LONG, JOHN, trafiquant de fourrures, né à Londres, circa 1768–1791.

John Long ne nous est connu que par son volume intitulé Voyages and travels of an Indian interpreter and trader [...], publié à Londres en 1791. S’il faut en croire ce récit, il était lié par un contrat d’apprentissage chez un marchand lorsqu’il arriva à Montréal en 1768. Il passa les sept années suivantes dans les environs, se familiarisant avec la traite des fourrures. Il connut particulièrement bien les Agniers de Sault-Saint-Louis (Caughnawaga) dont il apprit à parler couramment la langue. Au cours des premières années de la Révolution américaine, il accompagna des groupes d’Indiens qui menaient des expéditions de reconnaissance et il participa à plusieurs combats contre les envahisseurs dans la région de Montréal.

Comme il parlait la langue des Sauteux, langue d’usage de la traite des fourrures, Long fut engagé en 1777 par un marchand (dont il n’indique pas le nom) qui lui confia la direction d’un groupe de trafiquants devant se rendre dans la région située au nord du lac Supérieur. À Pays Plat (près de l’embouchure de la rivière Nipigon, Ontario), il fut adopté par le chef sauteux Madjeckewiss*. Les rites de l’adoption occasionnaient des souffrances physiques que les trafiquants supportaient en considérant les avantages commerciaux dont ils allaient bénéficier parla suite. Long et ses hommes s’enfoncèrent à l’intérieur des terres et se rendirent au lac Dead (à l’est du lac Nipigon) ; ils hivernèrent à cet endroit et obtinrent des fourrures en assez grande quantité. Quand vint l’été, ils retournèrent à Pays Plat où les agents de leur employeur prirent leurs fourrures et renouvelèrent leur provision de vivres et de marchandises. Les trafiquants pénétrèrent de nouveau à l’intérieur et passèrent l’hiver de 1778–1779 au lac Weed (peut-être le lac Nighthawk). Au printemps, Long abandonna cette rude existence pour retrouver une vie plus confortable à Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan).

Les remous créés par la Révolution américaine affectaient le commerce des fourrures dans l’arrière-pays au sud de Michillimakinac. En juin 1780, le poste de traite fut informé que les trafiquants de cette région avaient laissé leurs fourrures de l’hiver précédent à Prairie du Chien (Wisconsin), aux soins de l’interprète Charles-Michel Mouet de Langlade, parce qu’ils estimaient risqué de les apporter eux-mêmes. Accompagné de 36 Renards et Sioux, dirigés par Wahpasha*, et de 20 trafiquants de Montréal (rattachés à une compagnie de Montréal), Long se rendit à Prairie du Chien afin de rapporter les fourrures.

À l’automne de 1780, Long entreprit une autre expédition qui lui fit remonter la rivière Saguenay (Québec). Il hiverna à Chicoutimi et, au printemps, il prit la direction de l’ouest et alla au lac Shaboomoochoine (peut-être le lac Matagami, Québec). Il revint à Québec en août 1781. Voyant qu’aucune perspective d’avenir ne s’offrait à lui au Canada, Long partit pour l’Angleterre en 1783. L’un de ses parents s’engagea à lui fournir des marchandises, et, en 1784, il était de retour au Canada. Toutefois, Long n’eut pas de chance : durant les trois années qui suivirent, il fut presque continuellement sans travail et endetté. Il passa quelque temps dans la province de New York et dans les nouveaux établissements loyalistes de la baie de Quinte (Ontario), mais il ne parvint pas à organiser un voyage dans la région où se faisait la traite des fourrures. Lorsqu’un ami lui envoya de l’argent en 1787, il décida de regagner l’Angleterre tandis qu’il le pouvait et il quitta le Canada en octobre.

On trouvait dans son livre « non pas les récits d’un prétendu touriste, disait-il, mais les observations d’un homme d’affaires qui se flatte d’intéresser le marchand et le philosophe ». L’intérêt de l’ouvrage tient aux descriptions détaillées et relativement objectives qu’il fournit de la vie des Indiens. Long y déplore les gestes posés par les Indiens en état d’ébriété, mais il reconnaît que, dans une large mesure, leurs difficultés étaient le résultat direct de l’influence et de l’exemple des Blancs. (Au cours d’une querelle d’ivrognes, il avait lui-même poussé le curé de Tadoussac (Québec) dans les eaux du Saint-Laurent.) L’ouvrage a également le grand mérite de présenter des listes détaillées de termes utilisés par les Inuit, les Agniers, les Algonquins, les Mohegans, les Chaouanons et les Sauteux.

Charles A. Bishop

L’ouvrage de John Long, Voyages and travels of an Indian interpreter and trader, describing the manners and customs of the North American Indians ; with an account of the posts situated on the River Saint Laurence, Lake Ontario, &c. to which is added a vocabulary of the Chippeway language, names of furs and skins in English and French, a list of words in the Iroquois, Mohegan, Shawanee, and Esquimeaux tongues, and a table shewing the analogy between the Algonkin and Chippeway languages (Londres, 1791), a été traduit en allemand en 1791 et en français en 1794. R. G. Thwaites en publia une édition comme volume II des Early western travels, 1748-1846 [...] (32 vol., Cleveland, Ohio, 1904–1907) ; M. M. Quaife publia une autre édition à Chicago en 1922. L’édition originale fut réimprimée à New York en 1968 et à Toronto en 1971.

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Charles A. Bishop, « LONG, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/long_john_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    28 novembre 2024