LAHAILLE, JEAN-BAPTISTE (baptisé Jean), prêtre, supérieur du séminaire de Québec et vicaire général, né le 22 octobre 1750 à Tarbes, France, fils de Joseph Lahaille, marchand et orfèvre, et de Barthelemie Grabot ; décédé le 24 mai 1809 à l’Hôpital Général de Québec.

Les collèges de France sous l’Ancien Régime recrutaient leurs élèves dans les familles bourgeoises, dont celles des orfèvres qui comptaient parmi les plus importantes. Il n’est donc pas surprenant que Jean-Baptiste Lahaille ait fréquenté le collège de La Madeleine à Bordeaux. Il y fait de bonnes études et obtient le baccalauréat puis la maîtrise ès arts à l’âge de 21 ans. De 1771 à 1774, il poursuit des études en théologie et reçoit la tonsure et les ordres mineurs. En 1775, l’abbé de l’Isle-Dieu, vicaire général de l’évêque de Québec à Paris, écrit au séminaire de Québec que Lahaille, désireux de partir pour les missions, a accepté d’aller dans la province de Québec. Celui-ci arrive la même année, avec la permission du gouverneur Guy Carleton, en compagnie d’un autre jeune clerc bordelais, Arnauld-Germain Dudevant*. Leur entrée au pays constitue vraiment une exception puisque, depuis la Conquête, le gouvernement britannique interdit au clergé canadien de recruter des prêtres en France. Tandis que son compatriote retournera en France dès 1783, Lahaille passera le reste de sa vie à Québec, même s’il est tenté à quelques reprises de rentrer dans son pays d’origine ou d’aller dans les missions en Inde. En 1799, il demande des lettres de naturalisation afin de rester au pays sans être inquiété par les autorités britanniques qui, en cette période troublée par les guerres de la Révolution française, surveillent de près les étrangers et surtout les Français résidant au pays.

Lahaille est ordonné prêtre le 20 août 1777 par Mgr Briand* et agrégé au séminaire de Québec la même année. Il enseigne la philosophie au petit séminaire de 1775 à 1778 puis professe au grand séminaire. Bien qu’il soit impossible, faute de sources, d’évaluer l’enseignement de Lahaille, il faut souligner son grand intérêt pour les sciences. Il possède des instruments de physique et un graphomètre, et durant les vacances d’été au « cotteau Fortin » ou Petit Cap (cap Tourmente, Québec) il se sert de son microscope pour initier les élèves à la méthode expérimentale. Lahaille complète ses connaissances scientifiques par l’intermédiaire du docteur John Mervin Nooth*, ancien surintendant des hôpitaux en Amérique du Nord britannique, qui, après son retour en Angleterre en 1799, renseigne l’ecclésiastique sur les expériences récentes effectuées à la Royal Society de Londres.

Comme le nombre de prêtres agrégés au séminaire est fort restreint, Lahaille se consacre davantage à l’administration qu’à l’enseignement. Il occupe les postes de directeur du petit et du grand séminaire, et de procureur, avant de remplir la fonction de supérieur de 1805 à 1809. En ce début du xixe siècle, le séminaire fait face à un sérieux problème de recrutement, difficile à résoudre puisque Mgr Denaut qui manque de prêtres pour desservir les paroisses refuse de permettre l’agrégation de prêtres au séminaire. À ce problème se greffe celui de l’autorité diocésaine contestée par Lahaille, qui n’admet pas l’ingérence de cette dernière dans les affaires du séminaire. Attitude qui n’eut pas l’heur de plaire à Denaut. La situation s’améliore sous l’épiscopat de Mgr Plessis*, bien que ce dernier partage les idées de son prédécesseur. Plessis ramène Lahaille à de meilleures dispositions, et ce en laissant agréger quelques prêtres au séminaire, en nommant Lahaille vicaire général, le 12 juin 1806, et en établissant sa résidence au séminaire même.

Jean-Baptiste Lahaille était reconnu autant pour sa modération, pour son jugement et sa prudence que pour son activité intellectuelle. Sa modestie et sa délicatesse exemplaires empêchèrent que les prêtres canadiens ne prennent ombrage de ce Français, le dernier d’ailleurs, à la direction du séminaire. Lahaille était depuis septembre 1789 l’un des confesseurs des ursulines de Québec ainsi que des religieuses de l’Hôtel-Dieu et de l’Hôpital Général, où il s’éteignit après avoir vu venir la mort en toute sérénité ; il fut inhumé dans la chapelle du séminaire.

Claude Galarneau

AAQ, 210 A, II : f.193 ; IV : f.11 ; 516 CD, 1, 25 mai 1809.— AD, Hautes-Pyrénées (Tarbes), État civil, Tarbes, 22 oct. 1750.— ASQ, Lettres, M, 57, 58, 61, 157, 205, 209, 256, 723, 724 ; T, 80, 85 ; mss, 12 : f.45 ; 433 ; Polygraphie, VIII : 63 ; XII : 6 ; XVII : 22–29.— Le séminaire de Québec (Provost), 455.— L’Abeille (Québec), 8 mars 1861.— Le Canadien, 27 mai 1809.— La Gazette de Québec, 25 mai 1809.— Caron, « Inv. de la corr. de Mgr Briand », ANQ Rapport, 1929–1930 : 116 ; « Inv. de la corr. de Mgr Denaut », 1931–1932 : 238s. ; « Inv. de la corr. de Mgr Hubert et de Mgr Bailly de Messein », 1930–1931 : 215 ; « Inv. de la corr. de Mgr Panet », 1933–1934 : 235 ; « Inv. de la corr. de Mgr Plessis », 1927–1928 : 267 ; 1932–1933 : 23, 26, 37, 64.— Claude Galarneau, « L’enseignement des sciences au Québec et Jérôme Demers (1765–1835) », Mélanges d’histoire du Canada français offerts au professeur Marcel Trudel (Ottawa, 1978), 86, 89.— Lemieux, L’établissement de la première prov. eccl., 144.— J.-E. Roy, Souvenirs d’une classe au séminaire de Québec, 1867–1877 (Lévis, Québec, 1905), 137.

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Claude Galarneau, « LAHAILLE, JEAN-BAPTISTE (baptisé Jean) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lahaille_jean_baptiste_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    28 novembre 2024