LEISER, SIMON, homme d’affaires, né le 9 avril 1851 à Kerpen (Allemagne), aîné des sept enfants de Moses Leiser et de Henrietta Lenz ; vers 1873, il épousa Caroline Lenz, et ils eurent cinq filles et un fils ; décédé le 12 mai 1917 à Vancouver.

Sa ville natale n’offrant guère de perspectives d’avenir à un jeune Juif, Simon Leiser fut placé à l’âge de 17 ans comme apprenti chez son oncle Jacob Lenz, à la Wisconsin Distilling Company de Madison, dans le Wisconsin. Lenz l’avait prévenu : « Des gentlemen, il n’y en a qu’en Allemagne. Ici il faut travailler dur. » Leiser ne le déçut pas. Arrivé en juillet 1868, il dirigeait trois ans plus tard deux magasins de l’entreprise de son oncle de même que le bureau de Chicago. Peu après, il épousa la fille de Lenz, Caroline.

En 1873, le jeune couple vint chercher fortune sur la côte ouest du Canada. Leiser ouvrit un commerce de café et d’épices à Victoria avec un associé. Cependant, la vie sédentaire ne lui plaisait pas. Un prospecteur avait découvert de l’or dans le lointain district de Cassiar, et Leiser obtint en 1874 un contrat pour l’aménagement d’une piste entre l’amont du fleuve Stikine et les placers. Ce contrat lui donnait le droit de prélever un péage de 0,02 $ la livre sur les marchandises qui circulaient sur la piste. Avec son beau-père, qui avait suivi le couple à Victoria, il établit également des postes de traite le long du chemin. En outre, il s’associa à un marchand de Victoria, Henry Gerke, pour faire du commerce en tous genres. À la fin de 1875, son frère Gustav, récemment arrivé d’Allemagne, l’aidait dans cette entreprise. Le 14 mars 1878, Leiser et Gerke mirent fin à leur association ; dès lors, le commerce fut exploité sous le nom de Simon Leiser.

En 1880, voyant que les gisements aurifères du district de Cassiar s’épuisaient, Leiser retourna à Victoria et s’établit comme grossiste en alimentation. Son entreprise prit le nom de Simon Leiser and Company en 1894. Grâce à la croissance de la population et de l’économie de la province, elle prospéra. Des succursales furent ouvertes dans des localités minières, dont Ladysmith, Wellington et Cumberland. C’était, disait-on, « la plus grosse entreprise du genre dans la province » ; elle avait même des clients dans le district de Kootenay, loin à l’est, et en Alaska. Pendant la ruée vers l’or, elle fournit une « grande partie » des provisions destinées aux mineurs du Klondike. L’imposant entrepôt de brique construit en 1896 au bas de la rue Yates témoignait de sa réussite. Simon Leiser se lança également dans l’industrie de la chasse au phoque : il exploita le schooner Wanderer dans les eaux du littoral nord jusqu’à ce que, en juin 1894, le gouvernement des États-Unis saisisse ce bateau et le Favorite. Par la suite, Leiser appartint au conseil d’administration de la Victoria Sealing Company.

À mesure qu’il s’enrichissait et gravissait les échelons de la société, Leiser se consacra à des œuvres philanthropiques et au développement de sa ville. Il mit sur pied la Victoria and Island Development Association. Membre du conseil du Bureau de commerce de Victoria durant 15 ans, il en devint vice-président en 1907 puis en fut président durant deux mandats. Ce fut en partie grâce à lui que l’on construisit l’Empress Hotel et les docks du Grand Tronc et que le gouvernement fédéral subventionna généreusement l’aménagement du port de Victoria. Leiser appartenait aussi au conseil du Royal Jubilée Hospital et fut le grand promoteur de la Victoria Opera House Company, qui promut et bâtit le Royal Victoria Theatre. À l’inauguration de cette salle de 1 200 places, le 29 décembre 1913, il prit la parole devant un auditoire où figuraient la bonne société de Victoria et le premier ministre de la province, sir Richard McBride.

Le 7 mai 1915, un sous-marin allemand torpilla un paquebot de la Cunard, le Lusitania ; 1 198 personnes périrent, dont un fils de James Dunsmuir. L’événement indigna toute l’Amérique du Nord. À Victoria, les commerces portant des noms allemands, y compris celui de la Simon Leiser and Company, furent saccagés, en dépit du fait que Leiser était citoyen britannique depuis 23 ans et que James Dunsmuir était actionnaire de cette compagnie.

Simon Leiser mourut subitement d’une hémorragie cérébrale au cours d’une visite à Vancouver en 1917. Membre du Temple Emanu-El et de la Vancouver-Quadra Lodge, il fut inhumé selon les rituels hébreu et maçonnique au cimetière juif de Victoria. Son entreprise fut vendue à une épicerie de gros, la Kelly Douglas and Company Limited. La maison des Leiser, rue St Charles, œuvre de Samuel Maclure*, fait maintenant partie des sites historiques de Victoria.

Cyril E. Leonoff

Mme A. L. (Dorothy) Schlesinger Jr, de La Nouvelle Orléans, une des petites-filles du sujet, possède une collection de lettres, que Simon Leiser et sa femme, Caroline Lenz, se sont échangées ; elle conserve aussi les traductions de ces lettres de l’allemand à l’anglais ainsi qu’un arbre généalogique de la famille. On trouve des copies de ces documents aux Jewish Hist. Soc. of British Columbia Arch., Vancouver.

Geoffrey Castle, « Venerable Royal Theatre survived trying times », Times-Colonist (Victoria), 12 janv. 1985 : A4.— Cumberland News (Cumberland, C.-B.), numéro souvenir, 24 mai 1899, 29 mai 1900.— Daily Colonist (Victoria), 2 mars, 29 déc. 1875, 3 avril 1878, 3 janv. 1894, avril 1896 (numéro spécial), 19 févr. 1897, 3 août 1898, 7 mars 1899, 30 déc. 1913, 11 mai 1915, 13 mai 1917, 8 déc. 1932 : 5, 11 juin 1935 : 5, 15 mai 1960 : 15.— J. [K.] Nesbitt, « Jim Nesbitt looks for bust of Simon Leiser », Daily Colonist, 25 juill. 1976 : 2.— Vancouver Daily World„ 7 déc. 1896.— Victoria Daily Times, 12 mai 1917.— Annuaire, C.-B., 1892 : 1172.— R. E. Gosnell, A history o[f] British Columbia (s.l., 1906).— The history of Temple Emanu-El (Victoria, [1983]).— The Jew in Canada : a complete record of Canadian Jewry from the days of the French régime to the present time, A. D. Hart, édit. (Toronto et Montréal, 1926).— Scholefield et Howay, British Columbia, 2 : 268–273.— Martin Segger, The buildings of Samuel Maclure : in search of appropriate form (Victoria, 1986) ; This old house : an inventory of residential heritage (Victoria, 1991).— Martin Segger et Douglas Franklin, Victoria : a primer for regional history in architecture (Watkins Glen, N.Y., et Victoria, 1979).— Victoria illustrated ; published under the auspices of the City of Victoria [...] (Victoria, 1891).

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Cyril E. Leonoff, « LEISER, SIMON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/leiser_simon_14F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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