LEYS, JOHN, mécanicien de marine, né vers 1791 à Aberdeen, Écosse ; décédé le 8 avril 1846 à Sainte-Croix (îles Vierges).

Il se peut que John Leys soit ce John Lees, de Nineveh, Angleterre, qui signa en 1812 un contrat de travail de cinq ans avec la société d’ingénieurs Boulton and Watt de Birmingham. Lees devait être employé aux « travaux de limage, tournage et ajustage de pièces en fer forgé et en fonte, destinées à la fabrication de moteurs à vapeur et à d’autres fins ». On avait fixé son salaire à 19s par semaine pour la première moitié du contrat, et à 20s pour la seconde moitié.

Au printemps de 1816, la Gillespie, Gerrard and Company de Londres [V. Samuel Gerrard*] commanda une machine à vapeur à la maison Boulton and Watt au nom des propriétaires du Frontenac, bateau à aubes alors en construction à Bath, dans le Haut-Canada. La compagnie londonienne demandait également d’envoyer un mécanicien compétent, capable d’assembler, d’installer et de faire fonctionner la machine. Leys offrit alors ses services pour deux ans au salaire annuel de £160. La somme parut élevée mais, faute de candidats, on l’engagea. Entre-temps, on avait déjà expédié à Liverpool le moteur de 56 chevaux-vapeur. Leys dut donc précipiter son départ. Il put cependant s’arranger pour qu’une partie de son salaire soit envoyée à sa mère à Aberdeen.

Après la nouvelle du lancement du Frontenac, parue dans la Kingston Gazette en septembre 1816, on prédisait que le navire serait « terminé et prêt à entrer en service dans quelques semaines ». Tel ne fut pas le cas. Des démêlés survenus à partir de décembre avec des agents des douanes à Québec à propos du moteur expliquent en partie ce retard. Il fallut attendre en mai 1817 pour que le vapeur traverse le port de Kingston, où il endommagea d’ailleurs le mécanisme d’une de ses roues à aubes. Même si le Frontenac avait été le premier vapeur à être lancé sur les Grands Lacs, les délais qu’il subit par la suite permirent à son rival américain, l’Ontario, d’effectuer le premier voyage à vapeur. Cet échec est en grande partie attribuable aux problèmes posés par le moteur Boulton and Watt.

Une fois le Frontenac en service, les relations de Leys avec le capitaine James McKenzie* furent loin d’être harmonieuses, comme l’attesta plus tard Henry Scadding* : « Au début de la navigation à vapeur, les hommes compétents pour surveiller le fonctionnement des machines n’étaient [...] pas nombreux et les capitaines étaient en quelque sorte obligés de ménager leur chef mécanicien quand ils en avaient obtenu un. Le capitaine McKenzie [...] était quelque peu tyrannisé par M. Leys, un Écossais peu traitable ; les voyages du Frontenac, les heures de départ et le reste dépendaient pour beaucoup d’une décision en provenance de la cale, indépendante de celle du capitaine en titre. » N’empêche que Leys et McKenzie jouissaient tous deux d’un salaire « énorme », comme le disait en 1817 John Spread Baldwin, un marchand d’York (Toronto).

Au printemps de 1827, dans le canton de Pickering, John Leys (qu’on surnommait familièrement Jock) rompit une vague et brève association avec son frère Francis pour retourner aux Grands Lacs à titre de mécanicien du Canada, commandé par Hugh Richardson*. Selon Scadding, Leys « fut longtemps un personnage connu à York ». William Lyon Mackenzie, notamment, le considérait comme un « bon ami ». En août 1827, il signalait dans le Colonial Advocate le départ de Leys pour Montréal dans le but de se procurer un nouvel arbre de roue à aubes pour le Canada. Cinq ans plus tard, Leys appuya Mackenzie lorsqu’il se présenta pour être réélu à la chambre d’Assemblée.

Mis à part les emplois qu’il occupa au Canada, la carrière de John Leys à titre de mécanicien de marine reste un mystère. Il est relativement facile d’identifier les capitaines des vapeurs, mais non les hommes d’équipage, qui demeuraient dans l’ombre. Dans le Toronto directory de 1837, Leys est tout simplement inscrit comme « mécanicien » vivant rue Lot (rue Queen). Il devait avoir amassé une certaine fortune : la même année, il était l’un des petits actionnaires de la British America Fire and Life Assurance Company. Selon une notice publiée après sa mort, survenue à Sainte-Croix en 1846, il était allé vivre dans cette île pour des raisons de santé. Il laissa plus de £600 et une rente annuelle à sa mère et à ses sœurs, qui vivaient en Écosse. Il avait chargé son exécuteur testamentaire de convertir en espèces le reste de ses biens et d’en investir le montant dans des hypothèques, des biens immobiliers et dans la construction d’immeubles à louer. Les revenus de ces placements devaient revenir à son frère William et aux enfants de ce dernier aussi longtemps qu’ils entretiendraient les propriétés et en payeraient les assurances.

Walter Lewis

AO, RG 22, sér. 155.— Birmingham Public Libraries (Birmingham, Angl.), Boulton and Watt coll., articles of agreement concerning employment of John Lees with M. R. Boulton and James Watt Jr, 26 mai 1812 ; letter-book 40, Boulton et Watt à Gillespie, Gerrard and Company, 21, 23, 30 mai, 3, 10 juin 1816.— UTFL, ms coll., Western Assurance Company papers, vol. 100 (British American Assurance Company, day-book, 1837–1841).— Town of York, 1815–34 (Firth), 39–40.— Colonial Advocate, 2 août 1827, 9 févr. 1832.— Kingston Gazette, 14 sept. 1816, 24 mai 1817.— Upper Canada Gazette, 21 avril 1827.— Death notices of Ont. (Reid).— Toronto directory, 1837.— Scadding, Toronto of old (1873), 556.

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Walter Lewis, « LEYS, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/leys_john_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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