LEVASSEUR (Le Vasseur), dit Delor, JEAN-BAPTISTE-ANTOINE (généralement désigné sous le nom de Vasseur), maître sculpteur et statuaire, baptisé à l’église Notre-Dame de Québec le 20 juin 1717, fils de Noël Levasseur* et de Marie-Madeleine Turpin, décédé à Québec le 8 janvier 1775.

Fils d’un sculpteur important de la Nouvelle-France, Jean-Baptiste-Antoine Levasseur connut une vie effacée à côté de son frère aîné, François-Noël, avec qui il partageait la direction d’un atelier fort actif dont la production se concentrait surtout sur le mobilier religieux. On ne sait pas précisément quelles tâches lui étaient confiées au sein de la petite société, ni comment les profits étaient répartis entre les deux frères car ils semblent avoir formé un tout indivisible, désigné sous le terme « Les Vasseurs ». Même si sa signature n’apparaît que rarement au bas des contrats notariés, Jean-Baptiste-Antoine Levasseur paraît avoir joui d’une certaine autorité. Il a ainsi signé, en l’absence de son frère, les reçus marquant la fin des transactions avec les paroisses et les communautés religieuses.

Le 10 avril 1747, Jean-Baptiste-Antoine Levasseur épousa à Notre-Dame de Québec Marie-Régis Cartier, et le couple s’installa avec François-Noël, rue Saint-Louis. Les deux frères partageaient cette maison depuis le début de leur carrière. Lors de la signature du contrat de mariage, la présence de René-Nicolas Levasseur, « ingénieur de la marine Entretenue pour le service du Roy En ce Pays », sans lien de parenté avec Jean-Baptiste-Antoine, laisse croire que le sculpteur participait à l’ornementation des navires construits aux chantiers navals de Québec. De plus, on sait que René Cartier, le père de la mariée, était navigateur, et qu’il avait commandé au moins un navire, le Saint-Joachim, aux chantiers navals de Québec. Une liste des fournisseurs et ouvriers des chantiers du roi fait état de la présence de plusieurs Levasseur mais Jean-Baptiste-Antoine n’y est pas mentionné expressément. On imagine facilement cependant que les sculpteurs n’étaient jamais bien loin des chantiers les plus actifs et que, la compétence de la famille étant connue, on n’hésitait pas à faire appel aux services de l’artisan qui était disponible à l’intérieur de l’atelier. Des croquis non datés, conservés au séminaire de Québec, témoignent de la contribution de Jean-Baptiste-Antoine Levasseur et de son frère à la décoration des navires. Ces dessins représentent la sculpture de la poupe d’un bateau prévu pour le service du séminaire. Cette barque, sans doute destinée à porter le nom de Sainte-Famille, était agrémentée de motifs classiques dérivés de la feuille d’acanthe. Y figurent en bas-reliefs les personnages traditionnels : un enfant Jésus emmailloté, un saint Joseph et une Vierge aux traits plutôt frustes.

L’existence des artisans du bois au xviiie siècle se déroule dans Lin climat d’anonymat. Leur renommée suffisant sans doute à donner confiance à ceux qui font des commandes, la transaction est rarement officialisée par des actes notariés. Ce climat d’anonymat est encore accentué par la présence, au sein des familles élargies, de plusieurs individus du même nom. Ainsi, dans la famille Levasseur, le prénom de Noël est régulièrement en usage pour désigner les membres s’adonnant à la sculpture. Les historiens de l’art ont donc fort à faire pour identifier les œuvres de Jean-Baptiste-Antoine Levasseur et des autres.

Quand on progresse dans la découverte des sculpteurs du xviiie siècle et de leurs réalisations, il devient évident qu’il vaut mieux analyser la production de chaque atelier de façon globale et la replacer dans une perspective continue. D’ailleurs, Jean-Baptiste-Antoine Levasseur et les autres sculpteurs de son époque auraient sans doute jugé inconvenant de personnaliser une œuvre puisque, selon eux, celle qui est belle se reconnaît et s’attribue d’elle-même.

Jean-Baptiste-Antoine Levasseur fut inhumé à Québec le 9 janvier 1775. De son mariage à Marie-Régis Cartier, sept enfants étaient nés dont un seul survécut. Cet unique descendant de la famille du sculpteur Noël Levasseur ne semble pas avoir exercé son activité dans le secteur de la sculpture sur bois.

Raymonde Gauthier

ANQ-Q, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Québec, 20 juin 1717, 10 avril 1747, 9 janv. 1775 ; Greffe de J.-N. Pinguet de Vaucour, 9 avril 1747. ASQ, Polygraphie, VI : 37 ; XXVI : 17. IBC, Centre de documentation, Fonds Morisset, Dossier J.-B.-A. Levasseur, dit Delor.— Recensement de Québec, 1744, 10. Tanguay, Dictionnaire, II : 569 ; V : 390s.— Mathieu, La construction navale, 95105. Morisset, Coup d’oeil sur les arts, 27s., 35, 162. Jean Palardy, Les meubles anciens du Canada français (Paris, 1963).— Marius Barbeau, Les Le Vasseur, maîtres menuisiers et statuaires (Québec, circa 1648–1818), Les Archives de folklore (Québec), 3 (1948) : 35–49.

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Raymonde Gauthier, « LEVASSEUR, Delor, JEAN-BAPTISTE-ANTOINE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/levasseur_jean_baptiste_antoine_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    28 novembre 2024