GUILLIMIN (Guillimen), GUILLAUME, fonctionnaire, marchand, lieutenant général de l’Amirauté de Québec et avocat, né le 13 juillet 1713 à Québec, fils de Charles Guillimin* et de Françoise Lemaître-Lamorille, décédé le 30 juillet 1771 à Québec.

Charles Guillimin, le père de Guillaume, était un important marchand de la Nouvelle-France, dont la carrière dans le domaine des affaires connut des hauts et des bas, pour se terminer dans l’indigence et dans un flot de requêtes à la cour en vue d’obtenir une aide financière pour lui-même et pour sa famille. Une de ces requêtes, datée de 1735, demandait que Guillaume devînt écrivain dans l’administration civile de la Nouvelle-France, mais Maurepas, ministre de la Marine, la rejeta. À la mort de Charles Guillimin, en 1739, Maurepas se laissa toutefois attendrir quelque peu. Reconnaissant, à la suite de l’intendant Hocquart, que l’instabilité financière du gouvernement avait causé en partie les malheurs de Guillimin, père, il offrit de faire quelque chose pour sa famille. Hocquart, qui depuis son arrivée au Canada rêvait d’améliorer la compétence juridique des membres du Conseil supérieur, fit remarquer que, depuis 1736, Guillimin, fils, étudiait le droit sous la direction du procureur général Louis-Guillaume Verrier* et que, malgré son jeune âge qui l’empêchait d’être nommé conseiller, il pourrait devenir conseiller assesseur pour une période de probation, avec l’espoir d’accéder un jour au conseil, advenant une vacance. Après quelques hésitations de la part du gouverneur général Beauharnois* qui, à cette époque, se querellait avec Hocquart au sujet de plusieurs nominations dans leurs sphères d’influence respectives, Guillimin fut nommé conseiller assesseur – le premier à détenir cette fonction en Nouvelle-France – sans salaire, le 20 septembre 1741. Le 25 mars 1744, il devint conseiller. Comme il épousa Marie-Geneviève, fille du conseiller François Foucault*, en mai 1744, il dut obtenir du roi des lettres de dispense d’alliance avant d’être assuré de son poste, ce qu’on lui accorda le 28 avril 1745.

Guillimin servit le conseil avec compétence pendant huit années, au cours desquelles Beauharnois et Hocquart l’employèrent également à d’autres tâches. Par exemple, il siégea comme membre du conseil consultatif non officiel de Hocquart, qui assistait l’intendant dans les moments de crise. En 1746, pendant la guerre de la Succession d’Autriche, il servit à titre de commissaire dans le corps expéditionnaire de 700 hommes qui, sous les ordres de Jean-Baptiste-Nicolas-Roch de Ramezay, fit campagne en Acadie. Il réquisitionna les vivres et le matériel nécessaires à l’expédition et, en juin, il s’embarqua pour l’Acadie avec la troupe de Ramezay. De retour à Québec, plus tard cette même année, il continua d’approvisionner l’armée en produits agricoles, à titre d’entrepreneur à son propre compte. C’était là l’activité la plus profitable aux marchands canadiens en temps de guerre.

En 1752, Guillimin renonça à son poste de conseiller pour devenir lieutenant général de l’Amirauté de Québéc, poste plus lucratif que le premier. Cinq ans plus tard, le 24 avril 1757, il succéda à Nicolas-Gaspard Boucault* comme lieutenant particulier de la Prévôté de Québec. Il n’était pas inhabituel de cumuler les deux fonctions, et il les conserva toutes deux jusqu’à la Conquête. Ce dramatique événement le mit dans une position précaire. Comme fonctionnaire canadien, il n’avait guère de chance d’obtenir un poste convenable en France ; n’ayant pas le choix, il devait tenter de se frayer une voie sous un régime nouveau et étranger. Il réussit à faire le passage de l’ancienne administration à la nouvelle et, le 14 mars 1765, il obtenait du gouverneur Murray une licence d’attorney et d’avocat à la Cour des plaids communs. C’est ainsi que, le 9 juillet 1766, jour de la signature de sa commission, il devint le premier avocat du Canada français. Il reçut aussi une commission de notaire, mais il semble avoir peu travaillé en cette qualité, son minutier ne comptant que quelques pièces. À l’époque de sa mort, en 1771, il avait préparé la voie aux trois de ses dix enfants qui avaient atteint la maturité, de façon qu’ils puissent vivre confortablement dans la colonie, devenue britannique. Sa deuxième fille épousa James McGill*, un Montréalais éminent d’origine écossaise, fondateur de l’université qui porte son nom. Le succès de Guillimin dans les professions libérales après la Conquête préfigure peut-être le rôle que joueraient certains Canadiens français ambitieux dans les décennies suivantes.

Donald J. Horton

AN, Col., B, 70, f.78 ; 72, ff.2–2v., 275 ; 73, ff.33, 69–69v. ; 78, f.140 ; C11A, 73, f.8 ; 75, f.260 ; 81/1, f.14 ; F3, 14, f.38.— P.-G. Roy, La famille Guillimin, BRH, XXIII (1917) : 129–139.

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Donald J. Horton, « GUILLIMIN (Guillimen), GUILLAUME », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/guillimin_guillaume_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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