HAYES, ISAAC ISRAEL, médecin et explorateur de l’Arctique, né le 5 mars 1832 dans le comté de Chester, Pennsylvanie, fils de Benjamin Hayes et d’Ann Barton, décédé célibataire le 17 décembre 1881 à New York.

Descendant d’une famille de l’Oxfordshire, Angleterre, établie dans le comté de Chester au xviiie siècle, Isaac Israel Hayes fréquenta la Westtown Academy de 1838 à 1848 et, en 1852, devint étudiant à l’University of Pennsylvania, à Philadelphie, où il obtint un doctorat en médecine. Il s’était mis à s’intéresser à l’exploration de l’Arctique et, en mai 1853, il s’offrit comme volontaire pour faire office de chirurgien sous les ordres d’Elisha Kent Kane* à bord du brick Advance, dans la deuxième expédition financée par Henry Grinnell, marchand de New York, à la recherche de sir John Franklin*. Hayes prit la tête du groupe qui découvrit et explora en 1854 la terre de Grinnell (île Ellesmere). Il dirigea aussi un groupe qui tenta sans succès d’atteindre Upernavik, l’établissement inuit le plus près, après que Kane eut été forcé de passer un deuxième hiver dans l’Arctique. Lorsque l’expédition revint à New York en 1855, Hayes avait un pied mutilé à tout jamais. Dans An Arctic boat journey [...], publié en 1860, il donne une description pittoresque des épreuves qu’il avait subies et un excellent compte rendu clinique des diverses formes du scorbut dont étaient morts de nombreux membres de l’équipage.

En juillet 1860, Hayes prit le commandement du schooner United States à Boston en vue d’une autre expédition financée par Grinnell. Il espérait s’approcher du pôle par la mer libre de glaces qu’on trouvait, croyait-il, au nord du 85e parallèle. Les entreprises scientifiques de l’expédition furent toutefois sévèrement compromises par la mort de l’astronome du groupe, August Sonntag, qui entreprit en vain, avec le guide inuit Hans Hendrik, un voyage pour se procurer d’autres chiens, après que leur meute eut été atteinte par une épidémie de rage de l’Arctique. Hayes fit une des premières études cliniques de cette épizootie qu’on n’a pas encore complètement expliquée ; incontestablement une affection du système nerveux central, la rage de l’Arctique produisait un taux élevé de morbidité dans les attelages de chiens, marquée par la perte de la discipline, du sang-froid et de la maîtrise de l’activité motrice mais non par la peur de l’eau. Hayes parvint à compléter l’arpentage de la terre de Grinnell aussi loin que ce qu’il croyait être le 81° 35’ de latitude nord, où il vit la mer libre.

De retour à New York en 1861, Hayes entra dans l’armée de l’Union et dirigea le Satterlee Army Hospital, à West Philadelphia, pendant la guerre de Sécession. Il monta du grade de major à celui de colonel honoraire. Après la démobilisation, il se lança dans l’exploitation d’une compagnie de navigation à New York, abandonnant la pratique de la médecine. Cependant, il conserva l’intérêt qu’il portait à l’Arctique en consacrant beaucoup de temps à écrire et à donner des conférences. En 1867, il publia The open polar sea [...] et, en 1868, Cast away in the cold [...], un livre pour enfants.

Hayes fit une troisième et dernière expédition dans l’Arctique, en 1869, au Groenland, à bord du brick Panther. William Bradford, célèbre peintre de paysages marins et arctiques, qui prit la responsabilité de faire les photographies et les illustrations pendant l’expédition, finança le voyage. Hayes s’occupa des observations géographiques et géologiques, particulièrement de celles du domaine de la glaciologie, et publia en 1871 un compte rendu des découvertes de l’expédition dans The land of desolation [...]. Il présenta aussi des illustrations et des photographies de l’expédition, y compris. celles de Bradford, dans The Arctic regions (Londres, 1873).

Après cette expédition au Groenland, Hayes occupa son temps à donner des conférences, et devint reporter, écrivain à la pige et homme politique. De 1875 jusqu’à sa mort en 1881, il fit partie de la chambre d’Assemblée de l’état de New York comme républicain. Il ne perdit jamais contact avec l’exploration, étant membre actif de l’American Geographical Society (New York) et un étroit collaborateur de son président, Charles Patrick Daly. Il ne fut pas étranger à la décision de la société de commanditer la première expédition que celle-ci envoya dans l’Arctique pour rechercher les registres et le journal de bord du malheureux voyage d’exploration de Franklin. Bien que Hayes plût avoir été déçu de n’être pas choisi pour diriger le voyage, il apporta son plein appui à l’homme désigné, le lieutenant Frederick Schwatka*.

Les réalisations du docteur Hayes dans l’Arctique furent considérables, et il reçut des médailles d’or de la Société de géographie (Paris) et de la Royal Geographical Society (Londres). Bien qu’on ait démontré que ses observations ne sont pas toujours absolument justes quant aux détails, elles se révèlent exactes dans leur portée plus générale et dans leur description des glaciers du Groenland. Partisan de la thèse d’une mer libre de glaces au pôle, Hayes n’était cependant pas seul à commettre cette erreur. Nous savons maintenant que le passage de Kennedy, qu’il avait exploré en 1860, et d’autres parties de l’océan Arctique sont libres de glaces l’hiver à des moments imprévisibles. À partir des données dont ils disposaient, Hayes et d’autres conclurent que l’océan Arctique est toujours libre de glaces près du pôle. Hayes a peut-être accompli son exploit le plus important en explorant, tout comme Kane et Charles Francis Hall*, ce qu’on pourrait appeler le « passage américain » qu’emprunta plus tard Robert Edwin Peary pour atteindre le pôle Nord.

Robert E. Johnson

Isaac Israel Hayes est l’auteur de « Address on Arctic exploration, delivered November 12, 1868 », American Geographical and Statistical Soc., Journal (New York), 2, 2e part. (1870) : 1–31 ; An Arctic boat journey, in the autumn of 1854 (Boston, 1860) ; Cast away in the cold ; an old man’s story of a young man’s adventures, as related by Captain John Hardy, mariner (Boston, [1868]) ; The land of desolation : being a personal narrative of adventure in Greenland (Londres, 1871) ; « Lecture on Arctic explorations », Smithsonian Institution, Annual report (Washington), 1861 : 149–160 ; Observations upon the relations existing between food and the capabilities of men to resist low temperatures (Philadelphie, 1859) ; The open polar sea : a narrative of a voyage of discovery towards the North Pole, in the schooner « United States » (New York, 1867) ; « Physical observations in the Arctic seas [...] », C. A. Schott, édit., Smithsonian Contributions to Knowledge (Washington), 15 (1867), article V ; Pictures of Arctic travel [...] Greenland (New York, [1881]) ; « Remarks », American Geographical Soc. of New York, Journal (New York), 12 (1880) : 258–273 ; et « [Report of Dr Hayes’ Arctic expedition] », American Philosophical Soc., Proc. (Philadelphie), 8 (1861–1862) : 383–393.

American Geographical Soc. (New York), C. P. Daly corr., 1859–1899.— National Arch. (Washington), RG 94, Personal papers of medical officers and physicians prior. to 1912, I. I. Hayes file.— W. H. Gilder, Schwatka’s search ; sledging in the Arctic in quest of the Franklin records (New York, 1881).— E. K. Kane, Arctic explorations : the second Grinnell expedition in search of Sir John Franklin, 1853, ‘54, ‘55 (2 vol., Philadelphie et Londres, 1856).— [Frederick Schwatka], « Address », American Geographical Soc. of New York, Journal, 12 (1880) :246–258.— New-York Tribune, 18 déc. 1881.— DAB.— The national cyclopædia of American biography (57 vol. parus, New York, [et al.], 1892-  ), III : 280.— J. S. Futhey et Gilbert Cope, History of Chester County, Pennsylvania, with genealogical and biographical sketches (Philadelphie, 1881).— [S. C. Harry et al.], Proceedings of the bi-centennial gathering of the descendants of Henry Hayes [...] (West Chester, Pa., 1906).— Arctic Pilot (Londres), III (5e éd., 1959).— G. W. Cullum, « Biographical sketch of Doctor Isaac 1. Hayes », American Geographical Soc. of New York, Journal, 13 (1881) : 110–124.

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Robert E. Johnson, « HAYES, ISAAC ISRAEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hayes_isaac_israel_11F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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