GRANT, COLIN P., prêtre catholique, né vers 1784 à Glen Moriston, Écosse, fils de Duncan Grant et de Helena Chisholm ; décédé le 31 mars 1839 à Malignant Cove, Nouvelle-Écosse.

Colin P. Grant naquit d’un père presbytérien et d’une mère catholique. Excellent cavalier, il pensa d’abord entrer dans l’armée, mais la famille de sa mère le persuada de se diriger vers la prêtrise. Il fit ses études théologiques au College of Killechiarain, à Lismore, en Écosse, et son cousin, l’évêque John Chisholm, l’y ordonna le 17 avril 1808, jour de Pâques, en même temps qu’Alexander MacDonell, qui allait œuvrer lui aussi en Nouvelle-Écosse. Par la suite, Grant fut missionnaire dans les Highlands pendant dix ans. En 1818, peut-être en réponse à l’une des nombreuses demandes de prêtres pour l’Amérique du Nord britannique, il partit pour le Haut-Canada. Son intention était d’aller servir sous l’autorité d’un ecclésiastique bien connu, Alexander McDonell, Highlander comme lui et vicaire général du Haut-Canada.

Grant arriva en Nouvelle-Écosse en août 1818, et Mgr Edmund Burke* le pria d’aller desservir temporairement Arisaig et Antigonish. L’évêque avait besoin de lui auprès des Highlanders du nord-est de la province, sans prêtre depuis la mort de William Chisholm. En 1819, Grant reçut de l’évêque de Québec, Mgr Joseph-Octave Plessis*, ainsi que de l’abbé McDonell l’autorisation d’œuvrer en Nouvelle-Écosse et, la même année, il fut incardiné dans le nouveau vicariat. Après avoir exercé son ministère à Antigonish et dans les environs pendant près d’un an, il partit pour Arisaig, à une vingtaine de milles au nord, où il travailla à titre de missionnaire durant environ 11 ans.

D’Arisaig, Grant couvrait tout le territoire en bordure du golfe et, en plus, il desservit la région de Pictou durant quelque temps. Comme il s’intéressait vivement à l’éducation, il ouvrit entre les années 1819 et 1828 un certain nombre d’écoles élémentaires, dont une à Arisaig, une à McCara’s Brook (McArras Brook) et une autre à Cape St George (Cape George). Il fit agrandir l’église d’Arisaig, et aurait aussi fait construire une petite chapelle à North Side Cape George (Morar), sur les bords du golfe.

Grant jouissait d’une excellente constitution, mais le poids de la tâche pastorale dans une région aussi étendue usa sa santé, si bien qu’en 1828, il demanda qu’on le remplace. Louangé de tous comme missionnaire, il comptait de nombreux amis parmi les presbytériens d’origine écossaise, qui appréciaient sa bonté et sa compassion. Il était très ami avec le célèbre barde gaélique Iain MacGhillEathain, un presbytérien à qui il aurait offert un jour une tabatière qui contenait non seulement du tabac à priser mais aussi cinq livres d’or. En février 1829, Grant résigna sa charge pour raison de santé ; il acceptait toutefois de répondre aux appels importants jusqu’à l’arrivée de son remplaçant. Comme les demandes de pasteurs affluaient à l’évêché en provenance de tout l’est de la Nouvelle-Écosse, ce ne fut pas avant octobre 1830 que Mgr William Fraser* put nommer son successeur, William Bernard MacLeod, premier prêtre originaire de ce qui est aujourd’hui le diocèse d’Antigonish.

Une fois à la retraite, Grant acheta une petite ferme à Malignant Cove, près d’Arisaig. Quoique très pauvre, il ne reçut jamais d’aide de ses voisins, qui craignaient de blesser sa fierté. Ses dernières années furent donc plutôt tristes ; affligé d’une santé précaire et réduit à la pauvreté, il dut par surcroît subir le désagrément d’un court emprisonnement pour dettes en 1838. Il mourut le 31 mars 1839 dans sa trente-et-unième année de prêtrise, et on l’enterra dans le vieux cimetière de Lower South River. On déposa sur sa sépulture une dalle non polie qui ne portait aucune inscription. Longtemps après sa mort, on organisa une souscription dans le but d’ériger sur sa tombe un monument convenable, ce qui fut fait avant décembre 1887.

Colin P. Grant fut l’un des nombreux prêtres qui vinrent des Highlands à la fin du xviiie et au début du xixe siècle pour œuvrer en Nouvelle-Écosse. C’est grâce aux efforts de missionnaires comme lui que le nord-est de la Nouvelle-Écosse est devenu un bastion du catholicisme en Amérique du Nord britannique.

Raymond A. MacLean

AAQ, 312 CN, VI : 136a (copie aux Arch. of the Diocese of Antigonish, N.-É.).— Arch. of Scots College (Pontifical)(Rome), Vicars Apostolic, William Fraser à Angus MacDonald, 8 oct. 1828 (copie aux Arch. of the Diocese of Antigonish).— Arch. of the Diocese of Antigonish, Files of the diocesan historian, A. A. Johnston, manuscript sketches, no105 (C. P. Grant).— PANS, MG 100, 103, no 34.— Colonial Patriot, 28 mars 1828.— Filidh na coille : dain agus orain leis a bhaird Mac-Gillean, agus le Feadhainn Eile [...], A. MacL. Sinclair, édit. (Charlottetown, 1901), 12, 103.— A. A. Johnston, A history of the Catholic Church in eastern Nova Scotia (2 vol., Antigonish, 1960–1971).— Ronald McDonald, The earliest Highland Catholic mission in Nova Scotia : a sermon preached at the dedication of the Church of St. Margaret’s, Arisaig, July 16th, 1878 (Pictou, N.-É., 1878), 10.— [Sagart Arisaig (Ronald MacGillivray)], History of Antigonish, R. A. MacLean, édit. (2 vol., [Antigonish], 1976), 2 : 64.— Casket (Antigonish), 8 déc. 1887 : 2.— C. S. MacDonald, « Early Highland emigration to Nova Scotia and Prince Edward Island from 1770–1853 », N.S. Hist. Soc., Coll., 23 (1936) : 41–48 ; « West Highland emigrants in eastern Nova Scotia », 32 (1959) : 1–30.— Sagart Arisaig [Ronald MacGillivray], « History of Antigonish, ch.XIV », Casket, 15 oct. 1891 : 2.

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Raymond A. MacLean, « GRANT, COLIN P. », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/grant_colin_p_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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