LE ROUX (Leroux), THOMAS-FRANÇOIS, prêtre et missionnaire, né le 15 janvier 1730, probablement dans le diocèse de Tours en France décédé le 5 février 1794 à Memramcook, Nouveau-Brunswick.
Thomas-François Le Roux semble avoir été ordonné en 1756. Certains documents portent à croire qu’il fut membre de la Congrégation du Saint-Esprit. Hormis ce détail, rien ne nous renseigne sur son éducation ou sur ses activités religieuses en France. Il arriva au Canada tard en 1773 ou à l’été de 1774, répondant ainsi à l’invitation de Charles-François Bailly de Messein qui, avec l’appui de l’évêque de Québec, Mgr Briand, avait écrit au séminaire des Missions étrangères à Paris demandant l’aide du clergé français pour les missions acadiennes.
Dès son arrivée, on envoya Le Roux desservir une quinzaine de familles acadiennes à Havre-Aubert, aux îles de la Madeleine. Il se partageait entre cet avant-poste et les établissements acadiens de l’île du Cap-Breton et de l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard). Au bout de quelques années, Mgr Bi-land décida de l’envoyer à Memramcook, une mission sur la terre ferme. Il y arriva à l’automne de 1781 ou au printemps de 1782. Précédé dans la région par l’abbé Joseph-Mathurin Bourg, Le Roux, toutefois, est considéré comme le premier prêtre résidant à Memramcook. La paroisse fondée à cet endroit reçut le nom de son patron, saint Thomas.
Le climat de Memramcook était sans doute moins rigoureux que celui de Havre-Aubert, mais la mission n’en était pas moins exigeante. Elle couvrait une région d’une superficie d’environ 1600 milles carrés dont Le Roux visitait une bonne partie en canot, et où vivaient de pauvres cultivateurs et pêcheurs acadiens réunis dans les petits villages de Barachois, Cocagne, Grande-Digue, Shédiac, Le Coude (Moncton), Saint-Anselme, Petitcodiac et Minudie. En 1785, sa paroisse comptait environ 160 familles ou 960 personnes. Bien qu’on l’eût proposé pour remplacer l’abbé Bourg à Tracadièche (Carleton, Québec) cette année-là, Le Roux resta à Memramcook, surtout à cause de son âge, mais aussi parce que ses paroissiens désiraient conserver ses services. Il semble, toutefois, avoir été sévère à leur égard. En 1789, il faisait savoir à Mgr Hubert qu’il avait aboli « toutes les assemblées, les danses, les bals, les veillées, catéchisé deux et trois fois le jour, pendant l’hiver, jusqu’aux Pâques ». Pendant un certain temps, après son arrivée à Memramcook, Le Roux continua de desservir le village de Malpeque, sur l’île Saint-Jean, et, en 1788, il entra en conflit avec l’abbé William Phelan, missionnaire à Arichat, île du Cap-Breton, qui affirmait que l’île Saint-Jean relevait de sa juridiction. Il se peut que Le Roux ait continué à desservir l’île après 1788 mais, en 1791, il avait cessé d’y aller.
Au cours des années suivantes, Le Roux trouvait de plus en plus difficile de se rendre dans les villages de sa vaste mission. En 1791, Mgr Hubert l’invita à se retirer à l’Hôpital Général de Québec si son âge et ses infirmités ne lui permettaient plus de continuer son œuvre. Plus tard, sa vue commença de baisser et, en 1793, il pria son évêque de lui envoyer d’autres lunettes afin qu’il puisse dire la messe. Dans sa dernière lettre à Mgr Hubert, écrite de la main de l’abbé Bourg et datée du 17 juin 1793, il lui demande son remplacement. Il mourut alors qu’on l’invitait de nouveau à se retirer à Québec.
Le Roux fut enterré et exhumé deux fois avant que son corps reposât sous le sanctuaire de l’église Saint-Joseph, sur la rive ouest de la rivière Memramcook. Selon l’historien acadien Placide Gaudet*, il « avait la réputation d’un saint et on disait qu’il avait fait plusieurs miracles ». Thomas Power, un prêtre irlandais bilingue, lui succéda à Memramcook.
AAQ, 311 CN, III : 1–14 (copies au CÉA).— CÉA, Fonds Philias Bourgeois, 13.1–1 ; Fonds Placide Gaudet, 1.28–13 ; 1.51–14 ; 1.54–15 ; 1.66–5 ; 1.69–7 ; 1.72–5 ; 1.74–18 ; 1.75–5.— Allaire, Dictionnaire, I.— Caron, Inv. de la corr. de Mgr Hubert et de Mgr Bailly de Messein, ANQ Rapport, 1930–1931, 199–351 ; Inv. de la corr. de Mgr Mariaucheau D’Esgly, ANQ Rapport, 1930–1931, 185–198.— L.-C. Daigle, Les anciens missionnaires de l’Acadie ([Saint-Louis de Kent, N.-B., 1956]).— Tanguay, Répertoire.— Arsenault, History of Acadians.— [H.-R. Casgrain], Mémoire sur les missions de la Nouvelle-Écosse, du Cap Breton et de l’île dit Prince-Édouard de 1760 à 1820 [...]réponse aux « Memoirs of Bishop Burke » par Mgr O’Brien [...] (Québec, 1895).— Albert David, Les missionnaires du séminaire dit Saint-Esprit à Québec et en Acadie au xviiie siècle (Mamers, France, 1926).-Père Pacifique de Valigny [H.-J.-L. Buisson], Chroniques des plus anciennes églises de l’Acadie : Bathurst, Pabos et Ristigoitche, Rivière Saint-Jean, Memramcook (Montréal, 1944).
Della M. M. Stanley, « LE ROUX (Leroux), THOMAS-FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/le_roux_thomas_francois_4F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
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