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KENNEDY, WILLIAM COSTELLO, homme d’affaires et homme politique, né le 27 août 1868 à Ottawa, fils de William Kennedy et de Julia Costello ; le 8 mai 1907, il épousa à Detroit Glencora Bolton, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 17 janvier 1923 à Naples, Floride, et inhumé à Windsor, Ontario.
Avant 1871, William Costello Kennedy s’installa à Toronto avec sa famille. Son père, teneur de livres, obtint un poste de messager à l’Assemblée législative. William Costello étudia dans des écoles catholiques et au De La Salle Institute, et fut page à l’Assemblée. En 1887, il trouva une place de commis à la London and Canadian Loan and Agency Company. Membre du Toronto Rowing Club, cet athlète né devint l’un des rameurs les plus réputés de la ville et un habile joueur de crosse.
En 1897, Kennedy accepta un emploi dans l’industrie du pétrole et du gaz du sud-ouest de l’Ontario. Comme il avait l’instinct des affaires, ce secteur se révéla lucratif pour lui, même s’il n’y connaissait rien au début. Sagace et discipliné, il fut secrétaire-trésorier de la United Gas and Oil Company of Ontario Limited (juridiquement constituée en 1900) et, de 1908 à 1917, président de la Windsor Gas Company Limited. Il investit dans diverses entreprises commerciales des deux côtés de la rivière de Detroit – avant 1910, il vécut pendant quelques années à Detroit – et contribua peut-être à la mise sur pied de l’industrie pétrolière dans l’Oklahoma. Sa participation à la vie publique lui apporta aussi la notoriété. Élu deux fois à la présidence du Bureau de commerce de Windsor (en 1909 et en 1910), il appartint au bureau d’Éducation de 1913 à 1918 et au conseil d’une municipalité voisine, Ojibway, de 1913 à 1923. En outre, il prit part à la fondation de la Children’s Aid Society de Windsor, dont il fut trésorier. Il était l’un des piliers de la paroisse catholique St Alphonsus.
Kennedy s’aventura pour la première fois sur la scène fédérale en 1911 en se présentant à l’assemblée de mise en candidature des libéraux dans la circonscription d’Essex North. Comme la réunion n’aboutissait pas, il convainquit son plus sérieux rival de se désister avec lui en faveur d’un candidat de compromis (qui, en fin de compte, perdit au profit de son adversaire conservateur). En 1915, des rumeurs d’élections amenèrent les libéraux à choisir Kennedy à l’unanimité, mais le scrutin fut reporté à cause de la Première Guerre mondiale, et Kennedy dut attendre la convocation des élections à la fin de 1917. Il affronta alors le conservateur unioniste Ernest Solomon Wigle, ex-commandant du 99th Infantry Battalion. Bien que, avec ses états de service outre-mer, Wigle ait eu des chances de gagner la faveur populaire, le plus grand sujet de préoccupation de Kennedy, comme de tout candidat libéral au Canada anglais, était la conscription, mise en vigueur en août par le gouvernement d’union de sir Robert Laird Borden* malgré l’opposition de sir Wilfrid Laurier*. Toujours fidèle à son parti, Kennedy appuya Laurier, mais il se garda une marge de manœuvre. Tout en critiquant la manière dont le gouvernement appliquait la Loi concernant le service militaire, surtout dans le cas des fermiers, il ne s’en prit pas à la loi elle-même, car il était certain que la conscription était le meilleur moyen de mettre fin aux hostilités.
Pendant la campagne, Kennedy se fit accuser de déloyauté et dut envisager la probabilité d’un fort vote militaire en faveur de Wigle. Toutefois, sa candidature était soutenue par le puissant appareil qui, à grand renfort de slogans patriotiques, faisait la promotion des emprunts de la Victoire sous la direction de Gordon Morton McGregor, chef de l’usine locale Ford et fervent partisan de Laurier. Kennedy remporta l’élection par 446 voix. Laurier le nomma critique de l’opposition en matière de finances, ce qui était tout indiqué pour un homme d’affaires de son calibre. Même si Kennedy n’aimait guère les échanges musclés auxquels on se livrait à la Chambre des communes, ce rôle lui donna l’occasion de se mettre en valeur et de perfectionner ses talents pour l’exposition des faits. Dans son premier discours aux Communes, consacré au budget de 1918, il montra qu’il savait jongler avec les chiffres. Il fit voir que la vente des emprunts de la Victoire coûtait des sommes exorbitantes et se porta à la défense de l’ouvrier en critiquant les récentes fusions bancaires et le projet de taxe sur le thé. Avec un humour dévastateur, il dénonça les groupes qui courtisaient le cabinet et se dit indigné du fait que le ministre des Finances, sir William Thomas White*, habite aux États-Unis. Ses responsabilités de critique ne l’amenaient cependant pas à négliger sa circonscription. Ainsi, il obtint que les résidents de la région de Windsor travaillant à Detroit soient exemptés de l’impôt sur le revenu dont les Américains les frappèrent en 1919.
Après le décès de Laurier en février 1919, Kennedy soutint la candidature de William Lyon Mackenzie King* à la direction du parti et ne tarda pas à nouer « d'étroits liens d'amitié » avec le nouveau chef. Il demeura critique des finances et aida à organiser la tournée de King dans l'Ouest canadien en 1920. Aux élections de décembre 1921, les libéraux prirent le pouvoir. Kennedy, lui, récolta une majorité remarquable de 7 197 voix dans Essex North grâce à une campagne dominée par l'appui vigoureux de Gordon Morton McGregor à la politique tarifaire des libéraux. King tenait tellement à confier un portefeuille à Kennedy – il songea d'abord aux Travaux publics – que, à l'encontre de la tradition, il nomma deux catholiques au cabinet, soit Kennedy à titre de ministre des Chemins de fer et Canaux et Charles Murphy* en qualité de maître général des Postes. Certes, Kennedy n'avait pas une grande expérience des Communes, mais rien ne l'attachait aux sociétés ferroviaires, ce qui était un atout.
Kennedy prit donc la tête d’un ministère qui avait toutes les allures d’un terrain miné : réclamations en faveur d’une baisse du prix du transport des marchandises, renouvellement de l’entente de la passe du Nid-du-Corbeau, menace d’une grève nationale des chemins de fer, pour ne mentionner que celles-là. Pourtant, ces problèmes n’étaient rien à côté de sa principale mission : appliquer la Loi des chemins de fer nationaux du Canada, adoptée en 1919. En janvier 1922, il entreprit une tournée des lignes canadiennes qui dura trois semaines. En mars, il soumit son rapport. Le mois suivant, il exposa les conditions qui régnaient dans le secteur ferroviaire et énonça sa politique. Aidé par l’accord des Communes, il s’acquitta parfaitement de sa tâche. Établir les mécanismes qui permettraient à la Canadian National Railway Company de bien fonctionner fut sa principale victoire. L’atteinte de cet objectif nécessitait des opérations délicates, soit la fusion de plus de 22 000 milles de voie ferrée, jusque-là exploitées par la Canadian Northern Railway Company, les Chemins de fer de l’État, le Grand Tronc et le Grand Trunk Pacific, ainsi que la création d’un seul conseil d’administration. Kennedy choisit en octobre 1922 sir Henry Worth Thornton* comme premier président de la Canadian National Railway Company.
Le 25 août, Kennedy avait subi (on ignore pour quelle raison) une intervention chirurgicale à l’hôpital Royal Victoria de Montréal. À la suite d’une seconde opération un mois plus tard, il dut abandonner presque complètement ses activités politiques. Un de ses derniers gestes fut d’écrire à King le 30 décembre une lettre où il insistait sur l’opposition des libéraux de l’Ouest ontarien à toute modification d’importance au tarif. Il alla en convalescence à Stratford, en Ontario, où il avait deux sœurs, puis en Floride. Sa mort, survenue à cet endroit le 17 janvier 1923, causa un choc à l’establishment politique. Le premier ministre, l’ensemble du cabinet et le chef de l’opposition Arthur Meighen* assistèrent à sa messe de requiem en l’église St Alphonsus de Windsor. Le père Charles Edward Coughlin, connu par la suite pour ses émissions de radio, prononça l’oraison funèbre.
Selon le Globe de Toronto, William Costello Kennedy avait été « l’espoir administratif du Parti libéral ». « Il avait, poursuivait le journal, la persévérance, la clarté d’esprit, l’expérience des affaires, le bon jugement nécessaires à la solution des plus gros problèmes du pays. » Âgé de 54 ans au moment de son décès, il aurait pu devenir un grand ministre.
AO, RG 22-311, nº 1923/117.— BAC, RG 31, C1, 1871, Toronto, St Patrick’s Ward, div. 1 : 106.— City of Windsor Municipal Arch. (Windsor, Ontario), RG 5, BI-1/1/2 : 184 (Ojibway, special council meeting, 22 janv. 1923).— Border Cities Star (Windsor), 11 sept. 1918, 1er–22 mars 1919, 27 avril 1920, 23 nov.–7 déc. 1921, 19 janv. 1923.— Evening Record (Windsor), 8 mai 1907, 10 mai 1915, 16, 23, 26 nov. 1917.— Globe, 10 mai 1915, 18 janv. 1923.— Annuaire, Windsor, 1903–1916.— [Glencora Bolton Kennedy], In memory of the late Hon. William Costello Kennedy, p.c., m.p. (s.l., [1923 ?] ; exemplaire aux Univ. of Windsor Arch.).— Canada, Chambre des communes, Débats, 2 mai 1918, 16 juin 1919, 21 mai 1920, 14 mai 1921.— Canadian annual rev., 1920 : 431 ; 1922 : 306, 468–497.— CPG, 1922.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 3.— R. MacG. Dawson et H. B. Neatby, William Lyon Mackenzie King : a political biography (3 vol., Toronto, 1958–1976), 1.
Michael Power, « KENNEDY, WILLIAM COSTELLO », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/kennedy_william_costello_15F.html.
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Auteur de l'article: | Michael Power |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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