KOENIG (König, von König), EDMOND-VICTOR DE, baron de KOENIG, officier, médecin et instituteur, né en 1753 à Osterwieck (République démocratique allemande), fils d’Edmund von König, baron von König, et de Louise-Émilie Rudolfi ; vers 1782, il épousa, probablement à Québec, Marie-Louise Jean, puis le 24 mai 1819, à Saint-Jean-Port-Joli, Bas-Canada, Marie-Céleste Guichard, dit Bourguignon ; décédé le 17 juillet 1833 à L’Islet, Bas-Canada.

Edmond-Victor de Koenig appartient à une famille importante de Prusse. Son père était électeur du duché de Brunswick et colonel de cavalerie. Très tôt, et comme deux de ses frères d’ailleurs, Edmond-Victor est amené à suivre les traces de son père et à embrasser la carrière des armes. Dès l’âge de 12 ou 13 ans, il fait son entrée dans l’armée. La révolte des colonies américaines en 1775 incite l’Angleterre à faire appel à des troupes allemandes. C’est dans ces circonstances que Koenig arrive à Québec en 1776 à titre de lieutenant dans les troupes commandées par le major général Friedrich Adolph Riedesel. Au cours de la guerre, il est blessé d’un coup de feu au bras droit, à Stillwater, dans l’état de New York. Le 21 juillet 1783, à la fin des hostilités, il obtient son congé de l’armée.

Conscient que les occasions d’avancement seraient rares en Europe, Koenig décide de s’établir à Québec. Pendant plusieurs mois, il essaie vainement d’obtenir un emploi et finalement, découragé et à bout de ressources, il songe un instant à retourner dans son pays. Cependant, il se ravise et, vers 1786, préfère tenter sa chance à la campagne comme médecin. C’est à cette époque qu’il aurait abjuré le luthéranisme pour embrasser la foi catholique. Il demeure un certain temps dans la région de Saint-Roch-des-Aulnaies et de Sainte-Anne-de-la-Pocatière (La Pocatière), puis il s’établit définitivement à L’Islet.

La situation matérielle de Koenig est alors des plus précaires. Pour assurer la subsistance de sa famille, qui compte huit enfants en 1803, il doit s’endetter. La même année, un inventaire de ses biens illustre sa piètre situation. Il ne possède aucune propriété immobilière ou foncière, ses biens valent moins de 2 000# tandis que ses dettes se montent à 1 650#. Pour améliorer sa condition financière, Koenig cherche à récupérer, dès 1799, les héritages qui lui sont dus en Europe. Malgré des efforts sans cesse renouvelés, il semble n’avoir reçu qu’une partie seulement des sommes importantes qui lui ont été léguées. En 1840, sept ans après son décès, cette question n’est toujours pas réglée.

Koenig cherche également, en se basant sur ses états de service, à obtenir du secours de la part du gouvernement. Ses démarches sont vaines jusqu’à ce qu’il reçoive 2 400 acres de terre en 1800. Dix ans plus tard, à titre de récompense pour ses 18 années de service dans l’armée, le gouverneur sir James Henry Craig* lui procure le poste d’instituteur à L’Islet, dans une école mise sur pied en vertu de la loi de 1801 créant l’Institution royale pour l’avancement des sciences. Cette « petite place » lui rapporte annuellement £60 jusqu’en 1822. Parla suite, une pension lui est versée en tant qu’instituteur à la retraite jusqu’au 10 octobre 1831. Le manque de fonds oblige alors l’Institution royale à supprimer cette rente. Une enquête faite en 1820 permet de connaître le fonctionnement de l’école que Koenig tient dans sa maison. L’enseignement est gratuit et se fait en français. Ces conditions n’empêchent toutefois pas le nombre d’élèves de varier constamment. Le catéchisme est la matière la plus enseignée. Comme méthode, Koenig utilise le système d’enseignement mutuel élaboré par Joseph Lancaster*.

À l’instar de plusieurs de ses compatriotes, Edmond-Victor de Koenig s’est intégré très rapidement à la population francophone. Toutefois, le bilan de sa vie reste incertain. Il a constamment vécu dans la pauvreté et ses capacités de médecin et de maître d’école peuvent être mises en doute. Il n’a jamais obtenu de licence lui permettant de pratiquer la médecine et sa nomination comme instituteur est plutôt une récompense qu’une reconnaissance de ses talents. D’ailleurs, comble de malheur pour un instituteur, ses enfants ne sauront même pas signer leur nom ! Ce dernier point ne manque pas d’étonner leurs cousins d’Europe qui ont peine à concevoir qu’une telle déchéance ait pu se produire.

Renald Lessard

ANQ-Q, CE1-1, 22 sept. 1783, 17 janv. 1785 ; CE2-3, 1er févr. 1798, 4 sept. 1802, 19 juill. 1833 ; CE2-18, 24 mai 1819 ; CE2-25, 23 janv. 1786, 20 janv. 1787, 23 nov. 1793 ; CE3-12, 21 août 1786, 15 janv., 22 nov. 1788, 7 nov. 1790 ; CN1-188, 27 juill. 1827 ; CN1-224, 20 nov. 1789 ; CN1-230, 26 août 1816, 23–24 juill. 1817 ; CN2-7, 9 août 1799, 12–13 mai 1803 ; CN2-12, 17 janv. 1820, 26 juin 1830 ; CN2-48, 21 déc. 1818, 15 mai 1819, 7 févr., 26 mars 1821, 13 sept., 28 oct., 9 nov. 1822, 13 déc. 1825, 31 déc. 1827, 22 déc. 1828, 26 janv. 1829, 15 avril 1831, 28 févr. 1833, 5 août 1835 ; CN3-11, 12 nov. 1782.— APC, RG 1, L3L : 94259–94262 ; RG 4, A3, 2 ; RG 31, C1, 1831, L’Islet.— BL, Add. mss 21735 : 593 ; 21812 : 200 ; 21879 :132.— PRO, WO 17/1570 (mfm aux APC).— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 1810–1811, app. B.— L.-P. Audet, le Système scolaire, 3 : 140 ; 4 : 120, 126, 217, 252, 254, 258.— Maurice Koenig, « la Famille Koenig en Canada ; un baron allemand allié à deux familles canadiennes-françaises », SGCF Mémoires, 16 (1965) : 269–270.— P.-G. Roy, « le Baron Edmond-Victor von Koenig », BRH, 23 (1917) : 316–318.

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Renald Lessard, « KOENIG (König, von König), EDMOND-VICTOR DE, baron de KOENIG », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/koenig_edmond_victor_de_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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