HUNTER, JOHN EDWIN, évangéliste méthodiste, né le 29 juillet 1856 à Rochester (Leskard), près de Bowmanville, Haut-Canada, fils des immigrants irlandais Edward Hunter et Nancy Dodds ; le 12 juillet 1882, il épousa à North Ridge, Ontario, Jennie Jones, et ils eurent deux filles et un fils ; décédé le 17 mars 1919 à Toronto.

Élevé dans une famille presbytérienne, John Edwin Hunter se convertit au méthodisme en 1871 en entendant des sermons à Kirby, en Ontario, et ne tarda pas à gagner sa famille à sa nouvelle foi. Reçu exhorter en 1875, il passa ensuite trois ans à parcourir les circonscriptions ecclésiastiques de Woodslee et de Thamesville. De 1878 à 1880, il étudia au Victoria College de Cobourg tout en prenant de l’expérience comme évangéliste dans les églises avoisinantes. En 1882, après avoir œuvré deux ans à Ancaster et à Waterdown, il fut ordonné ministre. S’étant porté volontaire pour l’Ouest canadien, il fut affecté à Dominion City, au Manitoba.

Dès 1884, Hunter était convaincu qu’il était fait pour l’évangélisation et non pour le pastorat. Il sollicita la collaboration de Hugh Thomas Crossley*, avec qui il avait mené des campagnes locales lorsqu’il était au Victoria College. Crossley avait eu la même idée en même temps ; leurs lettres se croisèrent dans le courrier. Ayant obtenu l’accord de leur conférence respective, ils décidèrent de faire équipe. Ils allaient travailler ensemble jusqu’à ce que la maladie de Parkinson oblige Hunter à abandonner ses activités, en 1909. Les deux hommes furent toujours très proches ; leurs noms étaient inséparables dans l’opinion publique. Crossley ne se maria jamais. Il vécut chez les Hunter (qui donnèrent à leur fils le nom de Crossley) à St Thomas, en Ontario, à compter de 1886 et à Toronto à compter de 1906.

Hunter et Crossley menèrent près de 300 campagnes et enregistrèrent 110 000 adhésions au Christ. On les tenait pour les plus grands évangélistes du Canada. Ils se rendirent dans toutes les grandes villes du pays, sauf Québec, ainsi qu’à Terre-Neuve, aux Bermudes et aux États-Unis. Au cours de leurs vacances d’été, qu’ils passaient dans des chalets voisins au lac Muskoka, en Ontario, ils triaient les invitations reçues pour l’année à venir, refusant celles qui provenaient d’endroits où d’autres évangélistes étaient passés récemment et s’efforçant toujours de maintenir un équilibre entre les grosses localités et les petites.

Dans la mesure du possible, on préparait le terrain avant la venue de Crossley et de Hunter, et leurs assemblées s’adressaient à des auditoires multiconfessionnels. Ces réunions se faisaient sans cérémonie, comme celles de l’évangéliste américain Dwight Lyman Moody. Les deux hommes parlaient simplement, non comme des théologiens patentés, puis invitaient les nouveaux convertis à se présenter en avant et à signer des cartons d’adhésion. Convertir, tel était leur grand objectif. Cependant, à l’encontre de la plupart des évangélistes de leur temps, ils évitaient les spéculations et le battage publicitaire sur le retour prochain du Christ. Leurs restrictions sur la danse et les jeux de cartes provoquaient parfois du ressentiment, mais personne ne mit jamais leur intégrité en doute. Dans l’immédiat, leurs visites pouvaient avoir des effets spectaculaires. Ce fut le cas en Ontario, par exemple : les théâtres d’Ottawa fermèrent leurs portes faute de spectateurs, les ateliers de chemin de fer à Stratford supprimèrent les heures supplémentaires et le Banner-News de Chatham mit à la disposition des évangélistes un numéro du journal. Sir John Alexander Macdonald* et William Howard Hearst* figuraient parmi leurs convertis.

John Edwin Hunter, a-t-on dit, était « un homme d’une énergie inépuisable qui savait où il allait et se consacrait corps et âme à tout ce qu’il entreprenait ». Son esprit était « intuitif plutôt que logique ». Crossley chantait du gospel et prêchait avec plus d’éloquence que lui, mais Hunter avait aussi ses atouts. Il sentait remarquablement bien l’atmosphère d’une réunion et savait profiter de toutes les occasions pour faire passer son message. Dans les rapports individuels, il était direct, comme on pouvait le voir après les assemblées, car c’était lui qui, d’ordinaire, restait pour convaincre les indécis. Par ailleurs, bien que sa rémunération ait été assez modeste, il contribuait généreusement à des œuvres de charité et participa à la dotation d’un collège de théologie pour étudiants de race noire en Géorgie.

John Webster Grant

On a une excellente vue d’ensemble des campagnes de Hugh Thomas Crossley et de John Edwin Hunter dans les albums de coupures de journaux qu’ils ont collectionnées, même si les sources et les dates précises ne sont presque jamais consignées. On trouve un de ces albums dans les papiers de Hunter aux EUC-C, Fonds 3138, tandis que les autres demeurent en la possession du révérend Gordon Hunter, de Newmarket, Ontario, un des petits-fils du sujet, qui a bien voulu nous donner des renseignements additionnels sur la famille d’après les papiers qu’il conserve.  [j. w. g.]

Le livre de cantiques utilisé par les évangélistes a été édité par Crossley et publié sous le titre Songs of salvation as used by Crossley and Hunter, in evangelistic meetings [...] (Toronto et Montréal, 1887). Des exemplaires de plusieurs opuscules rédigés par Hunter sur des sujets religieux sont conservés dans ses papiers, dans le Fonds 3138.

EUC-C, Fonds 41/1, minutes, juin 1919.— G. H. Cornish, Cyclopædia of Methodism in Canada [...] (2 vol., Toronto et Halifax, 1881–1903), 2.— E. C. Hunter (propos recueillis par Frank Chamberlain), « Old-time evangelism », Observer (Toronto), 15 oct. 1965 : 24–26.

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John Webster Grant, « HUNTER, JOHN EDWIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hunter_john_edwin_14F.html.

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Auteur de l'article:    John Webster Grant
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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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