IRVING, ANDREW SCOTT, libraire et éditeur, né le 13 octobre 1837 à Annan, Écosse ; il épousa en Pennsylvanie Eliza Morgan, et ils eurent une fille et deux fils dont l’un mourut en bas âge ; décédé le 29 avril 1904 à Toronto.

Andrew Scott Irving était enfant lorsqu’il immigra aux États-Unis avec ses parents. En 1857 ou 1858, il s’installa à Hamilton, dans le Haut-Canada, et fut engagé par W. E. Tunis de Detroit, qui avait le monopole de la vente de livres et de périodiques sur le trajet et dans les trains du Great Western Railway. Irving s’établit à Toronto à l’automne de 1862 et ouvrit une librairie à l’intersection des rues King et Jordan. Quelques années plus tard, il emménagea dans des locaux plus spacieux rue King. À sa librairie, il ajouta un entrepôt de vente en gros qui allait devenir de plus en plus le foyer de son activité. De 1874 à 1876, associé à Russell Wilkinson au sein de la firme A. S. Irving and Company, il exploita aussi une librairie rue Toronto.

Comme plusieurs libraires et éditeurs torontois le faisaient dans les années 1870, Irving tirait des éditions clandestines d’auteurs populaires tel Mark Twain, qu’il vendait à bas prix. Ces livres étaient souvent imprimés à l’atelier du Daily Telegraph, dont le propriétaire était John Ross Robertson*, un de ses amis et collègues. En 1879, Irving était actionnaire d’une société de Robertson, la Telegram Printing and Publishing Company. Son commerce en vint à reposer en grande partie sur la vente de partitions : à compter du début des années 1870, il publia une collection de chansons à la mode appelée « Irving’s Five Cent Music ». En 1873, il fournit à John Wilson Bengough* la mise de fonds nécessaire au lancement d’un hebdomadaire comique, le Grip.

En 1876, Irving abandonna le commerce de détail pour fonder la Toronto News Company Limited (d’abord appelée Canadian News Company Limited) avec William Walter Copp* et Henry James Clark, de la Copp, Clark and Company, ainsi qu’avec plusieurs autres libraires et éditeurs torontois. Établie à un moment où la tendance internationale était à la distribution en gros de littérature populaire, la société était organisée comme la W. H. Smith and Son de Londres et l’American News Company de New York. Les chemins de fer jouèrent un rôle important dans l’évolution du commerce des imprimés : ils constituaient en effet un moyen de diffusion efficace et on pouvait y installer des dépôts qui rejoignaient un vaste public lecteur. En même temps, les progrès de l’imprimerie permettaient de produire économiquement des livres qui étaient souvent publiés en collections appelées « bibliothèques » [V. George Munro* ; George Maclean Rose*]. Selon Books and Notions, c’était Irving qui tenait le plus gros stock de ces livres brochés à l’extérieur de New York. En 1880, il s’introduisit sur le marché montréalais en constituant juridiquement la Montreal News Company avec Samuel Edward Dawson*, W. V. Dawson, Copp et Clark.

À l’instar de ses homologues britannique et américaine, la Toronto News Company approvisionnait en livres et périodiques les kiosques à journaux de tout le pays. D’après un témoignage de l’époque, le service d’expédition du local de la rue Yonge ressemblait à un « immense bureau de poste ». Chaque client avait une « boîte dans laquelle tous ses papiers et périodiques [étaient] placés dès la réception puis sortis et expédiés au rythme où les détaillants le souhait[aient] ». L’entreprise tenait des dépôts à Londres, Montréal et Clifton (Niagara Falls), en Ontario. La « très grande énergie » avec laquelle Irving faisait passer ses chargements aux douanes et les acheminait vers les détaillants était légendaire, de même que l’attention qu’il portait aux détails de ses affaires. Il continua à gérer la Toronto News Company jusqu’à la fin de sa vie, mais en 1889, elle avait comme principaux actionnaires deux des fondateurs de l’American News Company, et elle devint par la suite une succursale de cette société. Lorsque Irving mourut, ses actions étaient, en fait, dans la compagnie américaine.

Irving, qui était de confession anglicane, fut plusieurs années premier marguillier de la cathédrale St James. Membre du Bureau de commerce de Toronto à compter de 1881, il fit également partie du conseil d’administration de quelques sociétés, dont la Compagnie du grand télégraphe du nord-ouest du Canada. En 1900, il vivait dans la chic rue St George à Toronto. Cependant, des drames familiaux assombrirent ses dernières années. Son fils, Andrew Maxwell, secrétaire de la Toronto News Company et populaire officier de milice, mourut subitement en 1896, son gendre et collègue, Arthur Wellesley Croil, deux ans plus tard, et sa fille, Nettie, en 1900. Quand Irving mourut, en 1904, le plus gros de sa succession passa à deux petites-filles.

De son vivant, Andrew Scott Irving fut qualifié, par Books and Notions, de « pionnier du commerce canadien de l’imprimé ». L’écrivain Charles Pelham Mulvany* le félicita d’avoir découragé la vente de « camelote » et « encouragé à la place la meilleure catégorie de littérature légère ». Par l’entremise de la Toronto News Company, il influa sur les habitudes de lecture des Canadiens de tout le dominion.

Elizabeth Hulse

AN, RG 31, C1, 1881, 1891, Toronto, St Patrick’s Ward.— AO, RG 8, I-1-D, annual returns for Toronto News Company, 1889–1904 ; RG 22, Ser. 305, nos 11280 (A. M. Irving), 12481 (A. W. Croil), 17052 (A. S. Irving).— CTA, RG 5, F, St George’s Ward, St James’ Ward, Ward 3, 1863–1898 (mfm aux AO).— St James’ Cemetery and Crematorium (Toronto), Irving family tombstone.— Globe, 29 avril, 2–3 mai 1904.— Annuaires, Hamilton, 1862–1863 ; Toronto, 1864–1904.— J. W. Bengough, « Reminiscences of a chalk-talker », Canadian Magazine, 60 (nov. 1922–avril 1923) : 295–305.— Books and Notions (Toronto), 8 (mars 1892) : 10–11.— Bookseller and Stationer (Toronto), 20 (1907) : 178.— Business sketches of Toronto ([Toronto, 1867]), 24 (copie à la MTRL).— Dict. of Toronto printers (Hulse).— Dominion annual reg., 1880–1881 : 133.— Encyclopedia of music in Canada (Kallmann et al.), 463.— Hist. of Toronto, 1 : 406.— Illustrated Toronto, past and present, being an historical and descriptive guide-book [...], J. Timperlake, compil. (Toronto, 1877), 374.— C. P. Mulvany, Toronto : past and present ; a handbook of the city (Toronto, 1884 ; réimpr., 1970), 236–240.— Ontario Gazette, 8, 29 juill. 1876.— G. L. Parker, The beginnings of the book trade in Canada (Toronto, 1985), 181.— Toronto, Board of Trade, « Souvenir », 243.

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Elizabeth Hulse, « IRVING, ANDREW SCOTT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/irving_andrew_scott_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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