LIGHT, ALEXANDER LUDERS, ingénieur et fonctionnaire, né probablement le 17 avril 1822 à Durham, Angleterre, fils d’Alexander Whalley Light, officier, et de Jane Smart ; le 12 mai 1866, il épousa à Londres Mary Jane Torrens ; décédé le 2 juillet 1894 au lac La Croix (lac Garry, Québec).

Alexander Luders Light arriva dans le Haut-Canada avec sa famille au début des années 1830 et fréquenta la Royal Grammar School de Kingston. À compter de 1842 environ, il devint ingénieur adjoint au bureau des Travaux publics de la province du Canada, formé depuis peu et que dirigeaient Hamilton Hartley Killaly* et Samuel Keefer*. En 1847, on l’affecta, à titre d’ingénieur adjoint, à la construction du Great Western Rail-Road de Niagara Falls à Windsor. Deux ans plus tard, on le nomma ingénieur des travaux du prolongement du canal Érié à Rochester, dans l’état de New York ; il travailla aussi au Brooklyn Dry Dock et au New York Central Railroad.

En 1852, Light devint ingénieur adjoint au Saint Andrews and Québec Rail Road, au Nouveau-Brunswick, et, peu après, il en fut promu ingénieur en chef. La construction de la voie avait commencé en 1847 mais, en 1851, seulement dix milles étaient terminés. Pendant son mandat, on acheva 24 autres milles, plus un embranchement de 17 milles dans le Maine. Light supervisa aussi la construction de plusieurs ponts de bois pour le bureau des Travaux publics du Nouveau-Brunswick. Nommé ingénieur en chef des chemins de fer gouvernementaux de cette province en 1856, il supervisa la construction du European and North American Railway de Saint-Jean à Shédiac. Les travaux avaient commencé en 1853 mais, deux ans plus tard, après n’avoir construit que 27 milles de voie, les entrepreneurs avaient déclaré forfait et le gouvernement avait pris le chemin de fer en charge l’année suivante. Sous la supervision de Light, l’ouvrage fut relativement bien construit pour l’époque.

Apparemment, c’est en raison de la qualité de son travail pour le European and North American Railway que le gouvernement néo-écossais de Joseph Howe* demanda à Light, en 1860, d’étudier le réseau ferroviaire de cette colonie. On avait commencé les travaux en 1854 et, quatre ans plus tard, les trains roulaient sur 60 milles de voie, mais la construction était médiocre et les lignes, mal entretenues et mal exploitées. En 1860, à ses propres frais, Light étudia trois trajets possibles pour un chemin de fer intercolonial qui relierait les Maritimes au Bas-Canada. Il croyait qu’il serait nommé ingénieur en chef des travaux et, en 1861–1862, il fit partie d’une délégation qui présenta le projet de chemin de fer au gouvernement impérial, ainsi que ses propres observations sur les trajets possibles, celles-ci étant appuyées par le célèbre ingénieur anglais James Brunlees. Avec le soutien de ce dernier, Light fut admis à l’Institution of Civil Engineers en janvier 1862.

Par suite des tensions créées entre la Grande-Bretagne et les États-Unis par l’affaire du Trent en 1861 [V. sir Charles Hastings Doyle*], le ministère britannique de la Guerre confia à Light la mission d’accompagner des soldats d’Angleterre à Halifax, puis à Québec. Le voyage entre ces deux villes se fit par voie de terre en février 1862. Apparemment, si la guerre avait éclaté, Light devait ouvrir une route militaire de Halifax au Saint-Laurent. On abandonna cependant le projet dès qu’un conflit cessa de paraître imminent.

À l’automne de 1862, Light était de nouveau en Angleterre où il faisait pression pour être affecté au projet de chemin de fer intercolonial. La coopération entre les Maritimes et le Canada semblait assurée, tout comme le financement des travaux. En outre, la réalisation du projet était d’autant plus urgente que la menace d’une intervention militaire des Américains planait toujours. Finalement, on nomma Light ingénieur en chef mais, presque au même moment, l’entente conclue entre le Canada et les Maritimes fut rompue et le projet, suspendu. Comme rien n’annonçait sa reprise immédiate, Light accepta, à la fin de 1862 ou au début de 1863, le poste d’ingénieur en chef du chemin de fer de Santos à São Paulo, au Brésil, qu’il avait obtenu grâce à Brunlees. Congédié (pour des raisons politiques semble-t-il) en 1863 ou 1864, il retourna en Angleterre. Entre-temps, il avait appris avec un vif dépit que le Canada et les Maritimes avaient conclu une nouvelle entente plus tôt que prévu. De plus, en 1863, Sandford Fleming* avait reçu le mandat de faire un levé pour le chemin de fer intercolonial.

En Angleterre, Light travailla à divers ouvrages de génie civil, notamment avec Brunlees. La construction du chemin de fer Intercolonial débuta enfin en 1869 et Light revint au Nouveau-Brunswick travailler sous les ordres de Fleming, ingénieur en chef des travaux, en qualité d’ingénieur de district pour le tronçon de Miramichi. Le trajet, qui devait relier la rivière Nepisiguit à Moncton (une distance de 117 milles), présentait peu de difficultés techniques, le principal travail étant la construction de deux ponts sur la Miramichi.

Light quitta l’Intercolonial en 1874 pour occuper durant 18 ans le poste d’ingénieur en chef des chemins de fer du gouvernement de la province de Québec. Il supervisa la construction de la section est (Québec–Montréal) du Québec, Montréal, Ottawa et Occidental. Le réseau ferroviaire du Québec prit beaucoup d’ampleur durant les années 1870 et la décennie qui suivit, et Light affirma avoir participé à la construction de la plupart des chemins de fer de colonisation de la province. Parmi ceux-ci, il y avait le chemin de fer de Québec et du lac Saint-Jean, sur l’avenir duquel il remit un rapport favorable au gouvernement fédéral en 1882. Il en fut aussi ingénieur consultant à partir de 1884, année où les travaux se poursuivirent de Saint-Raymond au lac Saint-Jean.

Entre-temps, vers 1875, le gouvernement de Terre-Neuve avait pris des mesures en vue de construire un chemin de fer. Il avait pressenti Fleming pour le levé d’un trajet, mais celui-ci était occupé et s’arrangea pour que Light fasse ce travail. En mai 1875, après avoir obtenu un congé temporaire du gouvernement de la province de Québec, Light organisa une équipe d’arpenteurs en collaboration avec le géologue Alexander Murray*. Il rentra ensuite au Canada en laissant à ce dernier la supervision de la logistique des travaux. Le trajet s’étendait sur 360 milles, de St John’s à St George’s, mais le chemin de fer construit par la suite ne l’empruntait pas.

En 1884, Alexander Luders Light fut l’un des trois arbitres d’un litige entre la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique et le gouvernement fédéral à propos des coûts de construction d’un tronçon entre Fort William (Thunder Bay, Ontario) et Kenora. Les arbitres remirent leur rapport au début de 1885. L’année précédente, en collaboration avec Brunlees et T. Claxton Fidler, Light avait présenté des plans pour la construction d’un pont cantilever sur le Saint-Laurent à Québec, mais le projet ne se réalisa pas. En 1885, le gouvernement fédéral l’engagea comme ingénieur responsable des levés de la « Short Line », tronçon qui devait faire partie du chemin de fer canadien du Pacifique et relier Montréal à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick. Devenu en 1886 ingénieur en chef du chemin de fer de la baie des Chaleurs, en Gaspésie, il y travailla durant trois ans. Vers 1888, il entreprit une autre tâche dans le secteur ferroviaire, soit une évaluation du potentiel économique de l’île d’Anticosti, à la demande des propriétaires de celle-ci, mais son étude n’eut pas de suites. Light mourut en 1894 au lac La Croix, au nord de Montréal.

Christopher Andreae

Alexander Luders Light est l’auteur de : Devis descriptif de la maçonnerie : chemin de fer de Québec, Montréal, Ottawa et Occidental, section est (s.l.n.d.) ; Halifax and Quebec Railway : report upon the surveys, routes, and estimates (s.l., 1861) ; Remarks by the government engineer of the eastern division of the Q.M.O. & O. Railway on the contractor’s « statement of facts » (Montréal, 1877) ; Short Line Railway : Mr. Light’s reports upon the survey of the northern or Quebec route for the shortest and most advantageous railway line from Montreal to Halifax and St. John, N.B., recommending a combination line (Québec, 1885).

Un portrait de Light se trouve dans Canadian biog. dict. AN, MG 29, B35 ; D61 : 4946–4956.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1880–1881, n70 ; 1884, no 31q ; 1885 : nos 25g, 25s.— Sandford Fleming, The Intercolonial : a historical sketch of the inception, location, construction and completion of the line of railway uniting the inland and Atlantic provinces of the dominion (Montréal et Londres, 1876).— S. P. Bell, A biographical index of British engineers in the 19th century (New York, 1975).— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth).— Rodolphe Gagnon, « le Chemin de fer de Québec au lac Saint-Jean (1854–1900) » (thèse de d.e.s., univ. Laval, 1967).— Gervais, « l’Expansion du réseau ferroviaire québécois ».— W. K. Lamb, History of the Canadian Pacific Railway (New York et Londres, 1977).— A. R. Penney, « The Newfoundland Railway : Newfoundland epic », The book of Newfoundland, JR. Smallwood et al., édit. (6 vol., St John’s, 1937–1975), 3 : 473–502.— The Quebec Bridge over the St. Lawrence River near the city of Quebec on the line of the Canadian National Railways : report of the government board of engineers (2 vol., Ottawa, 1919).— G. R. Stevens, Canadian National Railways (2 vol., Toronto et Vancouver, 1960–1962).— J. M. et Edward Trout, The railways of Canada for 1870–1 [...] (Toronto, 1871 ; réimp., 1970).— W. J. Wilgus, The railway interrelations of the United States and Canada (New Haven, Conn., 1937).— B. J. Young, Promoters and politicians.— J. H. Valiquette et T. B. Fraser, « The development of Anticosti Island », Engineering Journal (Montréal), 11 (1928) : 585–595.

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Christopher Andreae, « LIGHT, ALEXANDER LUDERS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/light_alexander_luders_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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