GUILLIMIN, MARIE-FRANÇOISE, dite de Saint-Antoine, ursuline, supérieure du monastère de Trois-Rivières, née à Québec le 10 janvier 1720, fille de Charles Guillimin* et de Françoise Lemaître-Lamorille, décédée à Trois-Rivières en mars 1789.
Marie-Françoise Guillimin entra au noviciat des ursulines de Trois-Rivières le 8 avril 1735 et prononça ses vœux perpétuels deux ans plus tard. Puis elle remplit à peu près toutes les tâches auxquelles devaient s’astreindre les religieuses, qui se dévouaient à l’enseignement des enfants et au soin des malades.
En mai 1752, un désastreux incendie détruisit le monastère et 45 maisons de Trois-Rivières. Les ursulines durent passer les 18 mois suivants dans la maison des récollets, tandis que ces derniers acceptaient l’hospitalité d’un beau-frère de Marguerite-Renée de la Croix, supérieure des ursulines et fille de René Godefroy* de Tonnancour. Au printemps de l’année qui suivit ce sinistre, Mgr de Pontbriand [Dubreil*] vint lui-même diriger les travaux de reconstruction du monastère-hôpital. Selon une lettre écrite à l’époque à son frère, le comte de Nevet, il dut pendant six mois « prévoir ce qu’il faut faire sans cesse sur les chantiers pour faire travailler [son] monde », et il ajoute : « Je suis devenu d’évêque, menuisier, charpentier, manœuvre. » Faute de documents il est difficile de décrire la situation financière des religieuses durant les années qui suivirent l’incendie, mais on peut facilement penser qu’elle devait être pénible à cause des emprunts que les ursulines avaient dû contracter. Marie-Françoise de Saint-Antoine, à qui on avait confié la charge d’économe depuis 1754, déploya de grandes qualités d’organisatrice pour remettre le monastère et l’hôpital sur des bases solides, encouragée par Mgr de Pontbriand qui continuait à s’intéresser au sort des ursulines de Trois-Rivières.
En 1765, Marie-Françoise de Saint-Antoine fut nommée supérieure de la communauté pour un mandat de trois ans. Elle fut rappelée à ce poste dès janvier 1769 afin de remplacer Marie-Geneviève Godefroy de Tonnancour, dite de Sainte-Hélène, qui avait dû démissionner pour raison de santé. Lors de l’invasion américaine de 1775–1776, Marie-Françoise de Saint-Antoine était directrice de l’hôpital, assistée d’une autre Québécoise de naissance, Marie-Josephte Paquet, dite de la Nativité. L’annaliste des ursulines écrit : « tous les soldats bostonnais souffraient de la privation des choses les plus nécessaires ; [...] ils étaient réduits à la misère de l’indigence ; ils vivaient en grande partie d’aumônes dans notre ville, et un nombre considérable d’entre eux étaient à notre hôpital depuis plusieurs mois ». Les billets promissoires signés par les commandants militaires pour payer les soins donnés aux blessés ne furent pas honorés et « ils n’ont jamais valu que le papier sur lequel ils [furent] primés ». Quelques historiens ont laissé entendre que les religieuses avaient fait pression, dans les débuts, pour se faire rembourser. En réalité, elles avaient confié ce mandat au notaire Jean-Baptiste Badeaux, et c’est dans le greffe de ce dernier que se trouve la liste des redevances, signée par l’économe de l’époque, Marie-Josephte de la Nativité, et authentifiée par le commandant de l’armée américaine, le colonel William Goforth, le 12 mars 1776. La dette des Américains envers les ursulines s’élevait, selon le document, à « £26 36 shillings [cours d’Halifax] ».
Marie-Françoise de Saint-Antoine fut à nouveau appelée à diriger la communauté de 1778 à 1784 et de 1787 jusqu’à sa mort, en mars 1789. Elle fut inhumée au cimetière des ursulines.
ANQ-MBF, Greffe de J.-B. Badeaux, 10 sept. 1792.— ANQ-Q, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Québec, 10 janv. 1720.— Archives des ursulines de Trois-Rivières, Annales.— [J.-B. Badeaux], Journal des opérations de l’armée américaine lors de l’invasion du Canada en 1775–76 [...], Revue canadienne (Montréal), VII (1870) : 186–202, 267–276, 329–345.— Hervé Biron, Grandeurs et misères de l’Église trifluvienne (1615–1947) (Trois-Rivières, 1947).— A.-H. Gosselin, L’Église du Canada jusqu’à la Conquête, III : 183s., 188–193.— Jouve, Les franciscains et le Canada : aux Trois-Rivières.— Les ursulines des Trois-Rivières depuis leur établissement jusqu’à nos jours (4 vol., Trois-Rivières, 1888–1911), I.— Raymond Douville, La dette des États-Unis envers les ursulines de Trois-Rivières, Cahiers des Dix, 22 (1957) : 137–162.
Raymond Douville, « GUILLIMIN, MARIE-FRANÇOISE, dite de Saint-Antoine », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/guillimin_marie_francoise_4F.html.
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Auteur de l'article: | Raymond Douville |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |