ELLIOT, ROBERT WATT, pharmacien et homme d’affaires, né le 26 juillet 1835 dans le canton d’Eramosa, Haut-Canada, fils de William Elliot* et de Mary Oliphant ; il épousa Catherine Ann Scott, née en 1834 à Dundee, Écosse, et décédée en 1921 ; deux fils et deux filles naquirent de leur mariage ; décédé le 12 novembre 1905 à Toronto.

Robert Watt Elliot fit son apprentissage de pharmacien à Dundas, dans le Haut-Canada, auprès d’Elliot and Thornton, entreprise à laquelle son père était associé. Cette société, fondée en 1846, cessa d’exister en 1853. Au cours de cette dernière année, Robert et son père s’associèrent à la Lyman, Elliot and Company, entreprise située au marché St Lawrence de Toronto. Selon le Canadian Pharmaceutical Journal, cet établissement devint, sous « l’énergique et judicieuse administration [de William Elliot], l’un des principaux grossistes de médicaments au pays ». En 1870, Robert Watt et William Elliot se dissocièrent de Benjamin Lyman*, achetèrent une entreprise de médicaments en gros, la Dunspaugh and Watson, et fondèrent l’Elliot and Company. En 1886, William Elliot prit sa retraite et quitta l’entreprise. Dirigée par Robert Watt, elle continua de prospérer, tant dans la vente en gros que dans la fabrication de médicaments et préparations pharmaceutiques, fournitures vétérinaires, friandises, parfums et produits divers. Les deux fils de Robert Watt, Howard et William Scott, allaient eux aussi devenir pharmaciens et s’associer à l’entreprise familiale. William Scott prendrait la succession à la mort de son père.

Robert Watt Elliot et son père participèrent activement à la création des premières institutions que les pharmaciens se donnèrent en Ontario. La Toronto Chemists’ and Druggists’ Association existait depuis quelques jours seulement lorsqu’ils y entrèrent, en juillet 1867. Ils en restèrent des membres actifs au fil des transformations qui en firent, en août 1867, la Canadian Pharmaceutical Society puis, en 1870, l’Ontario College of Pharmacy. Robert Watt contribua largement à la rédaction de ce qui allait devenir le Pharmacy Act. Adoptée en 1871, cette première loi ontarienne sur la pharmacie donnait à l’Ontario College of Pharmacy le statut de corporation professionnelle. Doté d’assises solides par Elliot père et fils et par certains de leurs collègues, l’organisme (rebaptisé Ontario College of Pharmacists en 1975) continue aujourd’hui de réglementer la profession et de définir la formation. Robert Watt fit partie du conseil de la Canadian Pharmaceutical Society en 1869–1870, puis du conseil de l’Ontario College of Pharmacy de 1883 à 1888, en qualité de vice-président de 1885 à 1887 et de président en 1887–1888.

Elliot joua longtemps un rôle important à l’Ontario College of Pharmacy. Il contribua en 1868 à la fondation du périodique de l’organisme, le Canadian Pharmaceutical Journal ; en outre, il collabora à la direction de la revue et y publia plusieurs articles sur la botanique médicale et des sujets connexes. Ce périodique existe toujours, quoique, dans le courant du xxe siècle, il soit devenu l’organe de l’Association pharmaceutique canadienne (sans lien avec la Canadian Pharmaceutical Society). La bibliothèque et le musée de l’Ontario College of Pharmacy bénéficièrent de la générosité d’Elliot. Il lui arriva de donner des échantillons de plantes et d’huiles médicinales recueillis au cours de ses vastes tournées en Europe, et ce fut lui qui remit l’un des premiers prix pour collections de plantes médicinales décernés par le collège. En outre, il servit la corporation à titre d’examinateur, participa à la conception du programme d’études (la première école, établie en 1882, deviendrait en 1953 la faculté de pharmacie de la University of Toronto) et contribua à la construction de la première permanence du collège, au prestigieux square St James. Un de ses collègues a écrit à son sujet : « M. Elliot était si bien connu et sa vie était si intimement liée aux organisations ontariennes de pharmacie que l’on peut le considérer comme un des Pères de la profession. De plus, durant toute sa carrière d’homme d’affaires, il fut l’un des amis les plus fidèles et dévoués de la pharmacie professionnelle. »

En raison de son apport à la Lyman, Elliot and Company et à l’Elliot and Company, de ses autres intérêts et activités à Toronto et de l’expérience acquise au cours de ses voyages à l’étranger, Elliot jouissait d’une réputation qui dépassait les cercles pharmaceutiques. Tant dans les affaires publiques que dans la sphère professionnelle, il adhéra à de nombreux organismes auxquels son père avait été associé. Par exemple, il fut l’un des premiers membres du Bureau de commerce de Toronto ; en 1878, il y occupa la vice-présidence et, l’année suivante, la présidence. Comme il était réputé « partisan vigoureux et éclairé d’une politique de protection adéquate des industries canadiennes », on ne se surprendra pas que, sous sa présidence, le Bureau de commerce ait préconisé la réforme de la politique tarifaire du dominion. Elliot exerça de l’influence au Bureau de commerce jusqu’à ce que la maladie qui devait l’emporter, probablement une affection cardiaque, l’empêche de participer aux réunions. Il se signala aussi par l’insistance avec laquelle il réclama du gouvernement la formation d’une commission ferroviaire.

En effet, Elliot s’intéressait vivement aux chemins de fer. D’abord, il fut président de la Toronto and Nipissing Railway Company. En 1869, au cours d’un de ses voyages en Europe, il visita la Norvège afin d’en étudier le réseau ferroviaire et de faire rapport à ce sujet au gouvernement. Au retour, il s’associa à la Credit Valley Railway Company. À divers moments, il fut également associé, à titre de président ou de simple administrateur, à la Toronto, Grey and Bruce Railway Company, à l’Irondale, Bancroft and Ottawa Railway Company et à l’Owen Sound Steamship Company.

Elliot étendit son champ d’activité à plusieurs domaines ; il fut le premier président de la Canadian Manufacturers’ Association, appartint au Toronto Harbour Trust et fit partie quelques années du conseil d’administration de l’Industrial Exhibition de Toronto. Président du Toronto Rowing Club et de la St George’s Society, il fut aussi membre du National Club, cercle nombreux où les nouveaux libéraux (Parti réformiste), qu’il soutenait, se réunissaient pour des déjeuners. « Fervent adepte de l’assurance mutuelle contre, l’incendie », il fit partie du conseil d’administration de la Fire Insurance Exchange Corporation. Lui-même et sa famille fréquentaient assidûment l’église baptiste Jarvis Street, qu’un guide de l’époque qualifie de « principale basilique baptiste » de Toronto.

La vie de Robert Watt Elliot offre un remarquable exemple de l’ampleur du champ d’action dans lequel peuvent s’engager les gens d’affaires et membres des professions libérales qui estiment avoir des devoirs non seulement envers leur famille et leurs collègues, mais aussi envers leur milieu et leur pays.

Ernst W. Stieb

Un article rédigé par Robert Watt Elliot, « The commerce of Marseilles », figure dans le Canadian Pharmaceutical Journal (Toronto), 2 (1869) : 95–97.

Toronto Necropolis and Crematorium, Burial records and Elliot family monument, lots VNG-46–47.— Daily Mail and Empire, 13 nov. 1905 : 6.— Globe, 13 nov. 1905 : 12.— Monetary Times, 17 nov. 1905 : 638.— News (Toronto), 13 nov. 1905 : 4.— Canadian Druggist (Toronto), 17 (1905) : 355, 499, 546, 555.— Canadian Pharmaceutical Journal, 1 (1868–24 (1890–1891), compte rendu de réunions de l’Ontario College of Pharmacy et des associations qui l’ont immédiatement précédé, la Toronto Chemists’ and Druggists’ Assoc. et la Canadian Pharmaceutical Soc. ; 3 (1870) : 49, 61, 63s., 81 ; 39 (1905–1906) : 182, 221.— Annuaire, Toronto, 1867–1880.— Ontario College of Pharmacy, Annual announcement (Toronto), 1890–1925.— E. W. Stieb, « A century of formal pharmaceutical education in Ontario », Canadian Pharmaceutical Journal (Ottawa), 116 (1983) : 104–107, 153–157 ; « One hundred years of organized pharmacy », One hundred years of pharmacy in Canada, 1867–1967, [E. W. Stieb, édit.] (Toronto, 1969), 11–24.

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Ernst W. Stieb, « ELLIOT, ROBERT WATT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/elliot_robert_watt_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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