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KAMAKURA, YOICHI, cheminot et soldat, né le 21 mars 1882 à Hiroshima, Japon, deuxième fils de Heizaburo Kamakura et d’une prénommée Morito ; tué le 26 août 1917 près de Lens, France.
Dès la fin des années 1870, des Japonais s’étaient installés en Colombie-Britannique, où ils subissaient de la discrimination de la part de la population blanche et n’avaient pas le droit de vote. Lorsque la Première Guerre mondiale éclata, en août 1914, le Japon était un allié de la Grande-Bretagne. Des Canadiens d’origine japonaise se portèrent volontaires pour servir dans les bataillons britanno-colombiens. Cependant, on les refusa car les Blancs craignaient qu’ils exigent le droit de vote et l’égalité s’ils revêtaient l’uniforme militaire. Peu impressionnée par l’attitude des autorités locales, la Canadian Japanese Association de Vancouver, dirigée par Yasushi Yamazaki, aussi rédacteur en chef et éditeur d’un journal de la communauté japonaise, le Tairiku Nippō, organisa le Canadian Japanese Volunteer Corps et, en mai 1915, le mit à la disposition du premier ministre du Canada, sir Robert Laird Borden*. Celui-ci remercia l’association et transmit l’offre au ministre de la Milice et de la Défense, Samuel Hughes*, ainsi qu’aux gouvernements de la Grande-Bretagne et du Japon. Entre-temps, environ 200 hommes avaient commencé leur entraînement au Cordova Hall sous la direction du capitaine Robert Colquhoun, commandant de la No. 19 (Vancouver) Company du Corps d’infanterie de l’armée canadienne. Yoichi Kamakura était l’un d’eux. Arrivé au Canada en 1908, il nettoyait des locomotives à la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique.
On occupa les volontaires en leur faisant faire des exercices en ordre serré et de la culture physique, mais, au fil des mois, ils se mirent à s’ennuyer et à s’impatienter car aucune autre nouvelle ne venait d’Ottawa. En mars 1916, un journal rival de la communauté japonaise dénonça l’inutilité du corps de volontaires. Les hommes réagirent en dévastant le bureau et l’imprimerie du journal ; huit d’entre eux furent arrêtés et emprisonnés ou soumis à l’amende. L’« émeute », comme on l’appela dans les quotidiens, déclencha une série d’enquêtes officielles sur le corps de volontaires. Le major-général Willoughby Gainons Gwatkin*, chef d’état-major de la milice, était d’accord pour que les Japonais servent sous les drapeaux, mais il trouvait le corps de volontaires trop petit pour être utile. Yamazaki se rendit à Ottawa dans l’espoir de convaincre les autorités d’accepter le corps de volontaires, mais sa démarche fut infructueuse. Le 29 avril 1916, Gwatkin déclina l’offre de service et informa l’association que le cabinet britannique avait exprimé des doutes quant à la capacité de la population japonaise de la Colombie-Britannique de lever et de maintenir un bataillon complet, c’est-à-dire 1 000 hommes.
Kamakura, homme résolu, s’était déjà mis en route pour l’Alberta afin de voir s’il y serait accepté. Le 6 avril, il s’inscrivit à Calgary dans le 13th Canadian Mounted Rifles Regiment. Bien vite, on apprit en Colombie-Britannique que les Japonais étaient les bienvenus dans les bataillons albertains. Des volontaires franchirent alors les Rocheuses pour s’enrôler dans le même régiment que Kamakura ou dans trois bataillons d’infanterie, le 175th, le 191st et le 192nd. Le 13th Canadian Mounted Rifles Regiment, qui comptait 42 Japonais dans ses rangs, partit pour l’Angleterre le 22 juin. Il fut démantelé à son arrivée, et les Japonais rejoignirent le 52nd Infantry Battalion en France le 3 octobre pour aller participer immédiatement à la bataille de la Somme. La première victime canado-japonaise fut Niichi Ikeda, blessé le 7 octobre. Le lendemain, Teikichi Shichi fut tué.
Membre de la C Company, Yoichi Kamakura reçut la médaille militaire le 4 juillet 1917 pour un exploit accompli le mois précédent. Affecté à l’équipe des servants de la mitrailleuse Lewis de son peloton, il avait avancé avec ses compagnons « en tirant de la mitrailleuse posée sur sa hanche tandis qu’ils progressaient et, par son tir bien dirigé, [avait permis] à son peloton de faire une brèche dans une masse compacte de barbelés, puis en atteignant l’objectif final [avait réussi] à infliger de lourdes pertes à l’ennemi, qui [avait] recul[é] en désordre ». Kamakura fut tué au combat le 26 août 1917, le lendemain de la fin de la bataille de la cote 70. Il repose dans l’annexe du cimetière communal d’Aix-Noulette, près de deux de ses camarades japonais. Sur les 42 Japonais qui s’enrôlèrent dans le 13th Canadian Mounted Rifles Regiment, 14 furent tués et 23 blessés. En tout, 55 Canadiens d’origine japonaise ne rentrèrent jamais au pays. En 1931, le gouvernement de la Colombie-Britannique concéda à contrecœur le droit de vote aux anciens combattants. Cependant, leur sacrifice ne permit pas à tous les Canado-Japonais d’obtenir ce droit.
Les détails concernant les vétérans canadiens d’origine japonaise proviennent d’entrevues réalisées par Roy Kawamoto avec Masumi Mitsui, de Hamilton, Ontario, dont les transcriptions sont en notre possession. Le sergent Mitsui était président de la Japanese Canadian Branch No. 9 de la Royal Canadian Legion, Victoria, quand on a accordé le droit de vote aux vétérans japonais en 1931 ; décédé en 1987 dans sa centième année, il était le dernier survivant du corps de volontaires. [r. i.]
AN, RG 24, 4740, 6584 ; RG 150, Acc. 1992–93/166, dossier 228588.— Commonwealth War Graves Commission (Maidenhead, Angleterre), Cemetery reg., index no Fr.480 (Aix-Noulette Communal Cemetery Extension, France) (copie conservée à la Commission des sépultures de guerre du commonwealth, Agence canadienne, Ottawa).— Tairiku Nippo/Continental News (Vancouver), 1916–1919.— Roy Ito, We went to war : the story of the Japanese Canadians who served during the First and Second World Wars (Stittsville, Ontario, 1984).— Sachimaru Moro-oka, Arasu sensen e [À la bataille d’Arras] (Tokyo, 1935).— Jinshiro Nakayama, Canada no Hoko [Le trésor du Canada] (Tokyo, 1920).— G. Nishi, Sokuseki [Traces] (Tokyo, 1942) (biographie de Yasushi Yamazaki).
Roy Ito, « KAMAKURA, YOICHI », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/kamakura_yoichi_14F.html.
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Auteur de l'article: | Roy Ito |
Titre de l'article: | KAMAKURA, YOICHI |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |