HARRIS, JOSEPH HEMINGTON, prêtre de l’Église d’Angleterre et éducateur, né en 1800, fils de Joseph et Cordelia Anne Harris, de Londres, décédé le 25 juin 1881 à Torquay, Devon, Angleterre.

On ne sait pas grand-chose sur les jeunes années de Joseph Hemington Harris, si ce n’est qu’il était issu d’une famille de la classe moyenne et qu’il fit ses premières études aux écoles de Mill Hill et de St Paul, à Londres. En 1817, il entra au St John’s College de Cambridge où il se distingua dans les humanités ; il obtint un baccalauréat ès arts en 1822 et une maîtrise ès arts en 1825. En 1824, il avait été élu fellow du Clare College à Cambridge et ordonné diacre de l’Église d’Angleterre ; il fut élevé à la prêtrise l’année suivante.

En 1829, année où Harris obtint un doctorat en théologie de Lambeth, le lieutenant-gouverneur du Haut-Canada, sir John Colborne*, décida de fonder à York (Toronto), sur le modèle des grandes écoles privées anglaises, une maison d’enseignement qui allait s’appeler Upper Canada College. Il chargea l’un de ses beaux-frères, vice-chancelier de l’University of Oxford, un cousin, professeur au Eton College, et l’ex-principal d’Elizabeth College à Guernesey, où Colborne avait précédemment été en poste, de trouver un candidat en mesure d’assumer les fonctions de principal de la nouvelle institution. Leur choix se porta sur Harris. Acceptant la fonction sans se faire prier, celui-ci arriva dans la colonie à la fin de l’automne de la même année, en vue de se préparer à l’inauguration de l’établissement.

Le collège ouvrit ses portes sous d’heureux auspices le 8 janvier 1830, en accueillant 89 garçons. En la personne de Harris, l’institution avait un éminent érudit comme directeur et professeur d’humanités ; généreusement dotée par le gouvernement provincial d’un terrain de 66 000 acres, elle jouissait de l’appui de la plupart des groupes de la colonie. La seule opposition venait de tories tels que John Strachan* et John Beverley Robinson*, qui voyaient dans le collège un éventuel concurrent du futur University of King’s College, dont la charte avait été obtenue en 1827.

Bien qu’il eût une personnalité froide et réservée, Harris se montra un professeur et un administrateur compétents. Souvent rigide et inflexible dans ses opinions, il comprit vite toutefois que les méthodes pédagogiques utilisées traditionnellement en Angleterre devaient être adaptées aux conditions de la colonie. L’ouverture du King’s College ayant été retardée, il ouvrit une classe de septième dont le programme correspondait à une année de préparation à l’université. À l’intention des garçons que les parents destinaient aux affaires, il institua un « cours partiel » où étaient enseignées des matières commerciales et, notamment, la tenue des livres. En outre, il organisa une maison de pension pour les élèves qui ne pouvaient se rendre quotidiennement au collège.

Sous la direction de Harris, qui demeura en poste jusqu’en 1838, l’Upper Canada College prospéra. Il grandit lentement mais sûrement (quelque 133 élèves s’y trouvaient en 1838), et devint réputé pour l’excellence de ses cours. De plus en plus, cependant, il fut la cible des critiques parce qu’il semblait pourvoir aux besoins de la haute société, qu’il dispensait un programme d’études classiques apparemment étroit et qu’il était trop richement doté. En 1836, Harris fit paraître une brochure intitulée Observations on Upper Canada College, dans laquelle il défendait le collège en tant qu’institution publique, mais cet écrit ne fit pas taire les critiques.

Harris se plongea dans les secteurs d’activité de l’Église d’Angleterre à York. Il célébra les offices, prêcha dans les églises de la ville et de la campagne d’alentour et apporta son concours à la Society for Promoting Christian Knowledge et à la Sunday School Society du diocèse de Québec. Toutefois, l’appui qu’il donna à la York Auxiliary Bible Society l’entraîna dans un nouveau conflit avec John Strachan ; en 1832, celui-ci publia une brochure sur John Henry Hobart, évêque épiscopalien de New York, dans laquelle il reprenait les sévères considérations de celui-ci sur les sociétés bibliques non confessionnelles et condamnait les anglicans qui en faisaient partie. Harris fut amené à écrire une réplique où il justifia l’activité et les fins de ces organismes.

En 1834, Harris perdit sa femme, Charlotte Ann, et, en 1837, il épousa Jane Yonge, belle-sœur de Colborne. En juillet 1837, ébranlé peut-être par les critiques dont le collège continuait d’être l’objet, Harris résigna ses fonctions de principal, cette démission devant prendre effet le 1er avril 1838. Il retourna en Angleterre. En 1845, il devint curate de Cockington, dans le comté de Devon, et, en 1848, il se vit offrir la cure de Tormoham-with-Torquay, où il fut vicar jusqu’en 1879. Il prit sa retraite cette année-là à Torquay, où il mourut en 1881.

J. D. Purdy

Joseph Hemington Harris est l’auteur de A letter to the Hon. & Ven. Archdeacon Strachan in reply to some passages in his « Letter to Dr. Chalmers on the life and character of Bishop Hobart », respecting the principles and effects of the Bible Society (York [Toronto], 1833) ; Observations on Upper Canada College (Toronto, 1836) ; et A sermon, preached at St. James’s Church, York ; on Sunday, March, 17th 1833, in aid of the Sunday School Society, for the Diocese of Quebec [...] (York, s.d.). D’autres ouvrages de Harris sont inventoriés dans le British Museum general catalogue.

AO, Strachan (John) papers, Letterbooks, 1812–1834, 1827–1834.— APC, RG 5, B11, 4.— UTA, A73–0 015/001, Upper Canada, General Board of Education, Minutes, 14 juin 1823–11 mars 1833 (copies aux AO) ; A74–0018, Upper Canada College records.— Doc. hist. of education in U.C. (Hodgins), I : 284–290 ; II : 94–96, 171–174 ; III : 184.— The Town of York, 1815–1834 : a further collection of documents of early Toronto, E. G. Firth, édit. (Toronto, 1966).— Patriot (Toronto), 1834, 1837.— Upper Canada Gazette (York), 1829.— Alumni Cantabrigienses [...], John et J. A. Venn, compil. (2 part. en 10 vol., Cambridge, Angl., 1922–1954), 2e part., III : 255.— Dominion annual register, 1880–1881 : 410s.— The roll of pupils of Upper Canada College, Toronto, January, 1830, to June, 1916, A. H. Young, édit. (Kingston, Ontario, 1917), 54.— Wallace, Macmillan dict., 301.— A history of Upper Canada College, 1829–1892 ; with contributions by old Upper Canada College boys, lists of head-boys, exhibitioners, university scholars and medallists, and a roll of the school, George Dickson et G. M. Adam, compil. (Toronto, 1893), 25–30, 50–64.— R. B. Howard, Upper Canada College, 1829–1979 : Colborne’s legacy (Toronto, 1979).

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J. D. Purdy, « HARRIS, JOSEPH HEMINGTON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/harris_joseph_hemington_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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