LE MOYNE DE MARTIGNY, VITE-ADÉLARD, notaire, fonctionnaire, administrateur et homme d’affaires, né le 24 décembre 1826 à Varennes, Bas-Canada, fils du seigneur Jacques Le Moyne de Martigny et de Suzanne-Éléonore Perrault, et petit-fils de Joseph-François Perrault* ; le 20 août 1849, il épousa à Varennes Marie-Louise Perrault, puis, en 1855, Aglaé Globensky, fille du lieutenant-colonel Maximilien Globensky*, et enfin, le 25 octobre 1870, à Varennes, sa cousine Malvina Lemoine de Martigny ; décédé le 6 août 1908 à ce dernier endroit et inhumé le 10 août au cimetière de Notre-Dame-des-Neiges à Montréal.

Vite-Adélard Le Moyne de Martigny fit des études classiques au petit séminaire de Montréal de 1840 à 1842. Il choisit ensuite d’étudier le droit chez Joseph-Napoléon-Azarie Archambault, notaire à Varennes. Admis à la pratique du notariat en 1848, il exerça les fonctions de protonotaire du comté de Beauharnois de 1848 à 1876, de registrateur du même comté de 1856 à 1875, puis de registrateur du comté de Montréal de 1876 à 1903.

Entré également dans le monde de la finance, Le Moyne de Martigny s’y sentit très à l’aise. Quand la Banque des marchands du Canada ouvrit une succursale dans le village de Beauharnois en 1871, Le Moyne de Martigny en devint le directeur. Il occupa cette fonction jusqu’en 1875, année où il passa au Crédit foncier du Bas-Canada afin de remplacer Jean-Baptiste Lafleur aussi à titre de directeur. En 1877, la Banque Jacques-Cartier, fondée à Montréal en 1861, lui demanda de prendre la relève du caissier (directeur général) Edmond-Julien Barbeau, qui avait accepté en 1875 de redresser la comptabilité de la banque, faussée par l’ancien caissier Honoré Cotté. Ce dernier, en fonction depuis 1861, avait commencé en 1870 à falsifier les rapports que la banque devait fournir au ministère des Finances à Ottawa pour camoufler certaines transactions peu heureuses. Il haussait l’actif afin de donner l’impression que la banque était dans une meilleure position que celle où elle se trouvait en réalité. Le Moyne de Martigny conserva son poste jusqu’en 1895, tout en remplissant la charge d’administrateur de 1889 à 1897. Il apporta à l’établissement bancaire des compétences précieuses, une vaste expérience et une méthode de travail judicieuse. La banque ne fut pas rentable jusqu’en 1879. Une nouvelle politique fut mise en place peu après, et des contacts furent établis avec le milieu industriel francophone, grâce à de nouveaux administrateurs, dont Alphonse Desjardins*, homonyme du fondateur des caisses populaires Desjardins qui devait autoriser l’ouverture de près de 20 succursales durant son mandat de président de la banque. On réduisit les dépenses au minimum. L’actif passa de 1 759 945 $ à 5 831 769 $ entre 1879 et 1899, loin toutefois derrière celui de la Banque de Montréal. La Banque Jacques-Cartier représentait un élément important dans le milieu francophone de la province, mais elle s’avéra peu remarquable à l’échelle nationale.

Le Moyne de Martigny s’intéressa aussi à diverses compagnies. Il agit notamment à titre de président de la Compagnie du chemin de fer de Joliette et Saint-Jean de Matha, et d’administrateur de la Montreal Paper Mills Company. Propriétaire d’une usine de bois et de papier à Sorel, il possédait en plus des intérêts financiers à Coleraine, dans le comté de Mégantic. Peu après la faillite de la Banque du peuple à Montréal en 1895, il en devint un des liquidateurs. Il fit également partie d’une commission royale de cinq membres, dont Charles-Joseph Coursol*, chargée en 1882 d’enquêter sur le Bureau des commissaires d’écoles catholiques romains de la cité de Montréal, qui se voyait dans l’obligation de fermer l’école Montcalm et de licencier des professeurs. Les membres reçurent le mandat d’examiner une demande d’augmentation de taxes scolaires et d’analyser les problèmes généraux de l’administration scolaire de Montréal, où l’on croyait déceler de trop fortes dépenses. Le rapport de la commission d’enquête fut remis aux autorités gouvernementales en 1883.

Vite-Adélard Le Moyne de Martigny appartenait à une famille illustre ; il possédait une affabilité remarquable et une modestie qui ne pouvaient que lui valoir une grande considération. Durant ses dernières années de pratique, il avait été nommé percepteur des droits de succession. Son décès, survenu en 1908, fut très regretté chez ses confrères du notariat, dans le monde de la finance, du commerce, ainsi que dans celui de la politique.

Jean-Pierre Paré

AC, Montréal, État civil, Catholiques, Cimetière Notre-Dame-des-Neiges (Montréal), 10 août 1908.— ANQ-M, CE1-10, 24 déc. 1826, 20 août 1849, 25 oct. 1870.— Le Canada, 7 août 1908.— La Minerve, 28 déc. 1875, 19 juin 1879, 19 juin 1880, 17 juin 1881, 22 juin 1882, 21 juin 1883, 19 juin 1884, 19 juin 1885, 17 juin 1886, 16 juin 1887, 21 juin 1888, 21 juin 1889, 19 juin 1890, 18 juin 1891, 17 juin 1892, 22 juin 1893, 21 juin 1894, 20 juin 1895, 18 juin 1896.— La Presse, 7 août 1908, 16 mars 1909.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 2.— André Labarrère-Paulé, les Instituteurs laïques au Canada français, 1836–1900 (Québec, 1965).— Ronald Rudin, Banking en français : les banques canadiennes-françaises de 1835 à 1925 (Montréal, 1988).

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Jean-Pierre Paré, « LE MOYNE DE MARTIGNY, VITE-ADÉLARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/le_moyne_de_martigny_vite_adelard_13F.html.

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Auteur de l'article:    Jean-Pierre Paré
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    28 novembre 2024