JOHNSON, WILLIAM, homme d’affaires, fonctionnaire et surintendant d’une école du dimanche, né le 28 septembre 1842 à Antrim (Irlande du Nord), fils aîné de William Johnson, marchand, et de Mary Bennett ; le 28 novembre 1867, il épousa à Belleville, Ontario, Mary Louise Jones Lyon, et ils eurent trois fils et trois filles ; décédé dans cette ville le 12 octobre 1912.

Les ancêtres de William Johnson avaient combattu pour Guillaume III en Irlande en 1689–1690 et, pour cette raison, avaient reçu des terres à Oldstone, près d’Antrim. Avec de pareils antécédents, il était naturel que William, à l’âge de 18 ans, entre dans la loge d’Orange à Belfast, où il était allé terminer ses études. À 21 ans, il immigra à Belleville. Mackenzie Bowell, éditeur de l’Intelligencer, fervent orangiste et méthodiste comme lui, à qui il présenta des lettres de recommandation, le logea et lui offrit un emploi au journal. Dès son arrivée à Belleville, Johnson s’enrôla dans le 15th Battalion Volunteer Militia Infantry ; il participa à la résistance aux raids féniens en 1866. Il séjourna trois ans à St Catharines, où il dirigea une école du dimanche. Dès 1871, il tenait à Belleville un magasin de chapeaux, de fourrures et de vêtements pour hommes ; quelques années plus tard, son frère John Wesley s’associa à lui.

Probablement sur la recommandation de Bowell, ministre des Douanes, Johnson obtint du gouvernement fédéral le poste d’inspecteur de district des poids et mesures en 1879 et celui d’inspecteur du gaz l’année suivante ; en 1895, il devint en plus inspecteur de l’éclairage électrique. Bien qu’il ait rempli ces fonctions avec loyauté et efficacité jusqu’à sa mort en 1912, son importance découle de ses autres occupations.

Leader naturel, Johnson atteignit en 1883, dans la loge d’Orange, le titre de grand maître provincial de l’est de l’Ontario et le détint jusqu’en 1887. Lui-même et Bowell figuraient parmi les signataires de la charte fédérale décernée à la loge en 1890. Johnson représenta la loge canadienne à quatre grands conseils internationaux, soit à Londonderry (Irlande du Nord), à Édimbourg, à Ottawa et à Toronto. Ses fréquents discours, noterait le Daily Intelligencer dans sa nécrologie, étaient prononcés avec « beaucoup d’esprit, ce qui n’excluait ni le sérieux ni une ardeur toute celtique ». Johnson mit même ses talents de commerçant au service de la loge : dès 1896, il avait mis sur pied une compagnie qui fabriquait des insignes orangistes.

Johnson se fit connaître encore davantage en tant que surintendant de l’école du dimanche de l’église méthodiste Bridge Street, à Belleville, et animateur du mouvement d’instruction chrétienne. Créée en 1822, l’école du dimanche de Belleville avait pris de l’expansion sous la direction énergique d’un marchand de la localité, Billa Flint*, ancien élève de la première école du dimanche de la province, fondée à Elizabethtown (Brockville) par le révérend William Smart*.

En 1865, au moment où les méthodistes de Belleville prirent possession de leur nouvelle église en pierre, rue Bridge, Johnson se dévouait déjà beaucoup pour l’école. Il accéda à la surintendance en 1874. L’année précédente, une nouvelle collection de publications destinée aux écoles du dimanche et appelée « International Lessons » avait commencé de paraître ; elle résultait de la collaboration de divers groupes protestants de l’Angleterre, des États-Unis et du Canada. Bien disposé envers les idées avancées, Johnson adopta tout de suite ces publications. En plus, il recruta et forma une équipe de loyaux instituteurs et s’employa à augmenter le nombre d’élèves, notamment en récompensant les enfants qui en amenaient d’autres. En 1880, il réussit à convaincre le conseil d’administration de réaménager le vaste sous-sol de l’église selon le plan d’Akron, qui tirait son nom du premier temple aménagé de cette façon, l’église méthodiste d’Akron, dans l’Ohio. Les classes, fermées par des portes pliantes, étaient disposées en demi-cercle autour d’un podium. Ainsi, tous pouvaient participer à la session générale, après quoi on fermait simplement les portes des classes pour les leçons.

Les élèves étaient répartis en sections, selon leur âge. Les cours d’études bibliques destinés aux adultes attiraient un grand nombre d’hommes et de femmes. Un service d’inscription des nouveau-nés fournissait de la documentation et du soutien aux parents. La section des services à domicile desservait les personnes âgées et ceux qui étaient physiquement incapables de se rendre à l’église. « Une école du dimanche pour chaque fidèle et chaque fidèle à l’école du dimanche » devint plus qu’un slogan. Doué d’une mémoire remarquable pour les noms, Johnson accueillait chaque élève à la porte de l’église. L’assistance augmentait rapidement, malgré la création de cinq autres écoles du dimanche à partir de celle de l’église Bridge Street. On comptait en moyenne de 300 à 500 participants, et le nombre de membres atteignit le chiffre record de 1 083 en 1897. Une telle participation, phénoménale dans une localité de moins de 10 000 habitants, faisait de cet établissement la plus grosse école du dimanche au Canada.

Johnson animait le mouvement des écoles du dimanche non seulement à Belleville, mais aussi sur la scène nationale et internationale. Élu en 1876 président de la Sunday School Association of Canada, il servit en outre l’Église méthodiste en tant que délégué à cinq conférences générales quadriennales entre 1886 et 1902, où il fit partie des comités sur les statistiques, les écoles du dimanche et le travail auprès des jeunes. En 1904, il fut délégué au quatrième congrès mondial des écoles du dimanche à Jérusalem. Il ne vécut pas assez longtemps pour voir sa confession religieuse se joindre à l’Église unie du Canada en 1925, mais sept mois avant sa mort en 1912, les fidèles de l’église Bridge Street se prononcèrent dans une proportion de 99 % en faveur de la fusion, ce qui le réjouit. En tant qu’économe et archiviste du conseil, il supervisa le scrutin.

Par ailleurs, Johnson appartint durant 37 ans au bureau d’éducation de Belleville, dont 5 à titre de président (1882–1886). Ses deux frères étaient plus portés vers la politique : John Wesley, son ex-associé, directeur de l’Ontario Business College de Belleville, fut maire et député provincial ; James fut rédacteur en chef de deux journaux conservateurs, le Kingston News et l’Ottawa Citizen.

Sans être un concepteur, William Johnson savait mettre en pratique les idées d’autrui. Attaché à bien des idéaux conservateurs, il était progressiste en matière d’instruction chrétienne et fixait des objectifs précis, qu’il poursuivait avec ferveur. Il représente la transition entre les chrétiens qui mettaient en valeur l’expérience de la conversion et ceux qui croyaient plutôt en la nécessité d’inculquer les valeurs chrétiennes aux enfants [V. Henry Flesher Bland*]. Ardent défenseur de l’œuvre d’évangélisation auprès de la jeunesse, il avait soutenu les quatre missions menées à Belleville en 1888, 1894, 1902 et 1908 par l’équipe des méthodistes Hugh Thomas Crossley* et John Edwin Hunter. Johnson est un exemple exceptionnel des milliers de leaders bénévoles de diverses confessions religieuses qui donnèrent au mouvement des écoles du dimanche une impulsion formidable et influencèrent profondément de ce fait des générations de jeunes et d’adultes.

J. William Lamb

En plus des longues notices nécrologiques dont il a fait l’objet dans le Daily Intelligencer (Belleville, Ontario), 14 oct. 1912, et le Christian Guardian (Toronto), 4 déc. 1912, William Johnson figure dans le Canadian Epworth Era (Toronto), janv. 1907. Nous avons obtenu des détails sur les origines irlandaises du révérend Eric Gallagher, de Lisburn, Irlande du Nord. On peut lire le compte rendu le plus complet sur la vie de Johnson dans J. W. Lamb, Bridging the years : a history of Bridge Street United/Methodist Church, Belleville, 1815–1990 (Winfield, C.-B., 1990).  [j. w. l.]

AN, RG 31, C1, 1871, Belleville, div. 1 : 70 (mfm aux AO).— AO, RG 22-340, no 4342 ; RG 80-27-2, 18 : 159.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1896, no 16a ; 1913, no 30.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 1.— Annuaires, Belleville, 1877, 1896 ; Ontario, 1871.

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J. William Lamb, « JOHNSON, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/johnson_william_14F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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