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JENKINS, STEPHEN RICE, médecin, officier de milice, homme politique et fonctionnaire, né le 12 novembre 1858 à Charlottetown, fils de John Theophilus Jenkins et de Jessica Esther Rice ; le 7 octobre 1886, il épousa Ellen Josephine Sweeney, et ils eurent sept filles et quatre fils (une fille et un fils moururent avant d’atteindre l’âge adulte) ; décédé le 15 septembre 1929 à Charlottetown.
Stephen Rice Jenkins était issu d’une famille réputée de l’Île-du-Prince-Édouard – le ministre anglican Theophilus Desbrisay* était l’un de ses arrière-grands-pères – et il serait le quatrième d’une lignée de cinq générations de médecins Jenkins. Son père, vétéran de la guerre de Crimée et premier médecin originaire de l’île à y exercer, fut élu à la Chambre d’assemblée et à la Chambre des communes. De multiples façons, la carrière de Jenkins refléterait celle de son père : il embrasserait la médecine, servirait dans la milice et ferait son entrée en politique. Son seul écart des conventions familiales fut lorsqu’il quitta l’Église d’Angleterre pour se convertir au catholicisme avant son mariage.
Jenkins fit ses études à la St Peter’s Boys’ School de Charlottetown et au King’s College de Windsor, en Nouvelle-Écosse. Après avoir bénéficié d’une formation médicale de base auprès de son père, il étudia la médecine à la University of Pennsylvania. En 1884, il obtint son diplôme avec distinction et fut engagé comme interne en chirurgie à l’hôpital Blockley de Philadelphie. En 1885, il retourna dans l’île, où il exerça un moment la médecine à Tignish avant d’aller s’établir à Cardigan. Pendant l’épidémie de variole à l’automne de 1885, il fut responsable d’un hôpital de quarantaine à Charlottetown. Il s’installa en ville avec toute sa famille en 1888, année où il obtint une commission de chirurgien dans la 4th Prince Edward Island Provisional Garrison Artillery Brigade. En 1904, il en serait nommé lieutenant-colonel honoraire. Il tenta également sa chance en politique provinciale. Après avoir essuyé une défaite en 1900, il fut élu à Charlottetown comme conservateur en 1912 et de nouveau en 1915. Il agit à titre de ministre sans portefeuille au cours de son deuxième mandat, dans le gouvernement de John Alexander Mathieson*, et comme aide de camp en chef auprès de trois lieutenants-gouverneurs. Pendant la Première Guerre mondiale, il entra dans le Corps de santé de l’armée canadienne et, de mars 1915 jusqu’en avril 1919, fut responsable du Rockhead Military Hospital de Halifax. En 1918, il contribua à la fondation d’un hôpital pour anciens combattants à Charlottetown ; cet hôpital fut baptisé en l’honneur de la sœur infirmière Rena Maude McLean* et pendant un certain temps, le fils de Jenkins, John Stephen, y fut chef de service.
Servir dans l’armée au début de sa carrière causa probablement des pertes financières importantes à Jenkins. Reconnu pour avoir le plus grand cabinet de consultation et de chirurgie dans l’île, il était le seul médecin à travailler dans les deux principaux hôpitaux de la province ; au moment de son décès, il serait médecin principal du Prince Edward Island Hospital et médecin chef du Charlottetown Hospital. Il visitait habituellement ses malades hospitalisés et pratiquait ses opérations chirurgicales le matin, puis faisait des consultations au bureau et des visites à domicile. Il consacrait ses soirées à lire des revues de médecine afin de se tenir au fait des dernières découvertes. Plus tard dans sa carrière, il prendrait des vacances pour visiter des hôpitaux londoniens et viennois.
Jenkins travailla sans relâche pour appuyer diverses organisations professionnelles. Membre du premier Conseil médical du Canada, registraire du Prince Edward Island Medical Council et membre de l’American College of Surgeons, il fut président de la Maritime Medical Association en 1906, président du conseil de la section provinciale de l’American Society for the Control of Cancer en 1922 et président de la Canadian Medical Association en 1928–1929. Il décrivait régulièrement des cas aux réunions de l’association médicale provinciale et participait activement aux activités des comités locaux sur la recherche sur le cancer et l’hygiène sociale. Soucieux d’établir une médecine préventive et de favoriser la santé publique, il contribua à la fondation de la section provinciale de la Croix-Rouge et y agit à titre de secrétaire. Il fut aussi président, pendant un certain temps, de l’Anti-Tuberculosis Society. La situation professionnelle de Jenkins lui permit également de jouer un rôle dans le développement municipal. Il contribua à l’essor de l’économie locale à titre de membre du Charlottetown Club et s’employa activement à promouvoir des normes éducatives et l’importance de milieux scolaires sains au cours de ses 30 années au conseil scolaire de la ville. Membre de l’Association catholique de bienfaisance mutuelle et de la fraternité Phi Gamma Delta, il fonda le Free Dispensary for the Poor et continua l’œuvre de bienfaisance lancée par son père, le Jenkins Coal Fund.
Ces multiples engagements laissèrent peu de temps à Jenkins pour s’occuper de sa famille nombreuse – c’était Ellen Josephine qui faisait régner l’ordre dans la maison. Le médecin occupé, souvent absent, pouvait pourtant être un père indulgent, dont la bonté se répandait dans son rôle professionnel. Ses filles se rappellaient que dans des situations critiques, il n’hésitait pas à prendre des patients (et une fois même toute une famille) à leur domicile. Son travail exigeant pouvait même l’amener à négliger sa propre santé. Ainsi, en 1902, il perdit un œil à la suite d’une infection non traitée. Les tensions accumulées dans son travail pouvaient aussi se manifester par des sautes d’humeur. Il n’était pas rare, lorsqu’il se heurtait à une difficulté quelconque dans une opération, de lancer un instrument chirurgical en travers de la pièce et puis de continuer l’intervention. Il connut aussi de grandes satisfactions. À un âge plus avancé, lorsque sa pratique fut devenue florissante, il put embaucher de jeunes médecins pour le seconder, emménager avec sa famille dans une grande maison (Brighton Villa) et passer une partie de ses temps libres à jouer au golf, au curling et au tennis.
Pour Stephen Rice Jenkins, « homme d’une intelligence vive et d’une énergie infatigable », la médecine générale lui réclama énormément de talent et de temps, peu importe ce qu’il en retirait. Il ne se concentra pas sur une spécialité, mais en maîtrisa bon nombre. Comme le fit observer un collègue dans son éloge funèbre, ce fut grâce à la médecine générale qu’il « grimpa au plus haut sommet de sa profession ». Jenkins mourut d’une pneumonie en 1929 après une brève maladie. Sa mort fut paisible – le conseil de ville avait fermé sa rue de sorte que l’estimé docteur se repose. Ses collègues du milieu médical le considéraient comme « le médecin idéal », véritable disciple d’Osler, de la même façon que ses concitoyens se souvenaient de lui comme du « citoyen modèle ».
Une photographie de Stephen Rice Jenkins en train de faire une intervention chirurgicale dans la salle d’opération du Charlottetown Hospital est conservée aux PARO, Acc. 2320/32-12.
PARO, P.E.I. Geneal. Soc. coll., family files, Jenkins family, Hilda Jenkins et Margaret Jenkins Taylor, « The Jenkins family : five generations of doctors » (été 1975).— People’s Catholic Cemetery (Charlottetown), Tombstone nº 671.— Charlottetown Guardian, 16, 18 sept. 1929.— Examiner (Charlottetown), 2 mai 1884.— Patriot (Charlottetown), 16 sept. 1929.— D. O. Baldwin, « Smallpox management on Prince Edward Island, 1820–1940 : from neglect to fulfillment », Bull. canadien d’hist. de la médecine ([Waterloo, Ontario]), 2 (1985) : 147–181.— Marcia Bruner, « Early practitioners of P.E.I. », Doctor’s Rev. ([Montréal]), 5 (oct. 1987) : 86–91.— Canadian annual rev., 1922.— Canadian Medical Assoc., Journal (Toronto), 21 (juill.–déc. 1929) : 620s.— CPG, 1915–1917.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 3.— Maple Leaf (Oakland, Calif.), 22 (déc. 1929) : 383.— Past and present of Prince Edward Island [...], D.A. MacKinnon et A. B. Warburton, édit. (Charlottetown, [1906]), 478s.— I. L. Rogers, Charlottetown : the life in its buildings (Charlottetown, 1983).— W. L. Whelan, « The Jenkins of Charlottetown », Canadian Medical Assoc., Journal, 155 (juill.–déc. 1996) : 445-447.
Sasha Mullally, « JENKINS, STEPHEN RICE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/jenkins_stephen_rice_15F.html.
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Auteur de l'article: | Sasha Mullally |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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Date de consultation: | 28 novembre 2024 |