GUNN, DONALD, éducateur, homme de science, historien et homme politique, né à Halkirk dans le Caithnesshire, Écosse, en septembre 1797, fils cadet de William Gunn, tenancier dans la vallée de Braeholme, décédé à St Andrews, Man., le 30 novembre 1878.
Donald Gunn fit ses études à l’école paroissiale de Halkirk. En 1813, il entra au service de la Hudson’s Bay Company et, pendant dix ans, il passa successivement à York Factory, à Severn Fort puis à Oxford House, obtenant de l’avancement jusqu’à la charge de maître auxiliaire des postes. En 1819, il épousa Margaret, fille aînée de James Swain, un officier de la compagnie. De cette union, naquirent sept fils et deux filles entre 1822 et 1849. En 1823, ses services n’ayant pas été requis après la fusion de la Hudson’s Bay Company et de la North West Company, il s’installa dans la Rivière-Rouge à « Little Britain » qui devint plus tard la paroisse de St Andrews. Sa ferme prospéra et, après dix ans, grâce à l’aide de sa famille qui grandissait, il put s’occuper de l’école paroissiale de la Church Missionary Society ; il devait le faire pendant 18 ans. Plus tard, il fut aussi bibliothécaire et garda dans sa solide maison de pierre la seule bibliothèque publique de la Rivière-Rouge.
Parce qu’il critiqua la compagnie et fut le leader des colons qui revendiquaient une plus grande autonomie, Gunn ne fut jamais nommé au Conseil d’Assiniboia. Cependant, il devint très tôt magistrat et président du tribunal des juges de paix de son district. Il fut président du jury au procès de Pierre-Guillaume Sayer en 1849. En 1870, les habitants de St Andrews en firent leur représentant à l’assemblée provisoire, bien qu’il fût partisan de l’entrée du Nord-Ouest dans la Confédération. Les Gunn semblent avoir entretenu des rapports amicaux avec John Christian Schultz* et sa femme. Après la formation de la province du Manitoba, Gunn fut nommé magistrat de police, juge de paix, maître des postes et inspecteur des pêcheries. Le 10 mars 1871, il devint membre du Conseil législatif du Manitoba et il le resta jusqu’à la suppression du conseil de 1876, suppression qu’il appuya, d’ailleurs.
Gunn joua un rôle important non seulement dans les affaires publiques mais aussi dans la vie culturelle et intellectuelle de la Rivière-Rouge. Il était un franc adversaire de la Hudson’s Bay Company et un des chefs laïcs de l’Église presbytérienne. Il fut donc impliqué dans de fréquentes controverses avec les autorités de la colonie, mais il sut mériter cependant le respect de la majorité et l’estime personnelle de plusieurs. Il fut membre du conseil de l’Institute of Rupert’s Land en 1862. Il expérimenta de nouvelles méthodes de culture et de nouvelles espèces de blé, manifestant ainsi son intérêt pour l’histoire naturelle, intérêt qui le conduisit à de longues relations avec la Smithsonian Institution, dont il fut l’un des premiers correspondants météorologiques. Le secrétaire de l’institution lui rendit hommage pour l’exactitude de ses observations météorologiques et pour l’importance de ses contributions dans presque toutes les branches de l’histoire naturelle, de l’archéologie et de l’ethnologie. En 1866, il explora, au profit de la Smithsonian Institution, la région située à l’ouest du lac Winnipeg pour recueillir des peaux et des œufs d’oiseaux « plusieurs de ces derniers étant jusqu’alors totalement inconnus dans les musées ».
Gunn dispute à Alexander Ross* le titre de père de l’histoire des prairies de l’Ouest canadien. En tant qu’historien, il avait comme premier souci de fournir à ses lecteurs tous les renseignements disponibles. En même temps, il ne négligeait en aucune façon le devoir qu’a l’historien de procéder à une évaluation critique de ses sources. Témoin oculaire de la plupart des événements décrits dans son History of Manitoba publiée à titre posthume, il était conscient du danger qu’il y a de « s’appuyer sur les arguments spécieux des autres pour connaître les événements du passé ». Bien que son histoire du Manitoba consiste essentiellement en une narration des faits, Gunn ne put éviter les problèmes d’interprétation. De toute évidence, ses sympathies allaient aux colons plutôt qu’à la Hudson’s Bay Company. Il était un presbytérien convaincu et conseiller presbytéral de sa congrégation ; ses vues religieuses ne manquaient pas de libéralisme bien qu’il eût souvent critiqué les clergés anglican et catholique de la colonie. Son attitude envers ceux qu’il considérait comme les représentants d’un ordre injuste, de lord Selkirk [Douglas*] à l’évêque David Anderson*, était teintée d’une aigreur qui, en aucune façon, n’était caractéristique des relations que cet homme cordial et plein d’humour entretenait avec les autres.
Annual report of the Smithsonian Institution, 1878 (Washington), 63s.— Donald Gunn, Indian remains near Red River settlement, Hudson’s bay territory, Annual report of the Smithsonian Institution, 1867 (Washington), 399s. ; Notes of an egging expedition to Shoal lake, west of lake Winnipeg, made under the direction of the Smithsonian institution in 1867, by Donald Gunn [...], Annual report of the Smithsonian Institution, 1867 (Washington), 427–432.— Donald Gunn et C. R. Tuttle, History of Manitoba from the earliest settlement to 1835 by the late Hon. Donald Gunn, and from the admission of the province into the Dominion by Charles R. Tuttle (Ottawa, 1880).— Begg, Hist. of North-West, I : 393ss., 450 ; II : 35.— Morton, Manitoba, a history (1967).
L. G. Thomas, « GUNN, DONALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gunn_donald_10F.html.
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Auteur de l'article: | L. G. Thomas |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
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