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GOULET, ELZÉAR, postillon, membre de la cour martiale qui condamna Thomas Scott, né en 1836 à Saint-Boniface, dans la colonie de la Rivière-Rouge, fils d’Alexis Goulet et de Josephte Siveright ; il se noya le 13 septembre 1870 dans la rivière Rouge à Winnipeg, Manitoba.

Elzéar Goulet était un descendant des voyageurs canadiens qui étaient venus dans l’Ouest avec Pierre Gaultier* de Varennes et de La Vérendrye et ses fils. Sa mère était la fille de John Siveright*, agent de la Hudson’s Bay Company au fort Pelly, Rupert’s Land. Deux de ses frères aînés jouèrent un rôle important dans les affaires politiques du Manitoba à ses débuts.

Goulet reçut une instruction rudimentaire à Saint-Boniface. En 1859, il épousa à Pembina, territoire du Dakota, Hélène Jérôme, dit Saint-Matte, orpheline élevée sous la tutelle de son oncle Joseph Rolette*, marchand pionnier, transporteur de marchandises et homme politique de Pembina. Elzéar et Hélène Goulet eurent six enfants. De 1860 à 1869, Goulet effectua le transport du courrier entre Pembina et Upper Fort Garry (Winnipeg). C’est pendant cette période qu’il devint citoyen américain.

En 1869, Goulet rejoignit les troupes de Louis Riel* à Upper Fort Garry et devint commandant en second de la troupe de Métis irrégulière commandée par Ambroise-Dydime Lépine*. Le 3 mars 1870, avec Lépine, Janvier Ritchot, André Nault*, Joseph Delorme, Elzéar Lagimodière et Jean-Baptiste Lépine*, il fut membre de la cour martiale chargée de juger Thomas Scott qui était accusé de trahison contre le gouvernement provisoire. Goulet était d’avis que la cour appliquât la peine de mort. Le 4 mars, avec André Nault, il servit d’escorte à Scott lorsque ce dernier fut emmené d’Upper Fort Garry et fusillé par un peloton d’exécution composé de Métis.

Le 13 septembre 1870, Goulet fut reconnu dans le village de Winnipeg par un membre de la faction canadienne qui avait été prisonnier de Riel sous le gouvernement provisoire. Cet homme, dont il est impossible de déterminer l’identité, ainsi que deux membres du corps expéditionnaire de Garnet Joseph Wolseley*, poursuivirent Goulet dans le but apparent de l’arrêter pour complicité dans la mort de Scott. Goulet s’enfuit à pied vers la rivière Rouge et essaya de parvenir en lieu sûr à Saint-Boniface en traversant la rivière à la nage. Dans leur dépit, ses poursuivants lui jetèrent des pierres, dont une le frappa à la tête et l’assomma, et Goulet se noya. Lorsqu’on retrouva le corps le lendemain, il portait la trace d’un coup à la tête.

La noyade de Goulet survint dans le mois qui suivit l’arrivée du corps expéditionnaire de Wolseley à la Rivière-Rouge, et exactement 11 jours après l’arrivée du premier lieutenant-gouverneur du Manitoba, sir Adams George Archibald*. Le coroner Curtis James Bird*, qui avait occupé cette fonction sous le Conseil d’Assiniboia, était absent. Archibald désigna deux magistrats de la Hudson’s Bay Company, Salomon Hamelin et Robert McBeath*, pour mener une enquête avec l’aide de Henri-Jean McConville, avocat récemment arrivé de Montréal. Des citations à comparaître furent émises et on entendit 20 témoins. L’un des partisans de John Christian Schultz* et l’un des soldats de Wolseley furent identifiés comme ayant participé à la poursuite de Goulet, et on prépara des mandats d’arrêt contre eux. Les arrestations n’eurent cependant pas lieu.

À l’époque de la mort de Goulet, la Rivière-Rouge vivait des moments agités. Pendant la même période, un autre Métis et un Américain irlandais furent tués, et deux autres hommes, dont André Nault, se firent rouer de coups par des assaillants non identifiés. Tous ces actes voulaient venger la mort de Scott et aucune mesure officielle ne fut prise pour punir les coupables, par crainte, semble-t-il, de provoquer un soulèvement général. Les membres de la faction canadienne qui préconisaient l’annexion au Canada étaient mécontents de ce qu’ils considéraient comme la trahison de Riel et de ses partisans pendant l’année précédente, tandis que les Métis et autres natifs de la Rivière-Rouge pensaient qu’ils avaient raison de résister à l’agression du Canada, et prenaient en très mauvaise part le bannissement de Louis Riel et de ceux qui avaient obligé le Canada à négocier le transfert des territoires de Rupert’s Land. Le gouvernement d’Ottawa fut informé des détails de la mort de Goulet mais il laissa apparemment le soin de régler cette affaire aux autorités locales qui s’y montraient peu disposées.

A. Jackson

PAM, MG 3, D1 ; MG 5, B2.— Canada, Sessional papers, 1871, 3, no 5 ; 5, no 20.— Globe, 3 oct. 1870.— Manitoba Free Press (Winnipeg), 3 août 1911.— Winnipeg Telegram, 18 juill. 1911.— Morice, Dict. historique des Canadiens et Métis, 127s.— Dom [J.-P.-A.] Benoit, Vie de Mgr Taché, archevêque de Saint-Boniface (2 vol., Montréal, 1904), II : 85–126.— R. B. Hill, Manitoba ; history of its early settlement, development and resources (Toronto, 1890).— Stanley, Louis Riel.— L.-A. Prud’homme, La famille Goulet, SRC Mémoires, 3e sér., XXIX (1935), sect. i : 23–41.

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A. Jackson, « GOULET, ELZÉAR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/goulet_elzear_9F.html.

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Auteur de l'article:    A. Jackson
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    28 novembre 2024