LARTIGUE, JOSEPH, pêcheur, marchand, conseiller, juge, né vers 1683 en Armagnac, France, décédé le 28 mai 1743 à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton). Il épousa Jeanne Dhiarse (d’Hiarse, Dihars), fille d’un pêcheur de Plaisance (Placentia, T.-N.), qui lui donna quatre fils et cinq filles. Une de ses filles épousa Léon Fautoux et une autre, Michel Rodrigue.*

Nous ignorons à quel moment Joseph Lartigue émigra à Plaisance, peut-être à titre d’engagé. Son nom figure pour la première fois dans les registres de la colonie en 1708, année où on lui octroya le contrat d’approvisionner l’expédition menée par Saint-Ovide [Monbeton], contre les forts anglais de St John’s, Terre-Neuve. Il fallut à Lartigue de nombreuses années de démarches pénibles pour réussir à se faire payer et, bien qu’il eût fini par recevoir un montant substantiel de la couronne, sa femme essayait encore en 1752 de recouvrer les 2 800# que Saint-Ovide devait encore semble-t-il.

Lartigue prétendait qu’il avait été « sans contredit un des mieux Etablis [à Plaisance] ». Sa situation à l’île Royale, où il se rendit en 1714 avec la colonie de Plaisance, vient confirmer cette affirmation. Son domaine principal à Louisbourg était situé dans un endroit privilégié, au pied du glacis intérieur du bastion du Roi, et on le disait « le plus beau de la ville ». En 1719, il possédait 6 chaloupes et employait 20 hommes et on le comptait parmi les plus importants pêcheurs de la ville ; au début des années 1720, il semble avoir abandonné la pêche en faveur du commerce. En 1726, il avait 12 hommes à son emploi et 2 vaisseaux engagés dans le commerce. Il loua deux entrepôts à la couronne de même qu’un espace au tribunal de l’Amirauté.

Ayant acquis depuis 1715 une certaine expérience du droit comme greffier, il fut nommé au Conseil supérieur en 1723 et gardien des sceaux de la colonie en 1731. Il devint, en 1734, le premier et le seul juge du bailliage de Louisbourg, sur recommandation du gouverneur, Saint-Ovide, et du commissaire ordonnateur, Sébastien-François-Ange Le Normant* de Mézy, qui le dépeignit de façon peut-être un peu flatteuse, comme un « très bon sujet remply de probité et de droiture ». Tout au long de son séjour à Louisbourg, Lartigue montra une remarquable propension à construire dans des endroits sur le point d’être expropriés pour le service du roi. La couronne remplaçait la propriété expropriée par d’autres emplacements semblables dans d’autres secteurs, mais il se plaignait toujours d’y perdre et il se peut que les postes qui lui furent accordés le furent partiellement à titre de compensation. En fait, la majeure partie de la documentation que nous possédons sur Lartigue consiste dans la volumineuse correspondance qu’il échangea avec le ministère de la Marine et dans laquelle il cherchait à faire redresser les torts que lui avaient causés les expropriations et se plaignait d’avoir été victime de Saint-Ovide et de Philippe Pastour* de Costebelle au moment de l’expédition de St John’s, en 1709.

Bernard Pothier

AN, Col., B, 55, f.557v. ; 61, ff.602–602v. ; 89, f.320 ; C11B, 1, ff.514–517 ; 6, f.158 ; 14, ff.398–399v., 400–401v. ; 15, ff.52–59 ; 17, ff.289–290 ; 18, ff.332–335 ; 19, ff.64–66v., 265–268 ; 20, ff.288–289 ; Col., E, 258 (dossier Lartigue) ; Section Outre-Mer, G1, 407 (29 mai 1743) ; G3, 2 038, 2 039, 2 041, 2 043, 2 046, 2 055–2 058.— Robert Le Blant, Un colonial sous Louis XIV : Philippe de Pastour de Costebelle, gouverneur de Terre-Neuve puis de l’île Royale, 1661–1717 (Paris, Dax, 1935), 227–230.

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Bernard Pothier, « LARTIGUE, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lartigue_joseph_3F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
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