LE COURTOIS, FRANÇOIS-GABRIEL, prêtre et eudiste, né le 29 août 1763 à Tirepied, France, fils de Jacques Courtois et de Marguerite Le Ménager ; décédé le 18 mai 1828 à Saint-Laurent, île d’Orléans, Bas-Canada.

François-Gabriel Le Courtois aurait commencé ses études au collège tenu par les eudistes à Avranches, en France. En 1784, il fit son entrée chez les eudistes et poursuivit sa formation à Valognes. Ordonné prêtre à Bayeux le 21 septembre 1787, il fut agrégé à la Congrégation de Jésus et Marie (eudistes) l’année suivante. Puis il enseigna la philosophie au collège de Valognes.

Pendant la Révolution française, Le Courtois refusa de prêter le serment de fidélité à la Constitution civile du clergé tel que l’Assemblée nationale constituante l’exigeait depuis le 1er octobre 1791. Il s’exila en Angleterre en octobre 1792, où il rejoignit plusieurs de ses confrères. Deux ans plus tard, par l’entremise de Jean-François de La Marche, évêque de Saint-Polde-Léon, et à la demande de Mgr Jean-François Hubert*, évêque de Québec, Le Courtois fut envoyé au Bas-Canada. Il arriva à Québec en juin 1794 en compagnie des abbés Louis-Joseph Desjardins*, dit Desplantes, Jean-Denis Daulé* et Jean-Baptiste-Marie Castanet*.

Après avoir passé quelques jours au séminaire de Québec, Le Courtois se vit confier la desserte de la paroisse Saint-Philippe-et-Saint-Jacques à Saint-Vallier. Dès le 18 septembre, il fut muté à Saint-Nicolas, où il exerça un fructueux ministère pendant quatre ans. En 1798, Le Courtois demanda une cure plus étendue. Mgr Hubert lui assigna Rimouski, les postes du roi et la mission des Montagnais. La desserte de ce territoire était loin d’être une sinécure. Outre Rimouski, Le Courtois devait parcourir le territoire qui s’étendait de Trois-Pistoles à Sainte-Anne-des-Monts sur la rive sud, de même que la région du Saguenay, du Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord. Les distances étaient énormes et les moyens de transport bien rudimentaires, de quoi effrayer les plus intrépides. En mai 1799, Le Courtois signa son premier acte dans les registres de Tadoussac. L’année suivante, il se rendit au delà de Natashquan, sur la Basse-Côte-Nord, et il y rencontra des Indiens dont plusieurs n’avaient jamais vu de prêtre. Au cours de ses tournées missionnaires, sa difficulté à communiquer avec les Montagnais dont il ne connaissait pas la langue lui fit craindre de mal exercer son ministère. Comme ses prédécesseurs, les pères jésuites, il dut aussi lutter contre la vente de l’eau-de-vie aux Amérindiens.

En 1806, l’évêque de Québec, Mgr Joseph-Octave Plessis, confia à Le Courtois la cure de Saint-Étienne, à La Malbaie. Ce dernier entra en fonction le 10 janvier 1807. Premier prêtre résidant dans cette paroisse, il s’affaira à parachever l’église, qu’il embellit constamment par la suite. Il fit venir de France à ses frais tout l’or nécessaire pour dorer l’église et la dota d’une énorme lampe, d’un bénitier, d’un ostensoir et de burettes, le tout en argent massif.

Malgré les apparences, Le Courtois était de santé délicate. Déjà à son arrivée au pays il souffrait de grandes infirmités. En 1808, Mgr Plessis lui demanda expressément de se faire soigner et de ménager ses forces. Le prélat ajoutait : « C’est ce que nous avons peine à comprendre, nous, hommes de fort tempérament qui nous croyons toujours au-dessus du mal. » Quatre ans plus tard, l’évêque de Québec envoya un diacre passer l’hiver avec lui pour qu’il l’initie au ministère auprès des Indiens.

En septembre 1822, François-Gabriel Le Courtois se jugeant incapable de bien desservir sa paroisse, demanda à Plessis de lui donner une cure moins grande. En novembre, l’archevêque lui assigna la paroisse Saint-Laurent, à l’île d’Orléans. Plessis la lui offrait à la condition qu’il aille de temps en temps visiter les Indiens de la région du Saguenay. Le Courtois se mit donc à la tâche, mais son zèle fut vite contrecarré par ses infirmités grandissantes. Il se vit contraint de résigner sa cure en 1827 et demanda la permission de loger au presbytère de la paroisse Saint-Roch, à Québec. Au printemps de 1828, il retourna à Saint-Laurent chez un de ses paroissiens pour tâcher de refaire sa santé. Il y mourut le 18 mai de la même année.

Basile J. Babin

AD, Manche (Saint-Lô), État civil, Tirepied, 29 août 1763.— ANQ-Q, CE1-10, 21 mai 1828.— Allaire, Dictionnaire.— Caron, « Inv. de la corr. de Mgr Denaut », ANQ Rapport, 1931–1932 ; « Inv. de la corr. de Mgr Hubert et de Mgr Bailly de Messein », ANQ Rapport, 1930–1931 ; « Inv. de la corr. de Mgr Panet », ANQ Rapport, 1933–1934 ; « Inv. de la corr. de Mgr Plessis », ANQ Rapport, 1927–1928 ;1928–1929.— Arthur Buies, le Saguenay et la Vallée du lac St. Jean (Québec, 1880).— Dionne, les Ecclésiastiques et les Royalistes français.— Charles Guay, Chronique de Rimouski (2 vol., Québec, 1873–1874).— J.-D. Michaud, Le Bic, les étapes d’une paroisse (2 vol., Québec, 1925–1926).— É.-T. Paquet, Fragments de l’histoire religieuse et civile de la paroisse Saint-Nicolas (Lévis, Québec, 1894).— J.-E. Roy, Hist. de Lauzon.— René Bélanger, « les Prêtres séculiers du diocèse de Québec, missionnaires au Domaine du roi et dans la seigneurie de Mingan, de 1769 à 1845 », SCHEC Rapport, 23 (1955–1956) : 13–23.— Émile George, « À travers vingt-cinq années d’apostolat, les eudistes au Canada, 1896–1916 », Rev. acadienne (Montréal), 1 (1917) : 153–155.— J.-C. Taché, « Forestiers et Voyageurs ; étude de mœurs », les Soirées canadiennes ; recueil de littérature nationale (Québec), 3 (1863) : 125–128.

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Basile J. Babin, « LE COURTOIS, FRANÇOIS-GABRIEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/le_courtois_francois_gabriel_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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