étaient pas assez graves pour justifier son invalidation permanente. Cependant, il démissionna à l’été de 1884 pour éviter le risque de se faire interdire toute activité politique.

En 1885, le gouvernement Mowat subdivisa la circonscription, ce qui entraîna la tenue d’élections partielles. Lyon obtint l’investiture libérale dans Algoma East. Comme les fois précédentes, il axa sa campagne sur la défense des droits provinciaux et sur la mise en valeur de la région, qui devait se faire selon lui par la construction de chemins de fer et de routes de colonisation. Comme dans le passé, il put compter sur l’hebdomadaire le plus influent de l’île, le Manitoulin Expositor. En juin 1885, il remporta une majorité plus forte que jamais.

Robert Adam Lyon fut élu sans opposition en décembre 1886, mais en 1888, la mauvaise fortune s’abattit sur lui. Sa compagnie dut déposer son bilan, laissant de mauvaises créances et des souvenirs amers parmi les électeurs de l’île. Puis ce fut sa carrière politique qui prit fin : l’Expositor le laissa tomber et il fut battu aux élections générales de 1890. Il se retira immédiatement à Sault-Sainte-Marie, où il exerça la fonction de registrateur du district d’Algoma jusqu’à sa mort, en 1901. Michael’s Bay lui survécut à peine quelques années : dès 1910, l’époque de l’exploitation forestière étant révolue, c’était pour ainsi dire une ville fantôme.

R. Matthew Bray

AO, RG 22, Ser. 360, no 227.— Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Geneal. Soc. (Salt Lake City, Utah), International geneal. index (exemplaire à leur succursale de Toronto).— Manitoulin Expositor (Manitowaning, Ontario ; Little Current, Ontario), 31 mai 1879, 1883–1885, 3–10 mai 1890.— Sault News-Records (Sault Ste Marie, Mich.), 7 juin 1901 (mfm à la Sault Ste Marie Public Library, Sault Ste Marie, Ontario).— Canadian biog. dict.CPG, 1881.— T. W. Farquhar, « The story of Michael’s Bay », « Through the Years » (Gore Bay, Ontario), 5 (1987–1988), no 1 : 27s.— Manitoulin, the isle of the Ottawas, being a handbook of historical and other information of the Grand Manitoulin Island, F. W. Major, compil. (Gore Bay, [19341).— « Marriage notices from the Toronto Leader, 1856 », T. B. Wilson, édit., Ontario Reg. (Lambertville, N.J.), 8 (1990) : 38s.— « The Michael’s Bay », « Through the Years », 2 (1984–1985), no 3 : 11–17.— W. R. Wightman, Forever on the fringe : six studies in the development of Manitoulin Island (Toronto, 1982).

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R. Matthew Bray, « LYON, ROBERT ADAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lyon_robert_adam_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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