BRUNEL, ALFRED (inscrit comme Alfred Varnell Brunell sur son acte de décès), ingénieur, officier de milice et fonctionnaire, né en 1818 en Angleterre, décédé le 17 avril 1887 à Tivetshall St Margaret, comté de Norfolk, Angleterre.

Employé par la province du Canada à partir de 1844 en qualité d’ingénieur civil, Alfred Brunel collabora à divers travaux publics. En 1851 et 1852, avec Thomas Coltrin Keefer*, il effectua les études préliminaires à la construction du pont Victoria, à Montréal. Nommé par la suite ingénieur adjoint à l’Ontario, Simcoe and Huron Railroad Union Company (après 1858 la Northern Railway Company of Canada), il en fut le surintendant de 1853 à 1856. Durant cette période, il devint également un membre actif du Canadian Institute ; secrétaire de l’organisme en 1852–1853, il siégea au conseil de 1853 à 1855. Il agit à titre d’échevin du quartier St George, à Toronto, de 1857 à 1859 ainsi qu’en 1861–1862, et il occupa le poste d’ingénieur municipal durant deux ans, soit en 1859 et 1860.

Brunel entreprit une seconde carrière lorsqu’il joua un rôle prépondérant dans la mise sur pied du 10e bataillon des Volunteer Militia Rifles, créé à Toronto le 14 mars 1862 ; ce recrutement faisait partie de la mobilisation générale en cours dans les colonies de l’Amérique britannique en raison de la tension marquant les relations entre la Grande-Bretagne et les États-Unis depuis l’affaire du Trent en 1861. Il devint major en 1862 et, quand les Féniens se firent menaçants en 1865, il prit le commandement de son régiment avec le grade de lieutenant-colonel de l’armée active. Il conserva ce rang après avoir quitté le service actif en 1871.

Les responsabilités militaires de Brunel n’entravèrent pas la poursuite d’une troisième carrière dans la fonction publique. Le 28 octobre 1862, il avait été nommé au sein d’une commission royale chargée d’étudier les ports douaniers de la province du Canada, en tenant spécialement compte des ports francs de Gaspé (Québec) et de Sault-Sainte-Marie (Ontario). L’expérience acquise lui permit d’obtenir le poste d’inspecteur des douanes, droits d’accise et canaux en 1863. Ce poste le conduisit tout naturellement, en 1867, à celui de commissaire adjoint du Revenu de l’intérieur dans la nouvelle fonction publique fédérale. Quatre ans plus tard, on le choisit pour le poste de commissaire, ou responsable permanent, charge qu’il conserva jusqu’à sa mise à la retraite en décembre 1882.

Sans être considérable, même par rapport aux normes de l’époque, le département du Revenu de l’intérieur, que Brunel dirigea pendant plus d’une décennie, comprenait une singulière variété de tâches exigeant un personnel dispersé sur un vaste territoire. Les fonctionnaires recueillaient un grand nombre de taxes d’accise de tout genre, ainsi que divers droits et redevances provenant de l’utilisation des ouvrages publics, du mesurage du bois (le bureau du mesureur) et du système de canaux. Les premiers services de protection du consommateur incombèrent également à ce département, notamment l’inspection des aliments et drogues, le contrôle des fournisseurs de gaz et la vérification des poids et mesures utilisés dans le commerce de détail. Appuyé par un personnel administratif restreint, Brunel avait la tâche particulièrement lourde d’assurer l’intégrité de fonctionnaires qui étaient répartis en des endroits très divers et, dans un grand nombre de cas, se déplaçaient sans cesse. Les tableaux statistiques détaillés qui constituent les volumineux rapports annuels de ce département permettent de croire que la formation d’ingénieur de Brunel lui fut très utile durant la période où il eut à diriger et à coordonner ces différents services.

À titre de plus haut fonctionnaire de son département, Brunel fut appelé à témoigner en 1877 devant un comité spécial des Communes chargé d’étudier les relations entre les chefs politiques des départements et les responsables permanents. Il fit savoir au comité qu’il avait été « bien traité par les deux partis politiques » et il affirma : « Lequel est au pouvoir est une question qui me laisse parfaitement indifférent. » Comme on pouvait s’y attendre, il compta parmi les fonctionnaires nommés à la commission royale mise sur pied en 1880 pour mener une étude complète de la fonction publique. De plus, en siégeant d’office à la commission d’examen de la fonction publique et au conseil de vérification, il fit partie du groupe restreint des hauts fonctionnaires permanents qui jouèrent un rôle important, quoique généralement peu connu, en préparant la nouvelle fonction publique du dominion à accomplir les tâches plus exigeantes que le xxe siècle lui réservait.

J. E. Hodgetts

Canada, chambre des Communes, App. to the journals, 1877, app.7 ; Parl., Sessional papers, 1867–1882 (rapports annuels du dép. du Revenu de l’intérieur) ; 1880–1881, X : no 113.— CPC, 1877–1881.— The Colonial Office list [...] (Londres), 1876, 1882.— Dominion annual register, 1880–1883.— Political appointments and judicial bench (N.-O. Coté).— Hodgetts, Pioneer public service.— The Royal Canadian Institute, centennial volume, 1849–1949, W. S. Wallace, édit. (Toronto, 1949).

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J. E. Hodgetts, « BRUNEL, ALFRED (Alfred Varnell Brunell) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/brunel_alfred_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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