HOYLES, NEWMAN WRIGHT, avocat, éducateur et laïque anglican, né le 14 mars 1844 à St John’s, fils de Hugh William Hoyles* et de Jean Liddell ; le 27 novembre 1873, il épousa à Toronto Georgina Martha Moffatt, fille de Lewis Moffatt*, et ils eurent deux fils et deux filles ; décédé le 6 novembre 1927 dans cette ville.
Terre-Neuvien de la troisième génération, fils d’un éminent avocat qui deviendrait premier ministre de la colonie et juge en chef, Newman Wright Hoyles grandit à St John’s. En 1858, ses parents l’envoyèrent étudier non pas en Grande-Bretagne, mais à l’Upper Canada College de Toronto. Après y avoir passé deux ans, Hoyles fréquenta le King’s College de Windsor, en Nouvelle-Écosse, et le Trinity College de Cambridge, en Angleterre, où il obtint une licence ès arts avec spécialisation en humanités et remporta des médailles d’aviron. Ensuite, il entreprit une carrière de droit à Toronto. Admis à son stage de clerc en 1869 et reçu au barreau trois ans plus tard, il ouvrit avec James Bethune un cabinet qui acquit une haute réputation et comprendrait notamment Charles Moss* et William Glenholme Falconbridge*. Le gouvernement de l’Ontario le nomma conseiller de la reine en 1889.
En 1894, Hoyles succéda à William Albert Reeve* à la direction de l’école de droit tenue par la Law Society of Upper Canada à l’Osgoode Hall de Toronto. Il s’agissait de la seule école de droit accréditée en Ontario. Hoyles, dont l’associé Charles Moss avait présidé le comité de sélection, était apparu à beaucoup comme le candidat de l’establishment. Il avait refusé de poser sa candidature avant que le salaire soit augmenté de 25 % et atteigne 5 000 $.
En Ontario, les aspirants avocats devaient suivre le programme de cours du matin à l’Osgoode Hall, puis travailler « sous contrat d’apprentissage » dans des cabinets de la province. Cependant, à la suite de réformes entreprises à Harvard et à la Dalhousie University de Halifax [V. Richard Chapman Weldon], la licence en droit obtenue après un programme d’études à temps plein dans un établissement d’enseignement commençait d’être la norme pour les avocats nord-américains. La formation donnée à l’Osgoode Hall faisait donc l’objet d’une controverse. Tout comme la Law Society, qui décidait des admissions au barreau, Hoyles avait la conviction qu’aucun programme universitaire ne pouvait vraiment assurer aux avocats la formation pratique dont ils avaient besoin et qu’une profession « savante et honorable » devait pourvoir elle-même à l’instruction de ses membres. Toute sa vie, il estima que des études en arts ou en humanités, suivies d’une période intense d’apprentissage professionnel, produisaient les meilleurs avocats.
Au début du xxe siècle, à l’époque où bon nombre des défenseurs des écoles universitaires de droit favorisaient ces établissements autant à cause de leur capacité d’exclure de la profession des éléments socialement indésirables que de leurs aspirations intellectuelles, l’Osgoode Hall acceptait beaucoup de candidats qui entreprenaient des études de droit simplement en trouvant des avocats disposés à les former. L’opposition de Hoyles à la mainmise des universités sur l’accréditation des avocats était peut-être un signe de libéralisme, et pas seulement de fierté professionnelle. Tout au long de son directorat (et jusqu’en 1957), la Law Society reconnut la valeur des programmes universitaires, mais soutint qu’ils n’habilitaient pas à être reçu au barreau. Hoyles déclina donc plusieurs offres de la University of Toronto. Le fait d’aider à tenir les universités ontariennes à l’écart de la formation professionnelle en droit ne l’empêcha pas d’être longtemps membre du conseil universitaire de la University of Toronto et de recevoir un doctorat honorifique en droit du Queen’s College de Kingston en 1902.
Peu d’innovations marquèrent les 29 années durant lesquelles Hoyles dirigea l’école de l’Osgoode Hall. Il donna régulièrement des cours, mais ne publia pas de travaux d’érudition vraiment étoffés. Figure populaire, surnommé Daddy par ses élèves, il était réputé aimable, courtois et serviable. Pendant son mandat, la profession juridique en Ontario commença d’admettre des femmes, notamment Clara Brett Martin, et d’accueillir la plupart des premiers Juifs qui exercèrent dans la province, dont Arthur Cohen*. En 1923, Hoyles déclara que l’admission des femmes était le plus grand changement survenu pendant son directorat, mais il doutait qu’elles réussiraient « dans les plus hautes spécialités juridiques – dans la plaidoirie ». Il prit sa retraite en 1923, à la veille de ses 80 ans. Son adjoint John Delatre Falconbridge*, qui le dépassait de beaucoup en matière d’érudition, lui succéda.
Tout au long de sa vie, Hoyles se consacra aussi à l’évangélisme anglican. À Terre-Neuve, sa famille avait soutenu des causes évangéliques, mais des amis à lui disaient qu’il avait connu un regain de ferveur en 1877 à cause de la croisade torontoise d’un évangéliste d’origine irlandaise, William Stephen Rainsford. À l’époque, dans le diocèse de Toronto, les différends entre les évangéliques et les anglicans se définissant comme anglo-catholiques étaient si graves qu’ils risquaient de provoquer un schisme. Les évangéliques laïques, adeptes de la Basse Église sans appartenir aux couches inférieures de la société, étaient dirigés par Samuel Hume Blake* et d’autres relations sociales ou collègues de Hoyles. Ces gens mettaient leurs talents d’organisateurs et leur argent au service de l’anglicanisme « protestant ».
Hoyles accomplit du travail missionnaire dans sa paroisse (St Philip), mais il se fit surtout remarquer en soutenant le réseau des institutions évangéliques. En 1877, il aida à fonder la Protestant Episcopal Divinity School [V. James Paterson Sheraton*], contrepartie évangélique du Trinity College de Toronto, au conseil duquel son beau-père appartenait. Par la suite, il fit partie durant des décennies (notamment à titre de président) du conseil du Bishop Ridley College de St Catharines ainsi que du Havergal Ladies’ College et de l’Evangelical Churchman de Toronto. En 1904, il négocia la fusion de l’Upper Canada Bible Society avec d’autres associations provinciales. Cette opération donna naissance à la Canadian Bible Society, dont il serait président national jusqu’en 1921. Il fut souvent délégué au synode général de l’Église d’Angleterre au Canada à compter de sa fondation en 1893 jusqu’en 1908. En outre, il représenta l’Église et sa société missionnaire à des congrès internationaux.
Newman Wright Hoyles habitait avec sa famille dans le district Annex de Toronto ; il eut son domicile avenue Lowther à partir de 1892, puis rue Huron. Son fils aîné Hugh Lewis, ancien élève du University College et de l’Osgoode Hall, reçu au barreau en 1906, s’enrôla dans l’armée canadienne à l’époque où il pratiquait le droit à Montréal et mourut au combat en 1918. La tradition familiale laisse entendre que, à la fin de sa vie, Newman Wright Hoyles s’entendait plus ou moins avec sa belle-fille, qui n’avait pas tardé à se remarier. Toutefois, son testament, signé cinq mois avant sa mort, survenue en 1927 (il avait alors 83 ans), était scrupuleusement équitable. Hoyles y pourvoyait aux besoins de sa femme, léguait des sommes modestes à des amis et parents, et répartissait le reste de sa succession de 45 000 $ entre ses trois enfants survivants et le fils et la fille de Hugh Lewis. Dans ses nécrologies, on mit l’accent sur sa foi absolue en la Bible de même que sur son dévouement « discret » et « inlassable » à l’Osgoode Hall et à la cause évangélique.
Les renseignements sur les traditions familiales ont été donnés par John Hoyles, d’Ottawa, arrière-petit-fils du sujet. [c. m.]
AO, RG 22-305, nº 58183.— Arch. du Barreau du Haut-Canada (Toronto), 1-5 (Convocation, rolls), common roll, Michaelmas term, 1869 ; Curtis Cole, « A history of Osgoode Hall Law School, 1889–1989 ».— Globe, 28 nov. 1873.— Mail (Toronto), 28 nov. 1873.— Toronto Daily Star, 26 nov. 1923.— Canadian Bible Soc., Annual report (Toronto), 1928.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— The jubilee volume of Wycliffe College (Toronto, 1927).— Christopher Moore, The Law Society of Upper Canada and Ontario’s lawyers, 1797–1997 (Toronto, 1997).— W. W. Pue, « Common law legal education in Canada’s age of light, soap and water », Rev. de droit manitobain (Winnipeg), 23 (1995) : 654–688.— The roll of pupils of Upper Canada College, Toronto, January, 1830, to June, 1916, A. H. Young, édit. (Kingston, Ontario, 1917).
Christopher Moore, « HOYLES, NEWMAN WRIGHT (1844-1927) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hoyles_newman_wright_1844_1927_15F.html.
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Auteur de l'article: | Christopher Moore |
Titre de l'article: | HOYLES, NEWMAN WRIGHT (1844-1927) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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