LOGAN, ROBERT, trafiquant de fourrures, négociant, membre du Conseil d’Assiniboia, né en 1773, en Écosse ou dans les Antilles, décédé le 26 mai 1866 à la Rivière-Rouge (Manitoba).
On ne connaît guère la jeunesse de Robert Logan. Son père fut planteur dans les Antilles mais lorsqu’une révolte d’esclaves y eut détruit ses possessions, la famille partit pour Montréal. Robert y termina ses études et devint parfait bilingue.
En 1801, Logan entra au service de la North West Company, qu’il représenta de 1806 à 1814 au poste de Sault-Sainte-Marie. Contrarié de ne pas obtenir d’avancement, il repartit pour Montréal en 1814, « hivernant mécontent ». Colin Robertson* le persuada de s’engager à la Hudson’s Bay Company. Après avoir aidé Robertson à préparer l’équipement nécessaire à une percée dans la région de l’Athabasca, Logan accompagna le convoi jusqu’au pays d’en haut.
Logan passa l’hiver à l’Île-à-la-Crosse (Saskatchewan) et, en 1815, on le chargea du Rock Depot (Gordon House) sur la rivière Hayes. En 1818, il assuma la surveillance des affaires de la compagnie au lac La Pluie. Malgré son apparente réussite, Logan n’était pas heureux dans son rôle d’employé ; il préférait travailler à son compte. L’occasion lui en fut vite donnée. Lord Selkirk [Douglas*] le pria de superviser ses affaires à la Rivière-Rouge en l’absence d’Alexander Macdonell*, gouverneur de la colonie de la Rivière-Rouge. Malgré les sources peu concluantes, il semble que Logan fut quelque temps shérif de la Rivière-Rouge. Quoi qu’il en soit, il quitta la Hudson’s Bay Company, probablement à la fin de 1819, s’installa à la Rivière-Rouge et commença une carrière longue et diversifiée dans l’Ouest qui était en train de s’ouvrir à la colonisation.
Dès 1822, sir George Simpson* écrivait à Andrew Colvile : « Logan est de loin le meilleur colon de l’endroit ; [il] est sobre, travailleur et actif, il manifeste un peu d’initiative et de goût pour le progrès et dispose d’un peu d’argent. » Ses capitaux fructifièrent. En 1825, il acheta ce qui restait du fort Douglas ainsi qu’un moulin à vent pour £400. Ce moulin actionna le premier moulin à blé de la Rivière-Rouge, et l’entreprise prospéra. Logan recevait 10 p. cent du blé qu’il traitait. À la longue, il s’engagea dans le commerce de gros, devint fournisseur des convois de fourrures et l’un des importateurs les plus actifs du district. Il fut également l’un des associés de la Buffalo Wool Company.
Le fait qu’il devenait un commerçant de plus en plus important l’introduisit presque inévitablement dans la vie publique de la petite communauté. En 1823, la Cour générale des sessions trimestrielles d’Assiniboia proposa sa nomination à titre de conseiller. En 1835, il fut nommé juge de paix du troisième district et, lors de la réorganisation administrative de 1837, magistrat du district de Middle. Il abandonna cette charge et celle de conseiller, en 1839, pour raison de santé. Pourtant, cinq ans plus tard, il accepta la présidence du bureau des Travaux publics, poste où ses vastes intérêts financiers le servirent considérablement. En 1850, Logan reprit les fonctions de magistrat. Souvent, au cours de cette période d’activité intense, la Hudson’s Bay Company le consulta sur les affaires indiennes.
Robert Logan se maria deux fois. Le 13 janvier 1821, il épousa une Indienne de la tribu des Sauteux, Mary, juste avant qu’on baptisât le même jour leur fille Ann. Jusqu’alors, Robert et Mary avaient vécu ensemble selon la « coutume du pays » mais, après son installation permanente à la Rivière-Rouge, Logan se sentit forcé de régulariser sa situation. Mary Logan mourut en 1839, et, l’année suivante, Robert épousa une veuve, Mme Sarah Ingham. Il eut 12 enfants du premier lit et quatre du second.
Ces mariages furent célébrés à Upper Church (cathédrale anglicane St John) bien que Logan fût presbytérien. L’absence d’église presbytérienne était d’autant plus étrange que la plupart des premiers Européens à immigrer dans la colonie étaient des petits fermiers écossais amenés par Selkirk. Après avoir reçu, sans résultat, de nombreuses promesses de l’arrivée d’un pasteur, Logan fut heureux d’être membre du comité qui s’assura les services du premier ministre presbytérien de la Rivière-Rouge, le révérend John Black*, en 1851.
Robert Logan passa ses dernières années à surveiller ses nombreuses entreprises commerciales et celles de ses enfants, à la carrière desquels il s’intéressa vivement et sans relâche. Il resta à l’écart des dissensions qui croissaient à la Rivière-Rouge et qui devaient se manifester violemment trois ans après sa mort, en 1866, par la rébellion des Métis. Bien qu’actif sur la scène locale, il était avant tout homme d’affaires et c’est dans cette optique qu’il envisageait l’avenir de l’Ouest canadien.
APC, MG 19, E1, sér. 1 (mfm aux PAM) ; E3.— PAM, MG 2, A5 ; C3 ; C23 ; MG 7, B7, register of baptisms, 1813–1879 ; register of marriages, 1820–1882 ; register of burials, 1821–1875 ; MG 14, C23.— Canadian North-West (Oliver).— [Nicholas Garry], Diary of Nicholas Garry, deputy-governor of the Hudson’s Bay Company from 1822–1835 [...], F. N. A. Garry, édit., SRC Mémoires, 2e sér., VI (1900), sect. ii : 73–204.— HBRS, II (Rich et Fleming) ; XIX (Rich et Johnson).— Ross, Red River Settlement (1957), 144s., 176–178, 346–348.— Ross Mitchell, Robert Logan of Red River, 1775–1866, Manitoba Pageant (Winnipeg), 13 (1967–1968), n° 2 : 19–23.
J. E. Rea, « LOGAN, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/logan_robert_9F.html.
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Auteur de l'article: | J. E. Rea |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
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