Titre original :  123rd Battalion, Royal Grenadiers -   The Generals

Provenance : Lien

LOOMIS, sir FREDERICK OSCAR WARREN, homme d’affaires, et officier dans la milice et dans l’armée, né le 1er février 1870 à Sherbrooke, Québec, fils de Daniel Gordon Loomis et d’Amelia Hall Burrowes ; le 3 janvier 1894, il épousa à Springfield, Massachusetts, Margaret Morrison Mundell, et ils eurent cinq fils et deux filles ; décédé le 15 février 1937 à Montréal.

Frederick Oscar Warren Loomis étudia dans les écoles publiques de Sherbrooke et au Bishop’s College, dans la ville avoisinante de Lennoxville (Sherbrooke). En 1891, il se joignit à la D. G. Loomis and Sons, qui fabriquait des briques, vendait des matériaux de construction et exécutait des contrats de construction générale. Son association avec son père et son frère prit fin en 1912. Cette année-là, il devint le seul propriétaire de l’entreprise, qui avait pris de l’importance et réalisait désormais des projets partout au pays. Loomis avait également suivi les traces de son père dans la milice, en s’enrôlant, à l’âge de 16 ans, comme soldat dans le 53rd (Sherbrooke) Battalion of Infantry. En 1903, lorsque l’entreprise familiale déplaça ses opérations à Montréal, Loomis, alors lieutenant, passa dans le prestigieux 5th Regiment (Royal Scots of Canada), qui devint le Royal Highlanders of Canada trois ans plus tard. En 1909, il détenait le grade de major.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclata, en août 1914, Loomis, âgé de 44 ans, avait une famille et une entreprise florissante, et était un membre influent de la haute société anglo-montréalaise. Embrassant fidèlement les fortes convictions impérialistes de la majorité des membres de cette communauté, il ne tarda pas à s’enrôler dans le Corps expéditionnaire canadien. Cet officier, qui possédait une longue expérience et de nombreuses relations, connu pour ses allégeances conservatrices, attira vite l’attention du ministre de la Milice et de la Défense, Samuel Hughes*. Dans l’un de ses choix les plus inspirés, l’homme politique imprévisible éleva Loomis au grade de lieutenant-colonel et le nomma commandant du 13th Infantry Battalion. Ce dernier quitta le Canada à la fin d’octobre.

Loomis fit ses preuves comme officier supérieur à la deuxième bataille d’Ypres, en avril 1915. Le 22 avril, les Allemands menèrent leur première attaque au gaz de la guerre ; l’unité de Loomis en souffrit cruellement, mais, sous sa direction solide et courageuse, elle réussit à garder le contrôle de la zone critique entourant Saint-Julien (Sint Juliaan), en Belgique, et ainsi à empêcher une progression allemande. Le major général Edwin Alfred Hervey Alderson*, commandant britannique des troupes canadiennes, fit pression pour que Loomis soit promu ; celui-ci devint brigadier général en mars 1916. Après avoir occupé deux postes temporaires, y compris celui de superviseur d’une brigade d’entraînement en Angleterre, il obtint finalement le commandement de la 2nd Infantry Brigade – recrutée dans l’Ouest canadien – au début de juillet. Exception faite d’un congé de trois mois au Canada pour raisons familiales au début de 1918, il fut à la tête de la 2nd Infantry Brigade jusqu’en septembre 1918, menant ses troupes dans toutes les batailles importantes auxquelles participa le Corps d’armée canadien durant cette période : la Somme, la crête de Vimy (où il fut légèrement blessé), la cote 70, Passchendaele, Amiens et la ligne Drocourt-Quéant. Le lieutenant général sir Arthur William Currie, commandant du corps durant les 17 derniers mois de la guerre, estimait que Loomis était l’un de ses meilleurs officiers supérieurs ; en décembre 1917, il écrivit au lieutenant général sir Richard Ernest William Turner* : « [L]es brigadiers comme [Loomis] ne poussent pas dans les arbres [et] je ne me passerais de lui pour rien au monde. » Les hommes de Loomis le trouvaient réservé et strict, mais impartial et brave.

La dernière attaque canadienne, que la 2nd Brigade lança contre Passchendaele le 10 novembre 1917, compte parmi ses succès les plus remarquables. Comme le dit simplement un officier australien anonyme, « si les Canadiens peuvent tenir bon, ce sont de merveilleuses troupes ». Ils tinrent bon, en effet, en dépit des efforts acharnés de l’ennemi pour les refouler, ce qui témoignait de leur ténacité, mais aussi des capacités de Loomis à les entraîner et à les inspirer, et aussi à éprouver de la compassion pour ses hommes, qui faisaient l’expérience de ce qu’il appelait « la nature terrible de la guerre moderne ». Selon les historiens, ces qualités furent la clé de son succès comme commandant d’unité.

Le moment le plus marquant de la carrière de Loomis survint pendant ce qu’on appellerait la campagne des Cent Derniers Jours. En 1918, Currie avait choisi 5 de ses 12 brigadiers pour commander des divisions, dont Loomis, qui dirigea la 3e division canadienne à compter du 13 septembre. En raison de l’effondrement rapide de l’armée allemande, Loomis n’exerça sa nouvelle autorité qu’au cours d’une seule bataille importante, mais ses hommes durent lutter furieusement pour traverser le canal du Nord et, surtout, pour percer de manière décisive la ligne Marcoing, à l’est du canal, les 28 et 29 septembre. Lorsque la guerre prit fin, Loomis se trouvait à Mons, où ses troupes étaient entrées dans la nuit du 10 au 11 novembre. Sur des photos et dans des films d’époque, on le voit souvent parmi les officiers supérieurs canadiens qui participaient aux cérémonies marquant la libération de la ville, mais il est rarement identifié.

En 1919, Loomis avait reçu toutes les décorations auxquelles pouvait s’attendre un commandant de division : officier de la Légion d’honneur (ce qui fut annoncé le 30 mars 1916), compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges le 4 juin 1917, et chevalier commandeur de l’ordre du Bain le 3 juin 1919. Il avait été également décoré de l’ordre du Service distingué en 1915, auquel on ajouta une barrette en 1919. On lui décerna cet ordre en reconnaissance de ses actions à la deuxième bataille d’Ypres et la barrette pour « sa bravoure et ses formidables qualités de chef » durant les premières phases du combat à Amiens, les 8 et 9 août 1918, et pendant l’attaque principale de la ligne Drocourt-Quéant, trois semaines et demie plus tard. Dans les deux cas, « il [avait] effectué des missions de reconnaissance sous un feu nourri en surveillant personnellement la disposition des troupes et en réconfortant tout le monde par son calme et sa compétence ».

Épuisé par la guerre, Loomis fut heureux de retrouver, en mai 1919, son entreprise à Montréal et la vie sociale qui l’accompagnait. Au cours des années 1920, la D. G. Loomis and Sons, dans laquelle son fils aîné, Daniel McKay, travaillait comme ingénieur, se spécialisa dans la construction de bâtiments industriels et de centrales hydroélectriques. Toutefois, comme de nombreux commandants supérieurs canadiens, il replongea dans l’action quand une première version de l’histoire officielle de l’armée britannique, qui paraîtrait en 1925, sembla dénigrer les performances de ses troupes au cours de la deuxième bataille d’Ypres et porter atteinte à la réputation de son ami Currie. Il contesta amèrement cette évaluation qu’il jugeait « injuste, hostile et peu généreuse » ; il s’associa à ses frères officiers pour réclamer aux autorités britanniques une version plus acceptable, et ils obtinrent gain de cause. En 1928, Loomis témoigna sans hésiter en faveur de Currie lorsque le général intenta (et gagna) un procès pour diffamation contre le journaliste ontarien William Thomas Rochester Preston*, qui avait faussement accusé le commandant du corps d’avoir inutilement sacrifié la vie de soldats en ordonnant l’attaque sur Mons, dans les dernières heures de la guerre, pour affermir sa propre réputation.

L’entreprise de Loomis périclita pendant la grande dépression et sa santé se détériora rapidement au cours des années 1930. Il mourut des suites d’une insuffisance cardiaque après une brève maladie.

Sir Frederick Oscar Warren Loomis eut une longue et fructueuse carrière d’homme d’affaires, mais on se souvient surtout de lui pour sa contribution à l’effort du Canada durant la Grande Guerre. En partant de sa seule expérience d’avant-guerre dans la milice, il devint l’un des chefs les plus compétents et respectés du Corps d’armée canadien ; il était reconnu pour sa compassion envers ses hommes et pour la dignité avec laquelle il assuma les lourdes responsabilités du commandement.

Patrick H. Brennan

BAC, R2422-0-8, vol. 8, file 51 ; RG150, Acc. 1992-93/166, boîte 5736-3.— BAnQ-E, CE501-S84, 10 févr. 1874.— Mass., Office of the Secretary of State, Arch. Div. (Boston), record of marriage, 3 janv. 1894.— National Arch. (G.-B.), CAB 45/156.— Annuaire, Montréal, 1891–1937.— P. H. Brennan, « Byng’s and Currie’s commanders : a still untold story of the Canadian Corps », Canadian Military Hist. (Waterloo, Ontario), 11 (2002), no 2 : 5–16.— D. G. Dancocks, Sir Arthur Currie : a biography (Toronto, 1985).— The Distinguished Service Order to the Canadian Expeditionary Force and Canadians in the Royal Naval Air Service, Royal Flying Corps and Royal Air Force, 1915–1920, D. K. Riddle et D. G. Mitchell, compil. (Winnipeg, 1991).— R. G. Haycock, Sam Hughes : the public career of a controversial Canadian, 1885–1916 (Waterloo, 1986).— G. W. L. Nicholson, Corps expéditionnaire canadien, 1914–1919 : histoire officielle de la participation de l’armée canadienne à la Première Guerre mondiale (Ottawa, 1963).— D. R. O’Keefe, « “A brutal, soul-destroying business” : Brigadier-General F. O. W. Loomis and the question of “impersonal generalship” », dans Great War commands : historical perspectives on Canadian army leadership, 1914–1918, A. B. Godefroy, édit. (Kingston, Ontario, 2010), 87–110 (accessible en ligne à publications.gc.ca/collections/collection_2010/forces/D2-259-2-2010-eng.pdf).— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell), 2.

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Patrick H. Brennan, « LOOMIS, sir FREDERICK OSCAR WARREN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/loomis_frederick_oscar_warren_16F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2018
Année de la révision:    2018
Date de consultation:    28 novembre 2024