GUYOTTE, ÉTIENNE, prêtre, sulpicien, missionnaire à Lachine et à Sorel, curé de Notre-Dame de Montréal, supérieur ecclésiastique des sœurs de la congrégation de Notre-Dame ; né entre 1639 et 1644 à Gray, petite ville située à quelque 30 milles de Besançon, et décédé soit à Paris, soit à Bourges, en 1701.
Guyotte entra dans la Compagnie de Saint-Sulpice le 10 mars 1674 et partit pour la Nouvelle-France l’année suivante. Il dispensa son ministère pendant trois ans dans les missions voisines de Lachine et du fort de la Présentation. Même si l’on considérait Lachine trop peu peuplé pour y garder un prêtre en résidence, Guyotte réussit à y ériger une chapelle en 1676. L’année suivante, il se trouva impliqué dans un différend avec un important marchand de Lachine, François Lenoir, dit Rolland, qui faisait la traite de l’eau-de-vie avec les Indiens et encourageait ainsi leur ivrognerie. Mgr François de Laval ayant frappé Rolland d’interdit pour son négoce, Guyotte exclut le marchand des cérémonies religieuses et quand Rolland se présenta à l’église pour assister à la messe, Guyotte ordonna au bedeau de l’expulser de l’église.
Guyotte fut rappelé en France en 1678 pour exercer son ministère dans le diocèse de Besançon. Il quitta la Nouvelle-France en octobre avec François Le Fevre, bien décidé à y revenir ; en mai 1682, il était à La Rochelle prêt à s’embarquer pour la colonie. En octobre de la même année, on le nomma curé de Notre-Dame de Montréal ; l’école paroissiale relevait de sa charge, mais en 1685, comme on manquait de prêtres pour assurer un enseignement adéquat, l’école fut cédée à la fabrique de Notre-Dame.
De décembre 1686 à juillet 1687, Guyotte exerça son ministère à la mission de Sorel et, de 1687 à 1692, il assuma la charge de supérieur ecclésiastique des sœurs de la congrégation de Notre-Dame. Aux environs de 1690, il était devenu une source de soucis pour ses supérieurs : en plus de blesser les gens par son arrogance et son irritabilité, il tenait absolument à réprimander du haut de la chaire tel ou tel de ses paroissiens. Il refusa publiquement la communion à une femme poudrée et parée de bijoux au lieu de lui faire des remontrances dans l’isolement du confessionnal. Il refusa aussi l’absolution à certaines femmes qu’il accusait de sorcellerie. Louis Tronson, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice à Paris, se vit forcé de le rappeler en France en 1693.
Guyotte passa l’année 1694 à Gray. Au début de 1695 il fit des démarches auprès de M. Tronson afin d’obtenir une nouvelle affectation en Nouvelle-France mais, dans l’intérêt de tous, le supérieur la lui refusa, en dépit de pétitions réclamant son retour, qui avaient été adressées à François Dollier de Casson, à Mgr de Saint-Vallier [La Croix] et au séminaire de Paris. Cette dernière pétition portait la signature de 40 personnes dont celle du marchand Jacques Le Ber. Ultérieurement on étudia la possibilité d’assigner Guyotte à l’un ou l’autre des différents séminaires et finalement il fut envoyé à Bourges pour desservir la paroisse qui dépendait du séminaire.
Même si on lui refusa la permission de retourner en Nouvelle-France comme prêtre sulpicien, il demeura fidèle à sa vocation et à son ordre et déclina l’offre des frères Hospitaliers de la Croix qui voulaient lui confier la direction de l’hôpital de Montréal. Il mourut subitement, au cours d’un sermon, en 1701.
ASSM, Biographies : Étienne Guyotte ; Biographies : Pierre Rémy ; Correspondance générale, 2e partie, lettres de M. Tronson, I : 42 ; II : 156 ; III : 196, 256 ; V :— 101.— Henri Gauthier, Sulpitiana (Montréal, 1926),214s.
C. J. Russ, « GUYOTTE, ÉTIENNE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/guyotte_etienne_2F.html.
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Auteur de l'article: | C. J. Russ |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |