HARVIE (Harvey), JOHN, chef des trains et du contrôle du trafic dans une société ferroviaire, homme d’affaires et homme politique, né le 12 avril 1833 à Campbeltown, Écosse, fils de John Harvey, malteur, et de Jean Ferguson ; le 1er mai 1861, il épousa à Aurora, Haut-Canada, Eliza Jane Creighton*, et ils eurent un fils et trois filles ; décédé le 5 septembre 1917 à Guelph, Ontario.

John Harvey fit ses études dans une grammar school et commença à travailler dès l’âge de 13 ans, probablement dans une distillerie. Il fut ensuite employé par une ligne de vapeurs et une compagnie de gaz, mais il en eut bientôt assez de Campbeltown ; selon la tradition familiale, l’ivrognerie qui régnait dans la ville l’écœurait. En 1851, il partit pour Toledo, dans l’Ohio, où la famille de sa mère avait des relations. Il entra au service du trafic du Michigan Southern Railroad, mais tomba malade au bout d’un an. Au cours d’un voyage de repos en 1852, il visita Toronto, où un ami de Campbeltown le persuada de rester. À ce moment-là, il avait déjà modifié l’orthographe de son nom de famille.

Au début de 1853, Harvie entra à l’Ontario, Simcoe and Huron Union Railroad Company (la future Northern Railway Company of Canada) à titre de chef de trains de marchandises. Le 16 mai 1853, comme l’Américain engagé pour conduire le premier train de passagers de la compagnie de Toronto à Machell’s Corners (Aurora) ne se présentait pas, le surintendant Alfred Brunel* lui demanda de le remplacer. (Il s’agissait également du premier train à vapeur exploité dans le Haut-Canada.) Ensuite, Harvie continua de conduire des trains. C’est lui qui, le 11 septembre 1860, mena le train spécial du prince de Galles à la baie Géorgienne. Cette excursion marqua sans doute le point culminant de sa carrière de chef de train. Il reçut pour l’occasion un panier en argent orné d’une inscription ; cet objet appartient toujours à sa famille.

Grand, barbu, avec les pommettes hautes et un gros nez, Harvie était toujours en mouvement et menait une vie spartiate. Fidèle observateur du dimanche, abstème et fervent presbytérien, il aimait pourtant la danse et les réceptions. C’est ainsi qu’il fit la connaissance de sa future femme, Eliza Jane Creighton, fille du ministre méthodiste de la région de Newmarket-Aurora. Après le mariage, le couple s’établit à Toronto.

En 1867, Harvie assuma la fonction de chef des trains et du contrôle du trafic à la Northern Railway Company of Canada. Vraisemblablement, pendant la crise économique des années 1870, on le pressa de limiter les coûts. Il ne donna pas entière satisfaction : en 1878, la Northern Railway Company of Canada choisit un nouveau chef d’exploitation et nomma Harvie chef de gare à la nouvelle gare Union de Toronto. Les exigences de ce nouveau poste étaient si lourdes, semble-t-il, qu’il était passablement malade à la fin de la décennie. En 1881, il prit sa retraite.

À la faveur de la reprise économique des années 1880, Harvie se tourna vers l’immobilier et la politique. Il investit surtout dans l’Ontario Industrial Loan and Investment Company Limited, au conseil d’administration de laquelle il appartint à compter de 1882. L’actif de cette société comprenait des propriétés à loyer, des terrains, des hypothèques et le Toronto Arcade, édifice bien connu construit en 1883. Harvie fut conseiller municipal du quartier St Patrick en 1884. L’année suivante, il devint l’un des fiduciaires du Toronto Général Burial Ground Trust. Membre en vue de l’église Knox et depuis 1878 administrateur laïque de l’Upper Canada Bible Society, il était dès 1886 secrétaire permanent du fonds de fiducie. De retour sur la scène politique en 1887, il se classa premier dans le quartier St Patrick et se présenta sans succès sous la bannière réformiste aux élections fédérales dans Toronto Centre. Réélu conseiller municipal en 1888, il ne termina pas son mandat.

Dans les années 1890, la situation financière de Harvie se gâta. La Building and Loan Association, dont il était actionnaire, réduisit ses dividendes à cause du krach immobilier de Winnipeg et, en 1895, l’Ontario Industrial Loan and Investment Company Limited cessa de verser des dividendes. Dans la même période, la vie familiale de Harvie changea aussi. Ses derniers enfants quittèrent la maison (une de ses filles était décédée en 1874) et, en 1896, après avoir occupé durant de nombreuses années des fonctions importantes dans diverses œuvres de bienfaisance, Eliza Jane prit un emploi rémunéré. Elle fut la première des visiteurs engagés par le bureau de John Joseph Kelso*, surintendant provincial de l’enfance abandonnée. Par la suite, les Harvie quittèrent leur maison du chemin Bedford et vécurent dans plusieurs pensions : Eliza Jane passait le plus clair de son temps à voyager et John n’avait aucun goût pour les tâches domestiques.

John Harvie quitta l’Upper Canada Bible Society en 1907, à peu près au moment où sa femme cessa de travailler pour Kelso. Tous deux s’installèrent alors dans un appartement situé dans la maison de leur fille Jean Ferguson et de son mari, Richard A. Donald, dans la chic avenue Balmoral. Harvie resta fiduciaire du cimetière jusqu’au milieu de l’année 1915 mais, après septembre 1916, il fut placé au Homewood Sanitarium pour aliénés, à Guelph, où il mourut en 1917.

Philip Creighton

La biographie qui précède est une adaptation de notre article sur John Harvie paru dans le York Pioneer (Toronto), 81 (1986) : 1–15, rédigé à partir des papiers Harvie conservés dans notre propre collection ainsi qu’à la MTRL, sous la cote BR, et aux City of Toronto Arch., SC 347. On trouve de l’information additionnelle dans l’acte de baptême de Harvie au General Register Office for Scotland, Édimbourg (Campbeltown, registre des naissances et des baptêmes, 15 avril 1833), dans ses certificats de mariage et de décès (AO, RG 80-27-2, 84 : 365 et RG 80-8-0-645, n33714), dans ses papiers de succession (AO, RG 22-305, n34286), et dans F. N. Walker, Four whistles to wood-up : stories of the Northern Railway of Canada ([Toronto], 1953).  [p. c.]

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Philip Creighton, « HARVIE (Harvey), JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/harvie_john_14F.html.

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Auteur de l'article:    Philip Creighton
Titre de l'article:    HARVIE (Harvey), JOHN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    28 novembre 2024