HOWLEY, JAMES PATRICK, géologue, topographe, conservateur de musée et auteur, né le 7 juillet 1847 près de St John’s, fils de Richard Howley et d’Eliza Burke ; il épousa Elizabeth Jane Firth, et ils eurent trois fils et trois filles ; décédé le 1er janvier 1918 à St John’s.
Le père de James Patrick Howley, homme d’affaires en vue et secrétaire des Finances de Terre-Neuve, avait quitté l’Irlande pour St John’s en 1804. Ses fils allaient former un groupe intéressant qui comprendrait Michael Francis, le premier évêque de Terre-Neuve né dans la colonie, et Thomas*, chirurgien dans l’armée des États-Unis pendant la guerre de Sécession.
James Patrick, le quatrième des garçons, fit ses études au St Bonaventure’s College de St John’s. Passionné d’histoire naturelle dès son jeune âge, il sillonnait la campagne pour enrichir ses diverses collections. Une fois sa scolarité terminée, il travailla un moment au cabinet du secrétaire de la colonie. Toutefois, l’événement qui détermina son avenir fut l’arrivée d’Alexander Murray* à Terre-Neuve en 1864. Écossais d’origine, Murray était le collaborateur de sir William Edmond Logan* à la Commission géologique du Canada et venait faire des levés préliminaires sur le littoral ouest. Tout naturellement, on décida de faire une étude géographique et topographique de Terre-Neuve ; Murray en devint le premier directeur en 1867. En raison d’une mauvaise blessure subie quelque temps auparavant, il avait besoin d’un assistant. Howley, alors âgé de 21 ans, fut pris à l’essai, à son grand enchantement, pour la saison de 1868 ; il en garderait éternellement de la gratitude pour Murray. Il fut nommé assistant l’année suivante et finit par succéder à Murray, même s’il ne devint officiellement directeur qu’en 1898.
Le compte rendu officiel des travaux que Howley réalisa durant les décennies suivantes se trouve dans la réédition des rapports de 1864 à 1880 publiée par Murray et Howley en 1881 sous le titre de Geological survey of Newfoundland, ainsi que dans une quarantaine de rapports et études spéciales rédigés par la suite par Howley. Ces levés trigonométriques et descriptions de la topographie et des richesses de l’arrière-pays terre-neuvien, avec la série de cartes dressées à partir de ces données, forment un complément aux levés côtiers entrepris par James Cook* et Michael Lane au xviiie siècle et à ceux que le Hydrographie Office de l’Amirauté britannique réalisa de 1795 jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale. Vétéran de la marine britannique, Murray avait su créer dès le début de bonnes relations entre les deux groupes, ce qui facilita beaucoup les travaux.
Outre ses rapports, Howley a laissé un inédit, « Reminiscences, 1868–1911 ». En s’appuyant sur ses notes, ses carnets et ses itinéraires et en faisant appel à ses souvenirs bien précis, il a brossé dans ce remarquable manuscrit un tableau détaillé de l’arrière-pays terre-neuvien. Dans les premiers temps, il avait visité ces régions à pied et par les cours d’eau intérieurs en compagnie de guides micmacs, ou en longeant les côtes. Puis il l’avait fait par train ou par les routes à mesure que le xixe siècle avançait. On trouve donc dans les rapports officiels et les « Reminiscences » un compte rendu des premières remontées et descentes systématiques des grands réseaux fluviaux de Terre-Neuve, une bonne partie des premières cartes topographiques de l’île et l’identification systématique des richesses forestières, minières et agricoles de l’arrière-pays. Naturaliste autodidacte, observateur très attentif et esprit remarquablement clair, Howley y a noté également des commentaires précis sur divers points. Physiquement, il avait une endurance rare ; il avait assimilé vite les techniques de survie et de déplacement en région isolée. De plus, l’aspect humain des choses l’intéressait vivement. Tout aussi curieux de toponymie que son frère l’archevêque, il laissa sa marque sur celle de l’arrière-pays terre-neuvien, tant en baptisant des lieux qui ne portaient pas encore de nom qu’en recueillant auprès de ses guides micmacs, dont il apprit la langue, la signification des toponymes traditionnels.
Les travaux fondamentaux de Howley sur les Béothuks, peuple autochtone de Terre-Neuve qui avait déjà disparu à l’époque, méritent une mention spéciale. Howley commença à s’intéresser à eux au début des années 1870, certainement sous l’influence de ses guides micmacs, qui le renseignaient sur les Béothuks et leurs territoires. Des colons détenant des informations de première main vivaient encore : John Peyton, de Twillingate, par exemple, et son fils Thomas, avaient tous deux connu les femmes béothuks Demasduwit* et Shawnadithit*. En outre, dans le courant de ses tournées, Howley ne manquait pas une occasion d’inspecter, d’étudier et de photographier des sites béothuks, de recueillir des pièces et surtout d’assembler des documents historiques (imprimés et manuscrits) pour sa grande monographie parue en 1915, The Beothucks or Red Indians, qui reste l’ouvrage incontournable sur la question.
Une des fonctions importantes de Howley en tant que directeur de la Geological Survey of Newfoundland consistait bien sûr à conserver, à des fins d’analyse et d’exposition, les spécimens géologiques recueillis sur le terrain. En 1907, le gouvernement de sir Robert Bond* inaugura sur l’emplacement du St John’s Athenæum, détruit dans l’incendie de 1892, un nouvel édifice pour abriter ces objets. Howley, qui avait largement contribué à la création de ce nouveau musée, y transféra sa riche collection d’objets façonnés par des Béothuks. Par ailleurs, en 1910–1911, il organisa et supervisa les stands de Terre-Neuve au « festival de l’Empire » qui se tint au Crystal Palace de Londres.
Tout au long de sa carrière, Howley écrivit et présenta des allocutions sur un large éventail de sujets relatifs à Terre-Neuve. En 1876, il lança le premier manuel sur la colonie, Geography of Newfoundland, à l’intention des écoles du territoire. Périodiquement, il publiait des articles et prononçait des conférences. De plus, il fréquentait assidûment les assemblées de la Royal Geographical Society, de la Smithsonian Institution, de la Société royale du Canada et d’autres organisations scientifiques.
James Patrick Howley conserva sa force et son énergie exceptionnelles jusqu’à la veille de sa mort. Un de ses nécrologues dit qu’il était courtois, aimable, dévoué et que sa vie domestique avait été extrêmement heureuse. Un autre cita ces mots du gouverneur sir Charles Cavendish Boyle : « un homme qui a servi [Terre-Neuve] avec un zèle infatigable ».
Entre 1911 et l’année de son décès, James Patrick Howley a consacré beaucoup de temps à la rédaction de « Reminiscences of forty-two years of exploration and survey in and about Newfoundland, 1868–1911 ». Cet imposant ouvrage, en partie dactylographié et en partie en forme de manuscrit, n’a pas été publié. Il a été confié, pour la préparation d’une édition complète (en cours), aux professeurs W. J. Kirwin et G. M. Story, de la Memorial Univ. of Nfld, à St John’s, par le petit-fils du sujet, David E. Howley, qui habitait St John’s et maintenmant décédé. Un extrait de cet ouvrage a paru sous le titre « J. P. Howley and the Geological Survey of Newfoundland : Reminiscences of 1868 », W. J. Kirwin et G. M. Story, édit., dans Newfoundland Studies (St John’s), 7 (1991) : 172–201.
L’importante étude de Howley intitulée The Beothucks or Red Indians : the aboriginal inhabitants of Newfoundland (Cambridge, Angleterre, 1915), a été réimprimée deux fois : Toronto, 1974, et New York, 1979. Une liste partielle de ses autres publications, y compris ses documents et rapports rédigés à titre professionnel, figure dans Biblio. of Nfld (O’Dea et Alexander). En outre, une longue liste de ses articles a été compilée par le professeur Kirwin dans le cadre de la préparation d’une bibliographie complète des publications de Howley qui paraîtra dans Reminiscences.
PANL, MG 105.— Daily News (St John’s), 2 janv. 1918.— Evening Telegram (St John’s), 2 janv. 1918.— Adelphian ([St John’s]), mars 1918.— DNLB (Cuff et al.).— Encyclopedia of Nfld (Smallwood et al.), particulièrement l’excellent portrait du sujet rédigé par David E. Howley [g. m. s.].— W. J. Kirwin et G. M. Story, « Place naming and the Geological Survey of Newfoundland », Comité permanent canadien des noms géographiques, Canoma (Ottawa), 18 (1992), no 1 : 38–41.— When was that ? (Mosdell).
G. M. Story, « HOWLEY, JAMES PATRICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/howley_james_patrick_14F.html.
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Auteur de l'article: | G. M. Story |
Titre de l'article: | HOWLEY, JAMES PATRICK |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |