LA CORNE DE CHAPTES, JEAN-LOUIS DE, lieutenant de roi à Montréal, né le 23 octobre 1666 à Chaptes, dans la commune de Beauregard-Vendon (Puy-de-Dôme), de Luc de La Corne et d’Antoinette d’Allemagne, décédé le 6 mai 1732, à Montréal.

En 1685, la Nouvelle-France accueillait un jeune militaire issu d’une famille noble d’Auvergne, le sous-lieutenant de La Corne. Agé seulement de 19 ans, il avait déjà perdu un oeil à la guerre. En 1691, Buade* de Frontenac lui accordait une commission de lieutenant qui reçut la sanction royale le 1er mars 1693, année où il fut blessé à la cuisse, en combattant. Le 4 juin 1698, il obtint un congé d’un an en France que l’on renouvela les 25 mai 1699 et 8 juin 1701.

En 1704, on le retrouve au fort Frontenac (Kingston, Ont.), aux prises avec les Outaouais agresseurs des Iroquois qui ont planté leurs tentes non loin de Cataracoui. Soupçonnant La Corne d’avoir été, dans cette affaire, un agitateur, Louis XIV suspend l’avancement de celui qu’il avait toujours considéré, jusque-là, « comme un bon officier ». Mais les autorités de la colonie ont vite fait de l’innocenter et, sur leur demande pressante, il est promu capitaine le 27 mai 1706. L’année précédente, selon Gédéon de Catalogne, Jean-Louis de La Corne aurait perdu le commandement du fort Frontenac pour avoir fait saluer à coups de canon Lamothe Cadillac [Laumet] alors en brouille avec le gouverneur Rigaud de Vaudreuil. Dès le 15 novembre 1707, ce dernier et Jacques Raudot sollicitent pour La Corne une croix de chevalier de Saint-Louis, assurant le ministre qu’il s’agit d’ « un très bon et brave offer et qui est tout couvert de blessures ». Cependant, le roi mettra un peu plus de cinq ans à lui accorder la décoration.

En 1712, par l’entremise de Vaudreuil, La Corne suppliait en vain le roi de lui accorder le commandement du fort Chambly. En revanche, il devenait major de Trois-Rivières le 12 mai 1714, et major des troupes coloniales, à Québec, le 27 avril 1716. Dans un document daté de 1722, on relève ce commentaire favorable de Vaudreuil sur La Corne : « Il mène une vie fort réglée, s’acquitte très bien de son emploi de major des troupes. Il a reçu plusieurs blessures dont une lui a fait perdre un oeil et une autre l’a estropié d’un bras et il est capable de marcher partout où on voudra l’employer ». Aussi, le 8 février 1724, le roi accorde-t-il à l’officier mutilé une pension de 400, et la lieutenance de roi à Montréal, le 23 avril 1726. Quelques mois après cette dernière promotion, La Corne informait le nouveau gouverneur, Charles de Beauharnois*, que les Anglais avaient incité les Cinq-Nations à détruire le fort français de Niagara. Puis, le 13 février 1731, il rédigeait un mémoire, qui fut transmis au ministre, sur la nécessité d’établir un poste à la Pointe-de-la-Couronne, au lac Champlain. À l’automne de cette même année, Beauharnois vantait l’officier, le disant un homme excellent, actif, vigilant et aimant le service. Mais son dévouement au roi semble avoir rapporté à La Corne plus de blessures et de louanges que de fortune. En effet, il mourut le 6 mai 1732 en laissant sa femme dans le besoin. Marie Pécaudy de Contrecœur, qu’il avait épousée le 11 juin 1695, devait au séminaire de Québec, en 1734, 450# « pour pension de Mrs ses enfants ».

Jean-Louis de La Corne de Chaptes fut le fondateur d’une des plus importantes familles de la Nouvelle-France et quatre de ses fils devinrent chevaliers de Saint-Louis.

Céline Dupré

AN, Col., C11A, 120, ff126v., 127ss.— ASQ, mss, 132, 133 ; Polygraphie, XXII : 28 ; Séminaire, V : 57.— Coll. de manuscrits relatifs à la N.-E, I : 607.— Correspondance de Vaudreuil, RAPQ, 1938–39 : 66, 80, 95, 127, 1939–40 : 402 ; 1947–48 : 183, 226, 260, 270.— Lettres de noblesse (P.-G. Roy), I : 217–260.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), IX.— P.-G. Roy, Inv. concessions, II, IV, passim ; Inventaire des papiers de Léry conservés aux Archives de la province de Québec (Québec, 1939), I : 172s.— Taillemite, Inventaire analytique, série B, I.— P.-G. Roy, Les officiers d’état-major, 113–116.— Fauteux, Les Chevaliers de Saint-Louis, 106.— Emmanuel de Cathelineau, Gens d’Auvergne en Canada le sieur de Vernerolles et ses amis, NF, III (1927–28) 157–161 ; Gens d’Auvergne en Canada : l’abbé de La Corne, généalogiste, NF, IV (1929) : 259–282.— J.-J. Lefebvre, Luc Lacorne de Saint-Luc, RAPQ, 1947–48 : 31.

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Céline Dupré, « LA CORNE DE CHAPTES, JEAN-LOUIS DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/la_corne_de_chaptes_jean_louis_de_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    1 décembre 2024