SCHWATKA, FREDERICK, officier, explorateur et auteur, né le 29 septembre 1849 à Galena, Illinois, fils de Frederick G. Schwatka, tonnelier, et d’Amelia Huikill ; le 6 septembre 1882, il épousa Ada Josephine Brackett, et ils eurent une fille ; décédé le 2 novembre 1892 à Portland, Oregon.

En 1859, Frederick Schwatka quitta le Centre-Ouest américain avec sa famille pour s’installer à Salem, dans l’Oregon , où il fréquenta la Willamette University puis travailla comme apprenti chez un imprimeur. Admis en 1867 à la United States Military Academy de West Point, dans l’état de New York, il en sortit quatre ans plus tard lieutenant en second dans le 3rd Cavalry. Tout en combattant à l’occasion dans divers postes de l’Ouest, Schwatka poursuivit des études de médecine et de droit. Admis au barreau du Nebraska en 1875, il obtint son diplôme de médecine du prestigieux Bellevue Hospital Medical College de New York l’année suivante.

Au cours des années 1860, les recherches entreprises par Charles Francis Hall* pour retrouver les survivants de l’expédition de sir John Franklin*, disparue depuis 1845, éveillèrent l’intérêt de Schwatka pour l’Arctique. Hall rapporta en 1869 de nombreuses preuves que personne n’avait survécu ; cependant, aucun document officiel de l’expédition de Franklin n’avait jamais été retrouvé, si ce n’est deux feuillets découverts dix ans plus tôt par le lieutenant William Robert Hobson au cours d’une expédition dirigée par Francis Leopold McClintock*. À la fin des années 1870, le capitaine de baleinier Thomas F. Barry rapporta aux États-Unis une cuiller d’argent trouvée dans l’Arctique, et qui portait les armoiries de Franklin ; il soutenait également que les documents de l’expédition perdue se trouvaient dans un cairn quelque part entre la terre du Roi-Guillaume et la presqu’île de Melville. Pris d’une véritable passion, Schwatka décida de poursuivre les recherches. Ainsi, quand l’American Geographical Society of New York décida, à la requête d’Isaac Israel Hayes*, de parrainer une expédition privée pour retrouver les documents de Franklin, Schwatka offrit de la diriger. Malgré son inexpérience de l’Arctique, on lui en confia le commandement.

Schwatka quitta donc New York le 19 juin 1878 à bord du schooner Eothen, avec le capitaine Barry. Outre Schwatka, l’équipe comprenait William Henry Gilder du New York Herald, Heinrich Wenzl Klutschak, dessinateur et topographe, Frank F. Melms, un voyageur qui connaissait bien l’Arctique, et Ipilkvik (Joe Ebierbing), l’Inuk qui avait servi de guide et d’interprète à Hall ainsi qu’à Allen William Young au cours de leurs expéditions de recherche de Franklin. Après avoir établi un camp de ravitaillement près de la baie Daly (Territoires du Nord-Ouest), Schwatka partit en reconnaissance au milieu de l’hiver, par voie de terre, jusqu’à l’extrémité de la baie Wager. Le 1er avril 1879, accompagné d’une douzaine d’Inuit, le groupe s’en alla en traîneau vers la terre du Roi-Guillaume, en remontant la rivière Lorillard et la pointe de la baie Wager pour descendre la rivière Hayes (découverte par Schwatka, qui lui donna le nom du président des États-Unis). Le groupe revint au camp Daly le 4 mars de l’année suivante après avoir remonté la Grande rivière des Poissons (rivière Back) et la Meadowbank. Il avait parcouru 3 251 milles, soit le plus long trajet connu accompli en traîneau à l’époque. Ayant constaté à leur arrivée que l’Eothen ne les avait pas attendus et n’avait pas laissé de vivres, Schwatka et ses compagnons continuèrent jusqu’à l’île Marble d’où le baleinier George and Mary les ramena à New Bedford, au Massachusetts.

Schwatka n’avait retrouvé qu’un seul document de l’expédition de Franklin, une copie des feuillets rapportés en 1859 par le groupe de McClintock. Les Inuit l’avaient assuré que tous les autres documents avaient été détruits ; la thèse de Barry s’avérait donc sans fondement. L’explorateur avait cependant trouvé divers vestiges de l’expédition de Franklin, y compris une partie de chaloupe, de nombreux boutons et des morceaux de tissu. Il avait découvert et identifié plusieurs tombes, dont celle du lieutenant John Irving, le troisième officier de pont du Terror, et trouvé plusieurs cadavres, auxquels il avait donné une sépulture. Schwatka avait tout de même démontré – et c’est là l’une des conclusions les plus importantes du voyage – que les Blancs pouvaient voyager longtemps dans l’Arctique sans blessure ni maladie grave s’ils adoptaient, comme Hall l’avait fait, les techniques de chasse et les habitudes alimentaires des Inuit, découverte que l’on attribue souvent à un explorateur du xxe siècle, Vilhjalmur Stefansson*. Fait encore plus important toutefois, Schwatka avait conclu qu’il ne restait de l’expédition de Franklin aucun document de nature scientifique.

En 1883, soit l’année suivant son mariage, Schwatka, premier lieutenant depuis 1879, partit en mission de reconnaissance sur le fleuve Yukon pour le compte de l’armée américaine. Il voyageait là encore avec un petit groupe et construisit un radeau pour descendre le fleuve de la source jusqu’à l’embouchure, sur une distance de plus de 1 300 milles, soit le plus long voyage en radeau dont on ait fait mention à cette époque. Il quitta l’armée peu après son retour mais poursuivit ses explorations. Entre 1886 et 1891, il dirigea deux expéditions privées en Alaska et fit trois voyages dans le nord-ouest du Mexique. Il donna maintes conférences sur ses expéditions et publia plusieurs comptes rendus fort populaires de ses observations sur la topographie, la flore et la faune de même que sur les coutumes et techniques de survie des autochtones.

Souffrant vers la fin de sa vie de troubles d’estomac – résultat peut-être de ses excès de table – Frederick Schwatka prit régulièrement du laudanum comme analgésique. Il mourut d’un surdosage le 2 novembre 1892.

Richard C. Davis

Les publications traitant de l’Arctique de Frederick Schwatka comprennent : « Address of Lieutenant Frederick Schwatka », American Geographical Soc. of New York, Journal, 12 (1880) : 246–258 ; « The igloo of the Innuit », Science : an Illustrated Journal (Cambridge, Mass.), 2 (juill.–déc. 1883) : 182–184, 216–218, 259–262, 304–306, 347–349 ; « The implements of the igloo », 4 (juill.–déc. 1884) : 81–85 ; et « The Netschillik Innuits », 543–545 ; le rapport officiel intitulé Report of a military reconnaissance in Alaska, made in 1883, by Frederick Schwatka, publié par É.-U., Army, Dept. of the Columbia (Washington, 1885) ; Along Alaska’s great river ; a popular account of the travels of the Alaska exploring expedition of 1883, along the great Yukon River, front its source to its mouth, in the British Northwest Territory, and in the territory of Alaska (New York, 1885), une édition augmentée a paru sous le titre de A summer in Alaska ; a popular account [...] (Philadelphie, 1891) ; The search for Franklin ; a narrative of the American expedition under Lieutenant Schwatka, 1878 to 1880 (Londres, 1882) ; et une édition moderne de ce dernier récit, The long Arctic search : the narrative of Lieutenant Frederick Schwatka, U.S.A., 1878–1880, seeking the records of the lost Franklin expedition, E. A. Stackpole, édit. (Mystic, Conn., 1965).

American Geographical Soc. of New York, Bull., 24 (1892) : 618–620.— W. H. Gilder, Schwatka’s search : sledging in the Arctic in quest of the Franklin records (New York, 1881).— H. W. Klutschak, Als Eskimo unter den Eskimos ; Eine Schilderung der Erlebnisse der Schwatka’schen Franklin-Aufsuchungs-Expedition in den Jahren 1878–80 (Viennes, 1881) ; traduit sous le titre de Overland to Starvation Cove with the Inuit in search of Franklin, 1878–80, William Barr, trad. et édit. (Toronto, 1987).— New-York Times, 3 nov. 1892.— New-York Tribune, 3 nov. 1892.— DAB.— R. E. Johnson et al., Schwatka : the life of Frederick Schwatka (1849–1892), M.D., Arctic explorer, cavalry officer : a précis (Montpelier, Vt., 1984).— R. E. Johnson, « Doctors afield : Frederick Schwatka – cavalry officer, explorer, physician », New England Journal of Medicine (Boston), 278 (janv.–juin 1968) : 31–35.

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Richard C. Davis, « SCHWATKA, FREDERICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/schwatka_frederick_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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